Après le Projet Sfax (2013), la ville de Kairouan a été choisie pour recevoir dans ses murs le Projet Kairouan. Une résidence euromaghrébine de 27 photographes européens et maghrébins qui ont passé une semaine à Kairouan avec un seul objectif: découvrir aimer et photographier cette ville mythique tout en valorisant son patrimoine. Et c'est au Palais Abdelliya à La Marsa, qu'a eu lieu le 5 décembre courant, le vernissage de l'exposition de photos, « le Projet Kairouan », organisée par la délégation de l'Union européenne, sous la direction de Leila Souissi, commissaire de l'événement, en présence d'un grand auditoire composé essentiellement d'artistes plasticiens, hommes et femmes de culture, journalistes et personnalités diplomatiques dont M. François Gouyette, ambassadeur de France et Mme Laura Baeza, ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie. En effet, il s'agit de la deuxième résidence euromaghrébine de photographies organisée cette fois à Kairouan, (du 25 au 30 mai 2015) où a été inaugurée au mois de novembre dernier, une exposition rassemblant tous les travaux des artistes participants que nous retrouvons accrochés aujourd'hui sur les cimaises du Palais Abdelliya à la Marsa. En s'adressant à ses invités, Mme Laura Baeza, ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, a présenté le Projet comme étant un appui au dialogue interculturel et à la valorisation des médinas tunisiennes dans l'objectif d'accompagner ces villes dans leur processus d'adhésion ou de consolidation de leur appartenance à la liste du patrimoine mondial. Kairouan-Tunis, deux villes emblématiques de la Tunisie, deux pôles culturels et historiques, deux histoires qui s'interpellent et qui se répondent aujourd'hui autour du travail de ces photographes euromaghrébins, qui viennent des Pays-Bas, ( Laura Andalou), Maroc, (Hicham Benohoud- Mohamed El baz- Majida Khattari) ; Algérie, (Arslane Bestaoui- Redouane Chaib-Youcef Krache), Italie, (Calogero Cammalleri), Grèce, (Marianne Catzaras), Belgique, (Peter De mulder- Axel Derriks), Mauritanie, (Malika Diagana- Amy Sow), Allemagne, (Mejdi El Bekri-Oliver Soulas), France, (Karim Mrad- Michel Giliberti), Roumanie, (Iosif Kiraly), Finlande, (Iris Lilja), Espagne, (José Manuel Navia), Autriche, (Moritz Neumüller) ; Pologne, (Tomasz Tomaszewski) ; Royaume-Uni, (Ellie Tsatsou), Portugal (Valter Vinagre) et Tunisie (Wassim Ghozlani-Mouna Jemal Siala-Douraid Souissi). Des artistes reconnus et confirmés à l'intérieur comme à l'extérieur de leurs pays respectifs qui ont été invités à partager et à confronter leurs regards croisés sur Kairouan, troisième et importante ville du monde arabo-musulman, et qui ont su se fondre dans les ruelles sombres mais accueillantes de la médina afin de rencontrer ses habitants et de pouvoir témoigner de la diversité de la cité sainte. En dépit de la situation un peu critique qui règne de nos jours et des actes de troubles et de violences qui viennent ternir l'image de la région en particulier et du pays en général, le travail des participants au Projet Kairouan, vient rappeler avec force, les symboles et les richesses d'une civilisation millénaire à travers les coins et les recoins d'une région chargée d'histoire, bâtie sur la tolérance et l'échange avec l'Autre. Pour reprendre les termes de Leila Souissi, commissaire de l'exposition, « les instants immortalisés par tous ces photographes seront inscrits pour longtemps en Tunisie et ailleurs, dans les yeux et les archives. Les différentes visions qui nous ont été transmises et qui seront partagées ici et hors de nos frontières, nous aideront peut être à mieux comprendre et à appréhender les divisions, les racismes, les haines... qui sont la plupart du temps, dus à l'ignorance que nous avons les uns des autres... » Louable initiative de la délégation de l'Union européenne qui donnera suite à d'autres similaires projets basés sur le partage en ces moments difficiles.