Après la saga des démissions au cours des dernières journées, l'implosion de Nidaa Tounes semble être évidente. Une implosion qui survient suite à de longs mois de querelles entre des dirigeants qui n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente pouvant satisfaire tous les egos. Mohsen Marzouk, l'un des principaux acteurs de la crise de Nidaa Tounes, devrait annoncer la création de son parti le 2 mars prochain. Une date symbolisant la fondation officielle du néo-Destour le 2 mars 1934. Ceci démontre que l'ancien conseiller politique auprès du président de la République n'arrive pas à se défaire de l'image du père spirituel qui n'est autre que Béji Caïd Essebsi contre lequel il se bat aujourd'hui. Outre le choix de cette date, Mohsen Marzouk a démontré, lors de ces derniers passages médiatiques, une stratégie qui nous est très familières, celle de BCE. Marzouk a choisi de s'exprimer comme le fondateur de Nidaa Tounes en parlant du million de femmes qui le soutiennent ou encore des jeunes en qui il fait confiance. Pour quelqu'un qui prétend vouloir mettre un terme au passé – le sien avec Nidaa Tounes – pour aller de l'avant et créer une dynamique politique qui soit proche des attentes du peuple, l'objectif reste très loin. L'autre absent/présent sur l'échiquier politique est Mehdi Jomaâ. Au lendemain de son départ du palais de la Kasbah, l'ancien chef du gouvernement s'est lancé dans une série de rencontres avec de hauts responsables internationaux. On l'a vu intervenir dans des séances de Parlements européens ou tenir des conférences dans de prestigieuses universités anglaises et américaines. Reçu en tant qu'homme d'Etat, Mehdi Jomaâ semble avoir séduit la scène internationale ce qui est primordial pour un homme politique ambitieux. Cependant, le problème pour l'ancien locataire du palais de la Kasbah se situe à l'intérieur et non pas à l'extérieur du pays. Inspirant de moins en moins confiance, en dépit des sondages, Mehdi Jomaâ s'est trop absenté de la scène médiatique et son nom a tendance à se faire oublier surtout avec tout le flux d'actualité auquel nous avons droit au quotidien. De plus, Jomaâ a trop retardé l'annonce officielle de son groupe de réflexion ce qui semble avoir lassé ses sympathisants. Quand on parle d'alternatives pour les prochaines échéances électorales, on pense automatiquement à la Gauche tunisienne: le Front populaire et Al Massar. La coalition de la Gauche a malheureusement prouvé, à plusieurs reprises, que sa composition manque d'harmonie et de solidarité. De plus, le Front populaire peine toujours à mettre en place un plan de communication qui mette en valeur ses principes, ses programmes et ses objectifs. Cela sans compter le fait que le porte-parole officiel du FP, Hamma Hammami, se fait de plus en plus rare dans le paysage médiatique ce qui ne lui est pas du tout bénéfique. Pour Al Massar, et en dépit de ses prises de positions honorables par rapport à plusieurs affaires polémiques, il constitue un parti de perfectionnistes qui préfèrent ne pas être mêlé au côté ‘sale' de la politique. Ce choix a fait qu'Al Massar se retrouve aujourd'hui avec beaucoup d'idées mais sans aucune machine. La situation n'est pas mieux pour les Destouriens ou, du moins, ceux d'Al Moubadara. En dépit d'un regroupement et d'une fusion, l'Initiative nationale, de Kamel Morjane, peine à redorer son image auprès de l'opinion publique qui continue à l'associer, directement, à Ben Ali et à l'ancien régime. Force est de constater qu'aujourd'hui, Ennahdha semble être la seule force politique à avoir, relativement, préservé sa base électorale et sa méthode de travail. De son côté, la Mouvance Tunisie Volonté, de Moncef Marzouki, travaillera sur la récupération des sympathisants révoltés contre les derniers changements stratégiques entrepris par les dirigeants historiques du mouvement islamiste. Cinq années après la Révolution et après trois présidents de la République, six chefs de gouvernements, huit gouvernements et plus de deux cents partis politiques, il ne nous reste plus rien de nos rêves...