Les prix de vente au public des médicaments devraient prochainement enregistrer une hausse conséquente en raison de l'entrée en vigueur des dispositions de la loi des finances 2016 instaurant une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur la vente des médicaments au niveau du gros et du détail. Suite à la forte mobilisation des structures professionnelles contre ces dispositions qui ne prévoyaient au départ aucun ajustement des prix de vente au public, les autorités ont fait machine arrière. La Direction de la pharmacie et des médicaments (DPM) relevant du ministère de la Santé publique a, en effet, décidé de répercuter la hausse du coût des médicaments qui sera induite par l'instauration de la TVA sur les prix de vente au grand public. Et si le ministère de la Santé publique et le ministère du Commerce restent jusqu'ici très discrets sur ce sujet qui fâche, tel n'est pas le cas du syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (SPOT). «Suite à une réunion entre les différents intervenants concernés (administrations et professionnels du secteur pharmaceutique), il a été constaté que les conditions nécessaires à l'entrée en application de la TVA sur les médicaments ne sont pas encore réunies. Il a été convenu que cette opération, pour pouvoir démarrer, exige au préalable une série de mesures dont notamment la promulgation de l'arrêté relatif à l'ajustement des marges bénéficiaires des grossistes et des officinaux, destiné à leur éviter toute perte générée par l'application de la TVA. Cet arrêté, qui est en cours de préparation, ainsi que l'imposition des médicaments importés ayant un similaire fabriqué localement va se traduire par des modifications générales au niveau des prix et de la structure du prix », a souligné le syndicat dans un communiqué rendu public début juillet. Et d'ajouter: «Etant donné que les prix des médicaments sont homologués à tous les stades, cette opération de modification ne peut être faite que par le ministère du Commerce sur la base de l'arrêté et de la liste des médicaments soumis. Une fois tous les prix actualisés, le ministère du Commerce communiquera la liste à la Pharmacie Centrale qui se chargera de la diffuser auprès des fabricants, grossistes et officinaux, qui pourront, à ce moment-là (et pas avant), commencer l'application de la TVA». Le syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie s'est opposé dès le mois d'octobre 2015 à la généralisation de la TVA sur la vente des médicaments au niveau du gros et de détail sans modification des prix de vente au public, estimant que cela va a se traduire par une perte sur la marge brute du pharmacien d'officine de 2% en moyenne ce qui représente 20% sur la marge nette. Autrement dit, pour une pharmacie qui dégage un bénéfice net de 35 mille dinars par an, la perte sera de l'ordre de 7 mille dinars De son côté, le syndicat des grossistes du secteur est monté au créneau, notant que l'instauration de la TVA au niveau de la vente des médicaments (gros et détail) sans aucun ajustement des prix de vente au public va se traduire par une perte de 0.5% sur la marge brute des différents grossistes. C'est dire que ce sont plutôt les consommateurs qui risquent de payer la facture d'une mesure précipitée et mal réfléchie. Cela risque de grever lourdement les bourses des consommateurs d'autant plus que les prix des médicaments enregistrent une hausse annuelle moyenne estimée à 8% en raison de la dépréciation du dinar tunisien face aux devises fortes. D'autre part, aucune mise à jour du plafond de soins imposé par la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) n'a eu lieu depuis plusieurs années, et plusieurs centaines de milliers de citoyens ne bénéficient d'aucune forme de couverture maladie.