Sous l'intitulé de « Fusion », titre de son nouvel album, la virtuose tunisienne du violon Yasmine Azaiez a donné avant-hier un concert à Dar Lasram dans le cadre du 34è festival de la Médina. Un spectacle haut en couleurs...jazzy. Yasmine Azaiez n'était pas seule devant le public. Accompagnée par un quatuor à cordes et à percussions, elle venait faire valoir tout son talent devant un auditoire ravi et nombreux. Et ce soir-là, le niveau du programme artistique du festival de la Médina montait de plusieurs crans. Une belle surprise pour des spectateurs avertis, de tous âges et respectueux de la bonne musique. Car Yasmine Azaiez, faut-il le rappeler encore une fois, ne fait pas dans le presque parfait. Sa musique et son jeu se situent sur un autre niveau, voire sur un palier encore difficile à atteindre pour le commun des musiciens et virtuoses. Et dès les premières notes, on sentait et comprenait que les inspirations et autres tonalités jazzy étaient de la partie. Une manière d'adapter la musique tunisienne aux autres musiques. Avec le Jazz, cela colle parfaitement. Car, à l'image de la musique arabe, le Jazz comprend et se base carrément sur l'improvisation instrumentale ou vocale, soit-elle. L'arrangement et l'improvisation étaient les maîtres mots, ce soir-là. Les compositions de Yasmine s'intitulent et se chantent aussi en anglais. La musique étant un langage international, pourquoi alors ne pas choisir d'écrire en langue anglaise comprise sur toute la planète ? Yasmine Azaiez véhicule, en filigrane, un message d'amour pour la musique et pour le plaisir de jouer et d'improviser. Son violon magique, avec pastille installée, devient parfois un orchestre, voire plusieurs violons et à lui seul. Un secret d'amour, encore une fois, pour la musique et un respect irréprochable pour son public. Les musiciens jouaient parfaitement et prenaient plaisir à improviser chacun sur son instrument. Du clavier, à la guitare basse et de la Darbouka et Bendir, à la batterie, l'esprit du concert de Yasmine Azaiez s'inscrit dans une manière de chanter autrement et dans un registre différent des œuvres de la musique tunisienne principalement composées par Hédi Jouini et Ridha Kalai. Notre virtuose du violon leur rendait hommage en les qualifiant de grands artistes. Performances Les morceaux choisis prenaient de nouvelles allures et de nouveaux rythmes qui devenaient parfois plus lents qu'à l'origine. Yasmine chantait en cette soirée de Ramadan, histoire de changer un petit peu et de faire découvrir au public l'immensité de sa voix qui épouse le Jazz dans ses envolées joyeuses et ses tons aigus. Le morceau « Introduction » était une belle leçon d'introductions musicales où l'artiste donne libre cours à son imaginaire et à sa passion de la musique. Et la Tunisie est toujours au cœur pour Yasmine Azaiez qui a crée une nouvelle chanson en anglais et en arabe qu'elle dédie à la patrie. Ce spectacle, d'un peu plus d'une heure, était une véritable performance de la part de cette grande musicienne et compositrice tunisienne qui a acquis un haut niveau de jeu musical dans les plus grandes écoles de musique à travers le monde et qui a joué sur les plus grandes scènes comme invitée d'honneur. Le spectacle de Yasmine Azaiez au festival de la Médina a donné la preuve que la musique instrumentale a ses adeptes en Tunisie, ceux-là mêmes qui savent écouter et apprécier la musique à sa juste valeur.