Sous la présidence de Mohamed Ennaceur, le comité constitutif du mouvement de Nidaa Tounes s'est réuni durant la soirée du 16 décembre. A l'issue de cette rencontre, le comité a publié un communiqué où il déclare avoir adopté la Feuille de route élaborée par la Commission des treize – une Commission désignée par le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, pour mettre fin à la crise qui ravage le mouvement depuis de longs mois. Assurant que la Feuille de route a été accueillie avec enthousiasme par les milieux partisans et les bases du Nidaa, le comité constitutif a valorisé le travail effectué par la Commission tout en insistant sur l'importance de la continuité du dialogue entre les différents militants du Parti. Ainsi, la Commission des treize a été officiellement chargée de préparer le premier congrès du mouvement tout en bénéficiant du soutien juridique et financier du comité constitutif. Salma Elloumi Rekik, trésorière du mouvement, sera, de son côté, chargée d'assurer le suivi administratif et financier du prochain congrès. Cependant, cette nouvelle ne signifie en aucun cas la fin des tiraillements que vit le mouvement majoritaire du pays et pour cause: le clan opposé à celui de Hafedh Caïd Essebsi considère que cette Commission a élaboré une Feuille de route faite sur-mesure au profit de leurs adversaires. L'un des plus importants points de discorde est celui qui concerne la suppression du poste de secrétaire-général en le remplaçant par un groupe de six personnes qui s'occuperont du secrétariat général du Nidaa. En effet, le président de la Commission, Youssef Chahed, avait indiqué que vingt-et-une personnes (qui seront désignées à l'issue d'un consensus) prendront les commandes du mouvement jusqu'à son premier congrès. Etant donné que le clan de Mohsen Mazrouk refuse catégoriquement la tenue d'un congrès constitutionnel et qu'il exige un congrès électif, le fondement même de l'initiative des Treize vient mettre les revendications de ce clan sur la touche. En réaction au verdict de la Commission des treize, Mohsen Marzouk a annoncé, en marge d'un meeting des femmes de Nidaa Tounes tenu dimanche dernier dans la ville d'Hammamet, sa démission du poste de secrétaire-général du Nidaa. Cette démission a été rejetée par le président par intérim du mouvement, Mohamed Ennaceur, invitant ainsi Marzouk à prendre du temps afin de reconsidérer sa décision de quitter son poste. Dans une déclaration accordée à la TAP, Marzouk avait mainteu sa décision de quitter le secrétariat général du Nidaa. De son côté, Lazhar Akermi a affirmé que l'éventualité de la création d'un nouveau parti n'était pas exclue vu l'évolution des conditions internes de Nidaa Tounes. Cela sans oublier que le clan de Mohsen Marzouk prépare un grand meeting, où il compte rassembler le maximum des jeunes militants du Nidaa, pour la fin de cette semaine. Un meeting à l'issue duquel ‘une importante annonce sera annoncée à l'opinion publique'. La crise de Nidaa Tounes a atteint le point du non-retour lors des incidents de violence survenus à la réunion du bureau exécutif du mouvement dans la ville d'Hammamet, début novembre dernier. Les deux clans s'étaient échangé les accusations durant des semaines sur les différents supports médiatiques nationaux. Additionnés aux nombreux dérapages médiatiques des décideurs du mouvement, ces incidents ont amené l'opinion publique, et surtout les électeurs et sympathisants de Nidaa Tounes, a exprimer leur déception et amertume face aux déboires du mouvement qui avait pourtant accompli des miracles en moins de trois ans d'existence. Alors que le pays vit sous la menace terroriste et les nombreuses atteintes aux libertés individuelles, le parti qui est supposé gouverné le pays est occupé à résoudre une guerre de clans en suivant un dialogue de sourd qui ne fait qu'empirer la situation. Même si les dirigeants de Nidaa Tounes finiraient par mettre fin à leurs querelles, il serait difficile de concevoir que le large public puisse oublier les nombreux dérapages et déceptions pour pouvoir, de nouveau, accorder sa confiance au mouvement.