Le pays négocie un virage très important pour sa reconstruction, la relance de son économie, qui dépend de la paix sociale et du retour au travail. La fin de la recréation est la condition sine-qua-non pour amorcer et réussir le virage. Selon tous les observateurs, politiciens et vrais responsables, la fin du cycle dans lequel l'élite a exercé le pouvoir depuis le 14 janvier est pour bientôt... Qui parlerait des jeunes et des femmes, sans reconnaître qu'ils attendent toujours de récolter les fruits du soulèvement du 17 décembre – 14 janvier, pour les premiers, et les dividendes de leur participation très active via la société civile dans la mobilisation au sit-in « Errahil », pour les seconds. Ce sit-in vient d'être clôturé par l'obtention du Prix Nobel de la paix par le Quartet dirigé par l'UGTT. Malheureusement, en dépit de ce bémol, plus de quatre ans après la Révolution, les Tunisiens peinent à retrouver les indicateurs de 2010, contre lesquels, les jeunes s'étaient révolté. Or, sans tomber dans le piège des coups médiatiques il est urgent de se projeter dans l'avenir. Que faut-il pour réussir ce fameux virage ? La stabilisation du pays est un impératif de premier ordre. Après la réussite des négociations sur les augmentations salariales dans le secteur public, il n'est pas admissible de traîner davantage les pieds pour le secteur privé. Le même taux de 6% aurait pu être retenu. Le pays ne peut reprendre son souffle qu'avec 3 ans de paix sociale et le redémarrage de l'activité économique, seul moyen de créer la richesse... Parfois, on a l'impression que certains syndicalistes veulent toucher des avances... sur la future création de richesses. Impossible ! On ne peut partager un gâteau avant de le cuisiner. Deux visions se sont opposées pour décider du taux d'augmentation des salaires dans le privé. La première se base sur le nécessaire lien entre augmentation de salaire et augmentation de la productivité. Tout d'abord, cette vision est unilatérale et injuste car, elle fait du salarié le responsable des erreurs de management du patron et sa mauvaise direction ainsi que de ses erreurs stratégiques qui freinent l'augmentation de la productivité de l'ouvrier... Un exécutant des décisions du patron, qui s'avèrent inadéquates, ne peut se trouver sur le carreau, avec des salaires bloqués à cause des erreurs qui ne sont pas les siennes. De l'autre côté de la barrière, on veut indexer les augmentations de salaires uniquement sur le taux d'inflation afin de compenser la perte du pouvoir d'achat. Un raisonnement statique, ferait croire à l'équité et la justesse de cette option. Lorsqu'on regarde superficiellement les choses, une baisse du pouvoir d'achat mérite réparation. Or, sans productivité, en hausse, c'est l'inflation galopante et la baisse de valeur du dinar. Un raisonnement dynamique faisant la synthèse des deux options et nécessaire. N'oublions pas que le salaire a une double facette. La première, c'est un coût et une charge pour l'entreprise qu'elle a intérêt à voir diminuer comme tous les entrants dans le processus de production. La deuxième facette du salaire est qu'il est un revenu que tout le monde a intérêt à le voir augmenter. Les chefs d'entreprises pour vendre leur production ont intérêt à ce que les revenus distribués soient rapidement réinjecté dans l'économie. Le dialogue social permet de trouver la synthèse de ces deux visions. Les partenaires sociaux doivent apprendre à s'écouter. Comme l'investissement ne peut redémarrer sans lisibilité, la fixation des salaires à payer sur un horizon de 2 à 3 ans permet de se projeter sur l'avenir et investir...