Il y a 22 ans, Habib Cheikhrouhou, fondateur de Dar-Assabah, était rappelé à Dieu l'Eternel, après toute une vie consacrée aux bonnes causes, commençant par la lutte pour la libération nationale et finissant dans la consolidation d'une certaine éthique journalistique, de la liberté de de la presse et d'expression au sein d'un groupe de presse jaloux de son indépendance depuis ce premier jour du 1er février 1951, date de parution de l'organe mère : « Assabah ». Pourtant, ce gentleman promoteur et homme d'affaires intelligent aurait pu s'impliquer uniquement dans le domaine économique, comme beaucoup d'autres, de ses concitoyens de l'époque, mais son tempérament de battant, le poussait tel ce radeau en pleine tempête vers les rivages de la liberté, d'autant plus que la presse nationaliste et néo-destourienne du début des années 50, a été décimée par la répression colonialiste surtout après le fameux 18 janvier 1952 et l'assassinat du leader syndicaliste, martyr de la Nation, Farhat Hached. « Assabah », sous la houlette de « Si El Habib » et des plumes engagées comme feu Ali Belhouane, leader du Néo-destour et de la jeunesse, Hédi Laâbidi, Habib Chatti, Habib Boularès et bien d'autres chevaliers de la plume, a assuré la relève et appuyé la lutte pour la libération nationale de la presse nationaliste néo-destourienne. Mais, même durant cette époque d'engagement politique national, Assabah a toujours respecté toutes les sensibilités nationales et syndicales, affichant son indépendance résolue vis-à-vis du monde politique. Cette même tradition et ces mêmes valeurs, Si El Habib a tenu à les transmettre, un certain 1er juin 1975 au journal « Le Temps », avec une équipe jugée plutôt rebelle, démocratique et même gauchisante par le pouvoir en place. Si El Habib n'est plus, mais du haut du paradis éternel, nous sommes sûrs qu'il continue à apprécier nos efforts, journalistes, ouvriers et cadres de Dar-Assabah, pour immuniser cette maison prestigieuse de la médiocrité et des dérapages d'une certaine presse de boulevards, qui envahit, en ces moments, la scène médiatique nationale.