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A moins d'un miracle, il était une fois Nida Tounès
Paysage politique
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 01 - 2016

Béji Caïd Essebsi ne semble pas abdiquer et tient à endiguer la crise. Il reçoit aujourd'hui l'autre fils, l'adoptif, Mohsen Marzouk qui, au plus fort de la crise, n'a pas manqué de respect au père fondateur
Annoncé comme étant un congrès consensuel pour sauver ce qui reste d'un parti en pleine décomposition, le congrès de Sousse a fini par consacrer la rupture définitive entre les deux parties rivales et fractionner la direction qui en est issue. Le congrès s'est déroulé en présence du président Béji Caïd Essebsi, qui a donné le coup d'envoi à ses travaux en annonçant la ligne à suivre telle que présentée dans la feuille de route, et du président sortant Mohamed Ennaceur qui, dans un discours d'adieu, a fait le bilan de sa présidence, avec ses forces et ses faiblesses. La présence de Rached Ghannouchi dont le discours a été applaudi par les participants et sa métaphore de ce oiseau volant dans le ciel de la Tunisie avec pour deux ailes Nida Tounès et Ennahdha, a confirmé les appréhensions des opposants à la politique du « mariage d'intérêt » avec le mouvement islamiste. Même si le chef de l'Etat, en pragmatique, sait qu'il ne pourrait pas gouverner sans la composante islamiste et qu'il avait besoin de son nouvel « ami intime » pour asseoir son autorité et sauver le pays des tiraillements politiques et de la crise dans laquelle elle s'enfonce de jour en jour.
La démission des députés, un coup dur
Le coup le plus dur fut l'œuvre du groupe des députés démissionnaires qui ont décidé de créer leur propre bloc parlementaire, « Al Horra », comptant 17 membres et présidé par Abderraouf Chérif. Le président du groupe, Fadhel Ben Omrane, affaibli et dépassé par les événements, n'a pas réussi à retenir ses collègues et a fini par appeler à « leur exclusion » de l'Assemblée des représentants du peuple. L'hémorragie continue avec la démission d'autres députés dont le nombre va en augmentant et celle des membres influents du bureau exécutif qui contestent les résultats d'un congrès « sur mesure » ayant permis aux partisans de Hafedh Caïd Essebsi, le nouvel homme fort, de s'emparer du parti. Boujemaâ Remili, l'un des 14 secrétaires nationaux, est allé jusqu'à qualifier ce qui s'est passé à Sousse «d'épuration ethnique », comparable à celle qui a eu lieu en Bosnie-Herzégovine. Tant il est vrai que tous ceux qui ont boycotté la fameuse réunion de Djerba, le 18 octobre dernier, organisée à l'appel d'Essebsi Junior, ont été tout simplement écartés. Il en est de même pour la plupart des membres fondateurs qui se sont trouvés éjectés d'un mouvement qu'ils ont contribué à imposer comme la première force politique du pays, comme de vulgaires intrus. La feuille de route présentée par la commission des 13 formée par le président de la République et président fondateur du parti a été tout simplement ignorée, « le congrès étant souverain », a-t-on martelé pour justifier le rejet du plan proposé, approuvé par le père fondateur et adopté par le bureau exécutif. La nouvelle instance politique composée de 14 secrétaires nationaux s'est trouvée, dès la fin des travaux du congrès dimanche 10 janvier, contestée et l'annonce du choix du « fils du président » comme directeur exécutif du parti et son représentant légal a fini par mettre le feu aux poudres et provoquer une véritable levée de boucliers parmi les dirigeants ayant participé au congrès et donner raison aux réfractaires qui ont déjà vu dans la feuille de route une manœuvre pour adouber Hafedh Caïd Essebsi et une tentative de légitimer ce qu'ils considèrent comme l'installation d'un « système héréditaire » au sein du parti présidentiel.
Situation abracadabrantesque
Situation abracadabrantesque, voire saugrenue, d'un parti qui, pourtant, était bien parti pour assurer l'équilibre sur la scène politique nationale et sauver le pays du marasme dans lequel il s'est enlisé au cours des dernières années. Mais la guerre des ambitions et des clans a fortement ébranlé le fragile équilibre instauré par Béji Caïd Essebsi entre les différents courants formés de militants venus de divers horizons. Nida Tounès comportait, déjà, en son sein les symptômes de la division et le feu couvait dans ses rangs, avant qu'il n'éclate au grand jour. Ce grand jour fut ce dimanche 1er novembre 2015 à Hammamet où les militants du parti, munis de bâtons et de gourdins, se sont livrés à une bataille rangée. Les images transmises par les chaînes de télévision et partagées sur les réseaux sociaux ont fini par discréditer le parti et ses dirigeants. Et ce fut un coup dur dont le parti ne se lèvera plus en dépit des initiatives de Béji Caïd Essebsi et de Mohamed Ennaceur. Ce dernier, bien que critiqué par certains membres du clan d'Essebsi Junior, notamment, pour avoir boycotté la réunion de Djerba et pour sa propension trop poussée pour une solution consensuelle, a proposé une sortie de crise reposant sur le retour aux fondamentaux du parti et ses structures dites « légitimes », le comité constitutif et le bureau exécutif. Initiative qui, bien qu'ayant recueilli l'adhésion de tous, a été avortée en raison de l'intransigeance des uns et des autres. L'entrée en scène du président fondateur qui a formé une commission composée de 13 membres et dont la présidence a été confiée à Youssef Chahed, promu ministre, n'a pas été totalement rejetée. Mais dès l'annonce de sa feuille de route en neuf points, les dirigeants protestataires ont compris que le dessein inavoué était tout simplement d'introniser le fils du président.
