Il a ouvert sa valise, y a jeté pêle-mêle quelques effets, mis la clé sous la porte, après l'avoir bien verrouillée, n'a pas daigné jeter, un seul regard autour de lui, par regret, ou pour anticiper sa nostalgie, a appelé un taxi : direction l'aéroport, vérifiant du bout des doigts, son billet dans sa poche, son passeport, brandi de l'autre main, au policier en faction, avant de respirer un grand coup, enfin assis sur son siège non-fumeur. Il est en partance, il ne reviendra plus. C'est plus que « la mer allée, avec le soleil... ». Pardon! Il ne s'est pas présenté. Lui le 14 janvier, il s'est fait trop discret, a noyé quelques poissons, s'est ravisé ; a parlé pour ne rien dire, n'a pas implosé le silence, mais là il n'en peut mais! Voilà que Rachid Ammar en rajoute une couche. Perdue: une occasion de se taire est toujours d'or... Jusqu'à la saison suprême. Il n'y aura pas de raisin muscat. Trop tôt. Ou trop tard... Il y a un lot de consolation. Tout de même. Le Beaujolais nouveau est arrivé. Il s'y maintient: dur comme fer. S'il faut qu'il change d'identité, un nom d'empreint ce n'est pas de refus. Ça lui fera des vacances. Le temps de se faire oublier. Voyons-voir : un chiffre cabalistique ? Mais lequel ? Il est vrai que ça s'est joué à un jour près. Pas de souci, d'autres s'en chargeront pour lui, et inventeront des vérités, que d'autres s'empresseront de démentir, en énonçant d'autres vérités, censés changer la face de la planète. Jusqu'à plus soif. C'est lassant... En le mettant au monde, sa digne mère aurait dû l'appeler 29 février. Il serait encore en train de se la couler douce. Au lieu de quoi, il n'en n'a pas fini de souffrir qu'on l'interpelle, avec mille et un sobriquets qui frisent le ridicule. Car devant son miroir, il est toujours seul. Désespérément seul... Enfant bâtard accouché au forceps, il refuse qu'on lui vole sa vérité toute nue. C'est bien pour cela qu'il est parti. Peut-être un jour...