Suite à quelques mois de préparation, le Courant démocratique – fondé par l'ancien secrétaire général du Congrès pour la République (CPR) et ex ministre de la Troïka, Mohamed Abbou – tient, aujourd'hui, son premier congrès électif. A quelques jours de cet événement, Mohamed Abbou avait annoncé qu'il ne se présentera pas pour sa propre succession au poste de secrétaire général. Organisé sous le thème « déterminés à réformer », ce congrès aboutira donc à l'élection d'un nouveau secrétaire général et vice secrétaire général, un nouveau bureau politique et un nouveau porte-parole. A l'issue des élections législatives de 2014, le Courant démocratique avait réussi à décrocher trois sièges à l'Assemblée des représentants du peuple. Depuis, le parti œuvre pour s'imposer loin de l'image du CPR dont il est issu. Le recrutement de nouvelles figures, n'ayant aucune attache partisane antérieure, a beaucoup aidé le Courant démocratique à retrouver du sang neuf loin de tout antécédent. Toutefois, les anciennes déclarations de Samia Abbou – l'une des principales figures du Courant démocratique – continuent à poursuivre le parti et à lui imposer quelques méfiances. En effet, et à l'époque de la Troïka, Samia Abbou a été parmi ceux et celles qui ne cessaient d'affirmer que le terrorisme n'est qu'un épouvantail dont se servent quelques parties de l'ancien régime pour s'imposer de nouveau sur la scène politique. Lors de la campagne électorale du second tour de la présidentielle, Samia Abbou s'était prise en photographie aux côtés du sieur Recoba, ‘leader' des tristes Ligues dites de la protection de la révolution, dissoutes depuis quelques années, affichant ainsi, fièrement, son amitié avec cette figure qui n'avait cessé de s'illustrer négativement, par ses penchants et actes violents et extrémistes. Un autre incident est survenu la veille de la tenue du congrès pour relancer le parti dans une grande polémique. Le député Noômane Euch a été pris en photo par l'organisation Al Bawsala en flagrant délit : il a voté à la place de Samia Abbou lors de la plénière de vote dédiée au Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Ne pouvant nier les faits, les deux députés se sont publiquement excusés et le parti a publié un communiqué d'excuses tout en assurant que les concernés seront sanctionnés. Des sanctions qui n'ont, à aucun moment, été précisées. Il est important de saluer le fait que le parti ait procédé à la publication d'un tel communiqué, cependant, il faut rappeler que les députés et les militants du Courant ne ratent aucune occasion pour critiquer, violemment, toute autre personne qui emploie la triche... Tentant donc de s'éloigner de ces souvenirs pas très plaisants, le Courant démocratique a choisi une ligne politique assez spécifique : la transparence de l'Administration et, surtout, la transparence au niveau du très compliqué dossier de l'énergie. Cette spécialisation commence à avoir son effet et le parti commence à grignoter quelques points sur l'échiquier politique. Avec ce congrès et, surtout, grâce au retrait de Mohamed Abbou, le Courant démocratique va s'imposer comme étant le premier parti politique en Tunisie dont le fondateur ne se représente pas, afin de chercher les nouvelles énergies. Nous nous sommes toujours penchés sur cette fâcheuse tendance qu'ont nos politiciens de toujours s'accrocher à leur poste de président ou de secrétaire général du parti qu'ils ont fondé après des dizaines d'années. Mohamed Abbou séduira certains avec cet acte qui est, avouons-le, rare, pour ne pas dire unique, dans notre paysage politique.