Auparavant, Mohsen Marzouk avait démissionné, début décembre dernier, du secrétariat général du mouvement et rallié avec lui plusieurs dirigeants mécontents du processus engagé. Et comme pour enfoncer le clou, il annonce la rupture définitive et la décision de créer « son nouveau Nida », le 2 mars 2016 à Ksar Helal. Le choix de la date et du lieu n'est pas fortuit. Il vise un double objectif, damer le pion à « son père adoptif » qui se veut le seul héritier de Bourguiba et rallier autour de son projet des cadres destouriens à la recherche d'une identité perdue. Mieux, il organise, le même jour du congrès de Sousse, dimanche 10 janvier à Tunis, un meeting pour annoncer les contours de son projet, dans une salle chauffée à blanc où trône le portrait de Béji Caïd Essebsi, invité à être présent à Ksar Helal le 2 mars prochain. Il définit son nouveau mouvement comme une formation politique qui se veut respectueuse des valeurs républicaines qui ont fait gagner Nida Tounès en 2014.
Béji Caïd Essebsi ne désespère pas
Béji Caïd Essebsi, qui observe avec beaucoup de tristesse et d'inquiétude l'effritement de son parti, semble, pour l'instant, ne pas désespérer. Lui qui n'a de cesse de répéter que « la patrie doit être avant les partis et les partis avant les individus » se trouve face à un atroce dilemme, sauver son parti ou sauver son fils. Car le sauvetage de Nida Tounès passe, pour les contestataires et les démissionnaires, par l'éviction de Hafedh Caïd Essebsi. Or, ce dernier tout comme ses partisans qui sont majoritaires ne les entendent pas de la même oreille, réfutant « la thèse héréditaire » et faisant valoir le droit du fils à faire de la politique. D'autant plus que dans un régime républicain, les élections sont la règle et le népotisme n'a pas de place.
Que faire alors ? Béji Caïd Essebsi ne semble pas abdiquer et tient à endiguer la crise. Il reçoit aujourd'hui l'autre fils, l'adoptif, Mohsen Marzouk qui, au plus fort de la crise, n'a pas manqué de respect au père fondateur. Il a mandaté son directeur de cabinet Ridha Belhaj pour une ultime tentative de désamorcer la crise en proposant la réduction du nombre des membres de la nouvelle instance politique à cinq seulement et qui sera chargée uniquement de la gestion des affaires du parti sans interférer dans l'organisation du congrès qui sera confiée à une commission neutre comme stipulé dans la feuille de route de la commission des 13, avec la possibilité de faire appel à une organisation de la société civile pour superviser les élections du congrès. D'autres dirigeants s'activent à proposer un nouveau plan de sauvetage. C'est le cas de Faouzi Elloumi, le membre démissionnaire de la nouvelle instance politique, qui propose l'annulation pure et simple des résultats du congrès de Sousse et la dissolution de la direction centrale des structures dirigée par Hafedh Caïd Essebsi et l'annulation de toutes ses décisions. Il appelle à la création d'une commission nationale neutre pour diriger le parti jusqu'à l'organisation d'un congrès électoral. Cette commission devrait, selon lui, préparer un nouveau règlement intérieur, réviser la base de données des adhérents et ouvrir de nouveau la porte des adhésions, revoir toutes les structures régionales, nationales et locales installées, en plus de l'organisation du congrès.
De leur côté, les ministres de Nida Tounès, Saïd Aïdi, qui a gelé son adhésion au parti, et Néji Jalloul présentent chacun une initiative. Le premier appelle à la dissolution de l'instance politique issue du congrès de Sousse et à son remplacement par une équipe réduite de quatre ou cinq personnes pour gérer les affaires courantes et de constituer une commission neutre pour organiser le congrès électif. Alors que le second propose, également, de dissoudre l'instance politique et la remplacer par une direction collégiale formée de représentants membres du bureau politique et de députés pour diriger le parti jusqu'à la tenue du prochain congrès électoral en juillet.
Toutefois, toute initiative pour recoller les morceaux du parti doit, nécessairement, recueillir l'adhésion des députés, les seuls qui se prévalent de la légitimité populaire. Les démissionnaires, s'ils ont déjà annoncé la création de leur propre groupe parlementaire, pourraient revoir leur décision, à la condition de retourner aux fondamentaux du parti et à ses structures, dont notamment l'instance constitutive et le bureau exécutif. L'idée de la création d'une commission neutre pour se charger des préparatifs et de l'organisation du prochain congrès pourrait, également, être approuvée si ses membres se prévalaient réellement de la neutralité requise et si elle obtenait un blanc-seing pour tout revoir, y compris la révision des listes des adhérents et le les structures régionales et locales. Ce qui paraît difficile pour ne pas dire irréalisable, dans l'état actuel des choses.
Mais, à moins d'un miracle, il était une fois un parti qui s'appelait Nida Tounès qui avait suscité beaucoup d'espoir dans un pays en manque d'espoir.


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