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Un mal qui ronge l'économie nationale
Publié dans Le Temps le 07 - 06 - 2016

* Khayam Turki, Président de l'Association Jessour : « L'informel » devra, désormais, figurer au cœur des grandes réformes économiques et sociales du pays ».
Le secteur informel est un champ vaste (35.5% du PIB en 2012) qui échappe largement au contrôle de l'Etat. Son poids en Tunisie est comparable à celui dans les pays en voie de développement. Il contribue de manière significative à la croissance en Tunisie et joue le rôle d'amortisseur en période de crise mais, depuis 2008, il croît beaucoup plus rapidement que le PIB, ce qui est source de réelle inquiétude
La contrebande et les importations parallèles se taillent près de 2.5% du PIB et présentent un chiffre d'affaires total à la vente de l'ordre de 6.5 milliards de dinars (i.e. entre 15 % et 20% du flux de marchandises distribué par le commerce interne). « En volume, les quatre familles de produits les plus importantes sont celles du tabac, des produits pétroliers, de l'habillement et enfin de l'électroménager et des produits électroniques » a souligné Khayam Turki, Président de l'Association Jessour, lors de la conférence débat sous le thème « L'économie informelle : Etats des lieux et mesures d'urgence, » organisée par le Centre des Jeunes Dirigeants d'Entreprises (CJD) conjointement avec l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'artisanat (UTICA) qui ajoute que « les revenus annuels générés par la contrebande et les importations parallèles sont évalués à près de 2 milliards de dinars, avec des risques réels d'infiltration des circuits de contrebande par le crime organisé et le terrorisme. La naissance de grands barons de la contrebande rend le secteur de plus en plus difficile à contrôler et, sans inflexion réelle, l'Etat peut rapidement se retrouver dépassé par le phénomène et voir sa marge de manœuvre future considérablement réduite »
La contrebande des produits pétroliers : 25% de la consommation nationale du transport routier en essence et gasoil
Elle provient des écarts de prix considérables entre la Tunisie et ses deux voisins algérien et libyen et ne peut, par conséquent, être traitée efficacement qu'à travers une stratégie commune établie avec les autorités de ces deux pays. « Cette contrebande représente 25% du marché local et donc un facteur d'amélioration du pouvoir d'achat de nombreux consommateurs tunisiens, mais elle génère également près de 300 millions de dinars de revenus annuels bruts pour quelques dizaines de barons et de grossistes des deux côtés des frontières, avec de réels risques d'interférence avec le crime organisé et d'infiltration par les groupes terroristes » a souligné Khayam Turki qui précise que « Les subventions élevées des produits pétroliers chez nos voisins algériens et libyens entraînent des écarts de prix considérables avec notre pays. Les prix de l'essence et du diesel en Tunisie sont six à huit fois plus élevés qu'en Libye. En Algérie, les prix de ces produits sont minimes. Cette forte différence de prix crée des opportunités de réalisation de gains importants pour les contrebandiers. Pour l'Etat, la contrebande des produits pétroliers pose d'importants problèmes : Pertes de recettes fiscales, concurrence déloyale pour les stations-service, risques d'accidents liés aux conditions de transport hasardeuses, problèmes environnementaux...et surtout le risque que des organisations terroristes infiltrent ce réseau et l'utilisent pour leur logistique et le financement de leurs actions. Pour les acteurs du circuit informel, le commerce informel des produits pétroliers génère des emplois et procure des revenus. Il joue ainsi un rôle de régulation sociale (même s'il ne permet pas de traiter de façon durable la pauvreté des populations concernées). Pour les consommateurs tunisiens, le commerce informel des produits pétroliers représente un facteur d'amélioration du pouvoir d'achat car, en dépit de ce qu'on dit sur la qualité des produits pétroliers algériens et libyens, les consommateurs en tirent un large profit (entre 500 et 700 Millimes par litre). D'après l'étude terrain réalisée par la Banque Mondiale datant de 2013, les quantités annuelles de la contrebande de produits pétroliers à travers les frontières algériennes (80 à 90% de la totalité du trafic frontalier) et les frontières libyennes (10 à 20% de la totalité du trafic frontalier) seraient de l'ordre de 1 milliard de litres. Le nombre de passeurs en pickup serait de l'ordre de 2 mille. La contrebande est organisée par des barrons des deux côtés des frontières .La consommation nationale annuelle d'essence et de gasoil achetés dans les stations-service formelles, est de l'ordre de 3 milliards de litres.
