Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a quitté, hier matin, Tunis à destination de Berne, siège du Gouvernement fédéral suisse, pour une visite d'Etat de deux jours à l'invitation du président de la Confédération helvétique, Johann N. Schneider-Ammann. Une visite, préalablement prévue pour le 25 novembre 2015 et qui a été reportée suite à l'attentat terroriste perpétrée le 24 du même mois contre un bus de la garde présidentielle au centre de Tunis. Au cours de cette visite, qui revêt une double dimension politique et économique, le chef de l'Etat rencontrera des hauts responsables suisses et coprésidera avec le président de la Confédération helvétique, une rencontre entre acteurs économiques et hommes d'affaires des deux pays. Des accords bilatéraux seront signés lors de cette visite d'Etat qui concernent essentiellement la coopération en matière de concertation politique, la lutte contre l'extrémisme et la restitution des avoirs tunisiens gelés en Suisse. Caid Essebsi est accompagné des ministres des Affaires étrangères, de l'Investissement et de la Coopération internationale ainsi que d'une délégation économique conduite par l'UTICA. En vertu l'accord de coopération la Tunisie et la Suisse sur les modalités de traitement du dossier des fonds gelés, la Suisse va aider la Tunisie à lever les obstacles juridiques inhérents à la restitution des fonds gelés dans les banques suisses, compte tenu de la particularité du statut juridique de ces institutions bancaires, a indiqué Caïd Essebsi dans une interview accordée à la plate-forme d'information helvétique «Swissinfo». Selon le Chef de l'Etat, la signature de cet accord va permettre d'accélérer le processus de restitution des fonds gelés. A cet égard, il a salué les efforts déployés par la Confédération suisse dans ce sens. «La Tunisie préfère coopérer avec la Suisse parce qu'elle est un Etat neutre et n'impose pas des conditions politiques aux autres», a-t-il souligné. Dans la même interview accordée à «Swissinfo», le président de la République Béji Caïd Essebsi a indiqué que face à une éventuelle intervention militaire en Libye, «la Tunisie doit obtenir de solides assurances des pays occidentaux pour que ces frappes n'aggravent pas la situation dans le pays. «Les éventuelles frappes militaires contre l'Organisation de l'Etat islamique (Daesch) en Libye devraient être cadrées et étudiées, sinon elles vont aggraver la situation en Tunisie et amplifier les dangers », a ajouté Caïd Essebsi. Pour le chef de l'Etat, «la meilleure option demeure l'établissement d'un gouvernement de coalition en Libye ». « En cas d'échec de cette option, les frappes militaires deviennent envisageables en dépit de toutes les craintes », a-t-il averti. «Plusieurs pays interfèrent dans le conflit inter-libyen, chacun servant son propre agenda», a-t-il lancé.