Comme tous les partis politiques, Nidaa Tounes est passé par de grandes divergences qui ont failli faire exploser la baraque. Mais, et contrairement au mouvement d'Ennahdha – à titre d'exemple – les dirigeants du Nidaa ont toujours opté pour la solution médiatique dans l'étalage de leur linge sale. On se souvient tous de tous les dérapages médiatiques commis par les leaders de Nida Tounes entre les mois d'avril et de mai. Des plateaux de télés exceptionnels étaient même spécialement mis en place – parfois même durant les journées du dimanche – et les dirigeants, des deux clans qui s'étaient formés à l'époque, y étalaient la crise de leur mouvement au vu et au su de tout le monde. Pour dépasser, momentanément, sa crise, Nidaa Tounes a opté pour l'élection d'un bureau politique pour remettre un peu d'ordre dans sa cuisine interne en attendant la tenue de son premier congrès national. Cependant, et pendant que la date dudit du congrès ne cesse d'être reportée, pour se fixer, momentanément, pour la fin de cette année, les prémices d'une nouvelle crise commencent à apparaître. En effet, la première démission de l'unique structure élue du Nidaa – celle du député Slah EddineBargaoui du bureau politique – n'a fait qu'alimenter la polémique surtout que le concerné a assuré la présence de comportements radicaux et dictateurs au sein du mouvement. Pour comprendre cette nouvelle tension qui menace d'exploser bientôt, il faut revenir à la nomination de Mohsen Marzouk au poste de secrétaire-général du mouvement. Alors que le concerné travaillait en tant que conseiller politique auprès du président de la République et que Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères, était chargé du secrétariat-général du Nidaa, les divergences au sein du mouvement majoritaire aux élections touchaient le fond. Suite à cela, le comité constitutif du Nidaa a décidé que tous ceux qui sont occupés à des tâches à la tête de l'Etat ne devront, en aucun cas, cumuler des fonctions au niveau du mouvement. De là a commencé une guerre sournoise entre le clan qui voulait voir Marzouk prendre les rênes du Nidaa et ceux qui souhaitaient que cela soit Baccouche ou encore Caïd Essesbi Junior qui le fasse. Après de longues manœuvres, Marzouk a fini par remporter la partie, démissionner du palais de Carthage et récupérer, en partie, le Nidaa. Bien qu'elle ait réussi à apaiser, partiellement, l'ambiance au sein du mouvement, cette manœuvre n'a pas pour autant réussi à réunir les différents clans du Nidaa. En effet, cela fait quelques jours que, lors de leurs apparitions médiatiques, les dirigeants du Nidaa, adoptent un discours mettant en valeur Mohsen Marzouk ou, au contraire, dévalorisant ce dernier. Dernièrement, c'est la député Bochra Bel Hadj Hmida qui a déclaré que Marzouk est ‘l'homme de la situation'. Cette déclaration lui a valu un article comprenant toute sorte d'insultes au journal Al Massaa, financé par l'homme d'affaires Chafik Jarraya. Un autre membre de Nidaa Tounes a récemment posté un statut Facebook où il met en valeur les grands efforts déployés par Marzouk lors de la campagne électorale de Béji Caïd Essesbi et appelle, par la même occasion, les membres du Nidaa à s'unir autour de la personne de MM et ce dans le but de préserver l'anvenir du mouvement et de la patrie. Ce à quoi le vice-président du mouvement, Faouzi Elloumi, a répondu avec un ton des plus cassants. En effet, Elloumi a assuré, toujours via un post public, que Mohsen Marzouk n'a pas apporté tant que cela aux campagnes électorales du Nidaa et que, de ce fait, ‘tout ce qui a été dit dans ce domaine n'est qu'une campagne mensongère de communication pour s'attribuer des mérites qui ne reviennent réellement qu'à l'équipe qui a véritablement dirigé les élections.' Autre son de cloche du côté des deux autres vices-présidents du Nidaa, les relations avec Marzouk ne sont pas en meilleur état bien: même si Taïeb Baccouche préfère temporiser et ne manifester aucune prise de position, Hafedh Caïd Essesbi ne rate pas une occasion pour crier haut et fort sa rébellion et sa désobéissance à toute forme de discipline partisane. La guerre des clans de Nidaa Tounes semble prendre une autre tournure tout aussi dangereuse que celle que le mouvement a vécue il y a quelques mois de cela. En attendant la tenue du congrès du mouvement, celui-ci se trouve dans l'incapacité d'assumer son rôle correctement dans le suivi des travaux du gouvernement, de la présidence de la République et du Parlement, comme cela a été décidé lors de la première réunion post-électorale du bureau exécutif du mouvement.