La crise du mouvement de Nidaa Tounes, qui dure depuis presqu'un an, n'a jamais atteint une tension pareille. Quelques jours après la tenue de son congrès consensuel et la nomination des nouveaux dirigeants, le mouvement a connu, hier, une avalanche de démissions. Cela a commencé avec Faouzi Elloumi qui a annoncé, durant la soirée du mardi, la création d'un nouveau courant au sein de Nidaa Tounes appelé le Courant de l'espoir. Elloumi a expliqué que ce Courant regroupera tous les militants qui sont soucieux de sauver le mouvement. « La fidélité à l'engagement et aux militants est plus importante que les positions » a ajouté Elloumi avant d'annoncer sa démission du poste qui lui a été accordé à l'issue du congrès de Sousse. Le ministre de la Santé publique, Saïd Aïdi, qui a annoncé, via une publication sur sa page officielle Facebook, le gel de son adhésion au mouvement et au comité politique qui a été formé à l'issue du congrès de Sousse, a expliqué que le congrès en question a écrasé tous les repères et standards connus. Cependant, Saïd Aïdi a lancé un appel à tous les militants du mouvement afin qu'ils se battent pour rectifier la voie du projet. Et d'ajouter que ‘si le bateau coule, tout le monde coulera. A commencer par ceux qui l'ont quitté en premier et l'ont trahi'. Le ministre fraîchement nommé à la tête des Affaires sociales, Mahmoud Ben Romdhane, a suivi Aïdi en annonçant sa démission du mouvement sans donner les raisons de sa décision. Plus tard dans la matinée du 13, la députée Leila Chettaoui a rejoint Saïd Aïdi en annonçant son gel d'adhésion à Nidaa Tounes. La députée a déclaré avoir l'intention de présenter des excuses au mouvement des militants de la Tunisie pour ‘ce qui s'est passé et qui a altéré l'image du palmier'. Vers les coups de midi, la femme d'affaires et députée du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, Zohra Driss, a annoncé sa démission du comité politique du mouvement tout en maintenant son appartenance au bloc parlementaire de Nidaa Tounes et ce dans le but de préserver la stabilité du gouvernement Habib Essid. Faouzi Maouia et Wafa Makhlouf ont à leur tour présenté leur démission quelques heures plus tard. En ultime tentative de sauver le mouvement et, plus important encore, sa place au sein de l'Assemblée des représentants du peuple, le député de Nidaa Tounes, Tahar Battikh, a annoncé que Nidaa Tounes et l'UPL mènent des discussions pour étudier la possibilité de fusionner. Cependant, et selon une source proche de l'UPL, Slim Riahi n'était pas au courant que l'annonce allait se faire avec cette rapidité. En écoutant la radio, le président de l'UPL a dû quitter son bureau en vitesse pour rejoindre les députés de son parti au Parlement. Suite à de longues négociations, les députés de l'UPL ont exprimé leur refus de voir leur parti fusionner avec Nidaa Tounes. Suite à ce nombre impressionnant de démissions, le congrès de Sousse n'a plus aucune valeur puisque presque tous les récents démissionnaires ont été chargés de présider à la direction de Nidaa Tounes pour le conduire à son congrès électif qui devrait se tenir en juillet prochain. L'initiative lancée par Béji Caïd Essebsi en novembre dernier a largement échoué. La question maintenant est de savoir si le chef de l'Etat prendrait, une nouvelle fois, le risque d'intervenir dans les affaires internes du parti qu'il a fondé. De tous ses leaders, aujourd'hui Nidaa Tounes n'en garde que quelques-uns. Hafedh Caïd Essebsi, qui s'est vu attribué les plus hautes responsabilités lors du congrès de Sousse - celles du directeur exécutif du mouvement et son représentant juridique officiel – garde toujours le silence face à l'approche de la fin tragique de son mouvement. Nidaa Tounes n'aurait duré que le temps de quelques élections laissant, derrière lui, une amertume et une déception chez ceux qui l'ont élu pensant qu'il mettrait fin à la situation alarmante que vit la Tunisie depuis cinq ans.