Le Trio Filipa Pais a remporté un succès remarquable par sa prestation à l'Acropolium de Carthage à l'occasion de la Journée de la langue portugaise. Organisé par les ambassades du Portugal et du Brésil en Tunisie, ce récital a tenu toutes ses promesses et fait revivre chants traditionnels, textes de Jorge Amado et compositions de Chico Buarque Sur scène, Filipa Pais ressemble à une icône: celle d'une diva qui jouerait avec son châle alors que le public scruterait chacun de ses gestes, celle d'une fadista qui, sachant la puissance et les nuances de sa voix, mesure son emprise sur ce public que, tour à tour, elle berce, envoûte et charme par la vertu de ses vocalises et la montée de ses arias, aussi inattendue qu'une tempête atlantique, aussi furtive qu'une averse de printemps au-dessus de Lisbonne, Bahia ou Maputo. Une admirable présence scénique Assise, debout, la main sur la hanche, interpellant l'assistance, Filipa Pais a chanté l'amour, la nostalgie et fait vibrer la langue portugaise au rythme chaloupé de la bossa nova et au creux de la saudade du fado. Ce récital du 5 mai 2016 restera comme celui de la présence d'une voix aérienne, dominatrice, mais toujours caressante. Car Pais, c'est d'abord une formidable performance vocale, une voix pure qui s'incruste en vous, susurrant les mélopées tristes de la plage des larmes ou reprenant les accents dansants des chants traditionnels de l'Angola ou du Cap-Vert. Du grand art, comme on dit et aussi un subtil voyage musical dans l'héritage des pays lusophones. Organisé par les ambassades du Portugal et du Brésil à Tunis, ce récital se voulait d'abord une célébration de la langue portugaise et une commémoration des vingt ans de la communauté des pays de langue portugaise, éparpillés sur quatre continents et réunissant 260 millions de locuteurs. Pour cela, le répertoire choisi par Filipa Pais pour cette soirée a été des plus diversifiés. Dix-sept pièces étaient au programme qui conjuguaient chants traditionnels angolais et cap-verdiens, bossa nova du Brésil et rythmes et fado du Portugal. Un tour de la lusophonie en dix-sept chansons Artiste de la convergence des diverses influences de la scène musicale lusophone, Filipa Pais a excellé, mettant en valeur cette diversité démontrant qu'elle évoluait avec bonheur dans tous ces registres. La soutenant dans ses envolées entre tendresse et lyrisme, Mario Delgado et Claudio Kumar donnaient à leurs guitares toutes les sonorités du Portugal et du Brésil, faisant renaître la douceur d'une Amalia Rodrigues, la verve d'un Jorge Amado ou le soft-jazz de Chico Buarque. D'ailleurs, ces deux guitaristes, l'un Brésilien et l'autre Portugais, nous ont offert des moments de joie avec le dialogue de leurs instruments et leurs arrangements limpides. A l'image du récital, la musique était véritablement plurielle, souvent entraînante et toujours lumineuse. Filipa Pais nous aura gratifié d'un "Ana ferhana elli fi Tounes" (Je suis heureuse d'être en Tunisie) qui lui a valu une salve nourrie d'applaudissements. Autrement, de "Teco Teco" à "Tunga", en passant par "Altinho", elle nous aura invite à un tour de la lusophonie en dix-sept chansons. "Muy obrigada"! Merci la diva!