Najet Abdelkader vient de signer, lors d'une séance de dédicace, tenue à la librairie Al Kiteb de Tunis, son ouvrage intitulé « La liberté en héritage : Journal d'une Tunisienne », publié aux Editions Jacques Marie Laffont en novembre 2015. Encore un livre inspiré de la Révolution du 14 janvier 2011, cet événement historique qui a incité un bon nombre d'écrivains (romanciers, poètes, historiens...) de donner libre cours à leur imagination et leur créativité qui furent, n'en disconvenons pas, très limitées, sous l'ancien régime, faute de liberté d'expression. Il va sans dire que toutes les révolutions survenues avec ou sans effusion de sang sont généralement suivies d'un certain élan d'enthousiasme souvent débordant chez les écrivains, les penseurs et les historiens qui se mettent à faire courir leur plume sur le papier, soit immédiatement, soit en observant un certain recul, qui pour exprimer des impressions, qui pour glorifier l'événement, qui pour rendre hommage à la résistance des militant (es) ayant contribué au changement politique et social du pays, pendant et avant la Révolution. Ce nouveau livre est donc un hommage rendu aux femmes tunisiennes et leurs rôles joués non seulement lors de la Révolution, mais à travers les époques, de l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, pour montrer au monde que toutes ces femmes (une trentaine dans le livre), en quête de liberté , d'égalité et de modernité, ont façonné l'histoire de la Tunisie et ont fait de ce pays une exception dans le monde arabe, ayant refusé d'être gouvernées par des forces réactionnaires et obscurantistes. Par-là même, l'auteure lance un appel aux femmes du monde entier à ne jamais se soumettre à la fatalité du destin, à l'adversité et aux intégrismes d'où qu'ils viennent. Les circonstances de l'écriture de cet ouvrage remontent au 5 janvier 2011, jour des funérailles de Mohamed Bouazizi, un jeune de 26 ans, marchand ambulant de son état, qui s'est immolé par le feu, suite à la confiscation de sa marchandise par un agent municipal, provoquant ainsi l'étincelle de la Révolution. Rentrée chez elle, l'auteure prit sa plume et commença à écrire en dédiant cet ouvrage, sous forme d'un journal, à sa petite-fille Yasmina qui, par coïncidence, est née le même jour. Elle voulut confier à sa petite-fille le statut des femmes tunisiennes qui ont marqué l'histoire de la Tunisie par leur combat pour l'émancipation, la liberté et l'égalité, histoire de donner une leçon à cette petite fille qui devrait grandir dans la fierté et la dignité d'avoir ces femmes qui ont précédé sa venue sur cette terre. Cette petite fille doit prendre en exemple de telles femmes durant sa vie à venir. Elle met l'accent sur le rôle des femmes dans la lutte pour l'indépendance et pendant le Printemps arabe. D'Elyssa aux bloggeuses militantes d'aujourd'hui, elle raconte le parcours des mères, des veuves et des martyres, de toutes ces femmes anonymes qui ont forgé le destin de la Tunisie. Parmi les femmes célèbres citées par l'auteure, nous retrouvons celles qui ont lutté par les armes ou par la plume : Elyssa, Sophonisbe, La Kahena, Saida Manoubia etc..et plus près de nous, Tewhida Ben Cheikh, Manoubia Ouartani, Arwa la Kairouanaise, Wassila Ben Ammar, Zubeida Bechir, Cherifa Messadi et sa fille Dorra Bouzid, Leila Ben Temime Blili, Radhia Nasraoui ,et tant d'autres! Ce livre rejoint un peu l'ouvrage de Moncef Ben M'rad, «Tunisiennes et Révolution: Le combat des femmes», paru en septembre 2015 où l'auteur relate l'histoire des femmes tunisiennes célèbres, partant d'Elyssa en passant par la Kahéna jusqu'à arriver à B'chira Ben M'rad, mais aussi des autres femmes qui ont contribué par leur résistance à sauver le pays au lendemain de la Révolution de 2011. Il est à rappeler que Najet Abdelkader est professeur de français, universitaire, historienne, spécialiste du théâtre du XVIIe siècle. Elle a été responsable de la culture à la mairie de Tunis pendant 12 ans.