La contrebande représenterait ainsi 25% de la consommation nationale du transport routier en essence et gasoil. La contrebande frontalière de produits pétroliers générerait un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 1 milliard de dinars et des revenus annuels de l'ordre de 750 millions de dinars ventilés comme suit : 1. 150 millions de dinars seraient encaissés par les petits distributeurs de détail et les petites mains d'entreposage et de distribution. Leur nombre serait de l'ordre de 25 mille ; 2. 150 millions de dinars seraient encaissés par les transporteurs passeurs. Leur nombre serait de 3 mille. 3. 150 millions de dinars reviendraient au réseau de financement du trafic et seraient encaissés par les Courtiers (sarafas). 4. 300 millions de dinars de revenus seraient encaissés par les barrons et les grossistes des deux côtés des frontières, ce qui représente une manne financière importante concentrée entre les mains de quelques dizaines de personnes, avec des risques d'interférence avec le crime organisé et le terrorisme. La résolution du problème dépend essentiellement de la politique de subvention des produits pétroliers chez nos deux voisins. C'est avec les autorités algériennes et, en espérant que ce soit prochainement, avec les autorités libyennes qu'il faut établir une stratégie commune. Il faudrait aussi éviter que les produits de contrebande des produits pétroliers n'envahissent l'ensemble du territoire national et structurent de nombreux autres réseaux marchands »
L'informel en Tunisie : Une source de réelle inquiétude
L'informel en Tunisie représente un champ vaste qui échappe largement au contrôle de l'Etat et dont la croissance (beaucoup plus rapide que celle du PIB) est source de réelle inquiétude. « Cependant, précise Khayam Turki, compte tenu de la contribution significative de l'informel à la croissance et le rôle d'amortisseur social qu'il peut jouer en période de crise et compte tenu, surtout, de la structure actuelle de l'économie tunisienne (celle d'un pays en voie de développement), la marge de réduction de l'informalité reste actuellement limitée. Seules une transition économique et l'accumulation de niveaux de croissance élevés permettraient de réduire d'une manière significative l'informalité. Dans l'attente, le phénomène de l'informel devra être cantonné, sans jamais échapper au contrôle de l'Etat, lequel devra s'attaquer en priorité aux zones les plus problématiques, et à leur tête. La naissance de grands barons de la contrebande (notamment du tabac et des produits pétroliers) avec, vu les sommes d'argent en jeu, les possibilités d'infiltration des circuits de contrebande par le crime organisé et le terrorisme. Ceci dit, le traitement de l'informalité devra s'inscrire dans un processus itératif de longue haleine de «Mesure - Analyse - Politiques Publiques» et, en l'état actuel des choses, l'amélioration des mesures détaillées de l'informalité est cruciale. C'est aux décideurs qu'il revient d'exprimer les besoins en la matière. L'INS est le plus à même de mener les études quantitatives, en veillant à mieux communiquer sur les méthodes utilisées et sur les résultats. Les chercheurs, eux, devront se concentrer sur les analyses qualitatives. Pour éviter la confusion des termes et des chiffres, tous devront adopter un cadre conceptuel commun fondé sur les définitions et les cadres normalisés à l'échelle internationale. « L'informel » conclut Khayem Turki qui se trouvait au cœur des multiples causes de la révolution tunisienne devra, désormais, figurer au cœur des grandes réformes économiques et sociales du pays.
Kamel BOUAOUINA
En chiffres
. La contrebande représenterait ainsi 25% de la consommation nationale du transport routier en essence et en gasoil.
. La contrebande et les importations parallèles se taillent près de 2.5% du PIB et présentent un chiffre d'affaires total à la vente de l'ordre de 6.5 milliards de dinars
. 4. 300 millions de dinars de revenus seraient encaissés par les barrons et les grossistes des deux côtés des frontières
. 2. 150 millions de dinars seraient encaissés par les 3000 transporteurs passeurs.


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