Le premier colloque international sur le roman arabe aura lieu du 13 au 15 novembre à Bizerte à l'initiative de la section locale de la Ligue des écrivains libres. Ce colloque réunira de nombreux romanciers tunisiens et arabes qui débattront du thème "Politique et histoire dans le roman arabe contemporain". Plusieurs associations ont apporté leur soutien à ce colloque appuyé par le ministère de la Culture et le Commissariat à la Culture de Bizerte. Les associations ayant apporté leur appui à ce colloque sont au nombre de quatre. Il s'agit de l'Amicale des anciens élèves des lycées de Bizerte, l'association des amis du livre et de la bibliothèque de Bizerte, l'association Bizerte 2020 pour le développement et la citoyenneté et l'association "Les Fous de la scène". La liberté des écrivains, le courage des éditeurs... Ce colloque à l'échelle arabe mérite bien sa qualification car quatre écrivains de la région y participeront. Ce sont la Marocaine Zouhour Gourami, la Palestinienne Leila Latrache, l'Egyptien Houssine Hamouda et l'Algérien Mohamed Sari. Une dizaine de romanciers tunisiens complètent la liste des participants parmi lesquels il convient de citer Chokri Mabkhout, Rachida Cherni, Jelloul Azzouna ou Fatma Lakhdhar. La vingtaine de participants aura à déblayer la problématique touffue de la présence du politique et de l'historique dans le champ romanesque arabe, une présence diffuse et qui va en s'amplifiant depuis le printemps arabe et le recul de la censure. De fait, le roman arabe contemporain se caractérise aussi bien par une plus grande liberté de ton que par des thématiques plus osées. Ainsi, la question du pouvoir, celles liées au corps féminin ou à la transcendance, habitent le roman actuel. Il est en outre important de souligner le désenclavement progressif des lectorats arabes grâce à un processus de traduction rapide des œuvres mondiales. Un roman qui parait en Amérique ou en Europe est désormais rapidement disponible sur les marchés arabes et permet aux auteurs de se nourrir à plusieurs sources modernes. De même, la désacralisation progressive du rapport à la langue a permis une plus large ouverture du champ romanesque et une plus grande proximité des œuvres avec le public. En ce sens, l'effort éditorial dans le monde arabe est remarquable et se double désormais de l'existence de maisons d'édition arabes basées en Europe occidentale. Ces éditeurs en France, au Royaume Uni et en Allemagne ont beaucoup fait pour l'accélération de la circulation des œuvres et le renforcement du rayonnement des auteurs. Le roman arabe est aujourd'hui un genre littéraire majeur Dès lors, un colloque sur la question de la politique et de l'histoire dans le champ romanesque se justifie amplement et devrait permettre de constater la vitalité de la réflexion et des textes de création dans ces domaines. Ce colloque dont l'organisation intervient à l'avant-veille de la Foire internationale du Livre de Tunis est aussi un bon moyen de jauger l'actualité romanesque en Tunisie. En effet, un grand nombre de textes ont ces dernières années investi des champs auparavant circonscrits par la censure et offert au public des oeuvres majeures et puissantes. De Ala el Aswani à Chokri Mabkhout, de Ahlem Mostaganemi à Amel Mokhtar, le roman est dans tous ses états et se renouvelle à grande vitesse, s'affirmant de plus en plus comme un genre incontournable. Exit les querelles byzantines sur l'existence ou pas d'un roman arabe, sur la genèse tardive de ce genre littéraire avec la première œuvre de Al Mouaylihi, sur son rapport avec les maqams et autres styles de la tradition littéraire arabe. Désormais, le roman s'assume et investit un champ de plus en plus large, devenant au passage un genre littéraire usité dans tous les pays arabes. Ce colloque qui se penchera sur une thématique précise rendra nécessairement compte de ces progrès aux implications multiples. L'équilibre entre témoignages et lectures critiques devrait faire le reste en établissant des passerelles entre les écrivains et leurs lecteurs. Question ardue, la présence du politique dans le roman arabe, celle du recours à l'histoire également sont à double tranchant. En effet, si elles soulignent la liberté conquise par les écrivains, elles mettent aussi en exergue les approches par trop réalistes et les styles narratifs souvent statiques qui demeurent l'apanage du roman arabe. Belle initiative qui, à quelques mois de la Foire internationale du Livre de Tunis, plaide pour la présence du roman, de ses auteurs et ses lecteurs...