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Echec au putsch
Publié dans Le Temps le 17 - 07 - 2016

Les autorités turques s'efforcent de reprendre le contrôle du pays, après l'échec d'un coup d'Etat dans lequel plus de 160 personnes, dont des dizaines de civils, ont perdu la vie.
Le président Recep Tayyip Erdogan a accusé les instigateurs du coup de force d'avoir essayé de le tuer, a prévenu qu'ils paieraient le prix fort et que l'armée serait purgée des éléments séditieux.
La justice n'a pas été épargnée puisque plus de 2.700 magistrats ont été révoqués dès hier. Cinq d'entre eux appartenaient au Conseil supérieur des juges et des procureurs (HSYK).
Selon le gouvernement, près de 3.000 militaires ont été arrêtés, du simple soldat à l'officier, notamment ceux qui formaient la "colonne vertébrale" du coup d'Etat. Certains hauts gradés loyalistes seraient toutefois encore retenus en otage par des putschistes, a dit un ministre.
En vacances dans le sud-ouest du pays lorsque le coup d'Etat a été déclenché, vendredi soir, le président Erdogan s'est rendu à Istanbul où son avion s'est posé peu avant l'aube et où il a été accueilli par une foule de partisans.
Recep Tayyip Erdogan les a assurés que le gouvernement restait aux commandes du pays, même si quelques poches de résistance putschistes résistaient encore à Ankara, la capitale du pays.
Les putschistes auraient selon lui essayé d'attaquer la station balnéaire de Marmaris où il se reposait. "Ils ont bombardé des cibles juste après mon départ (...). Sans doute pensaient-ils que nous étions encore là."
Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) dont Recep Tayyip Erdogan est issu entretient des relations compliquées avec l'armée, dont un certain nombre de cadres défendent une vision laïque de l'Etat turc.
Si Recep Tayyip Erdogan est adulé par ses partisans, il est également honni par de nombreux Turcs qui le taxent d'autoritarisme et lui reprochent, entre autres, d'avoir brutalement réprimé des manifestations en 2013.
Adversaire déclaré des nouvelles technologies et des réseaux sociaux dont il tente de limiter l'influence, Recep Tayyip Erdogan leur doit peut-être l'échec du coup d'Etat qui le visait. Il a ainsi eu recours à une application de visioconférence pour s'adresser à la nation et appeler ses partisans à descendre dans la rue pour défendre le gouvernement.
Le président turc a mis en cause l'opposant Fethullah Gülen, qu'il accuse de longue date de noyauter les instances judiciaires et militaires pour le renverser. Le prédicateur réfugié aux Etats-Unis a toutefois condamné samedi la tentative de coup d'Etat et s'est dit étranger à cette dernière.
Les condamnations sont également venues de l'étranger où de nombreuses chancelleries ont exprimé leur soutien au gouvernement turc.
Le président Barack Obama et son secrétaire d'Etat, John Kerry, ont ainsi considéré "que toutes les parties en Turquie doivent soutenir le gouvernement démocratiquement élu, faire preuve de retenue, éviter la violence et les effusions de sang", dit la Maison blanche dans un communiqué.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a également condamné le coup de force en Turquie et salué la "grande maturité" et le "courage" de la population turque qui s'est engagée "pour le respect de ses institutions".
Vendredi soir, les putschistes semblaient pourtant en position de force. Des militaires avaient fait irruption au siège de la TRT, la télévision publique, dont un présentateur a lu un communiqué accusant le gouvernement de porter atteinte à la démocratie et à la laïcité et annonçant l'instauration d'un couvre-feu national et de la loi martiale.
La TRT a ensuite cessé d'émettre mais les émissions ont repris aux premières heures de samedi après ce que le personnel a qualifié de prise d'otages.
Des avions de combat et des hélicoptères ont survolé Ankara tandis que des soldats bloquaient à Istanbul le pont enjambant le Bosphore qui sépare les rives asiatiques et européennes.
Samedi matin, les députés étaient réfugiés dans le Parlement, lui même sous le feu de chars des putschistes. Un député de l'opposition a dit à Reuters que le Parlement avait été touché à trois reprises et que plusieurs personnes avaient été blessées.
La dynamique du coup d'Etat s'est cassée dans la nuit lorsque des milliers de manifestants sont descendus dans la rue, défiant le couvre-feu et se réunissant sur les principales places d'Ankara et Istanbul, brandissant des drapeaux turcs et scandant des slogans hostiles aux putschistes.
"Nous avons un Premier ministre, nous avons un chef, nous n'allons pas laisser ce pays s'effondrer", criait un homme près de l'aéroport d'Istanbul alors que des partisans du gouvernement montaient sur un char.
La colonie tunisienne saine et sauve
Le ministère des Affaires étrangères annonce dans un communiqué publié hier que la colonie tunisienne résidant en Turquie est saine et sauve.
Le ministère précise que l'ambassade de Tunisie à Ankara et le consulat général à Istanbul suivent de près l'évolution de la situation dans ce pays.
Concernant les Tunisiens bloqués à l'aéroport d'Istanbul, le ministère des Affaires étrangères indique qu'ils seront rapatriés dès que le couvre-feu instauré par les autorités turques sera levé.
A propos des vols de Tunisair vers l'aéroport d'Istanbul
Le transporteur aérien national, Tunisair, a annoncé, hier, que ses vols vers l'aéroport Ataturk à Istanbul (Turquie) reprendront leur rythme normal dès l'amélioration de la situation sécuritaire en Turquie où le trafic aérien a été perturbé suite aux évènements de désordre survenus vendredi 15 juillet 2016.
D'après le même communiqué, actuellement les aéroports turcs sont ouverts, alors que les services de vérification des passeports sont perturbés, bloquant ainsi les opérations d'enregistrement.
Tunisair a rappelé que le départ du vol n°216 depuis Tunis vers Istanbul aura lieu à 16h55mn et à 21h pour le vol n°214 vers la même destination.
Pour de plus amples informations, les voyageurs peuvent contacter le centre d'appel sur le numéro 81 107 777, ou alors les numéros 70 101 300 ou 70 103 700 à partir de Tunis et de l'étranger.
Soutien occidental à Ankara
De nombreux pays occidentaux, parmi lesquels les Etats-Unis et la France, mais aussi des pays considérés comme des rivaux d'Ankara ont condamné la tentative de coup d'Etat qui a ébranlé le pouvoir turc dans la nuit de vendredi à samedi.
Le président américain, Barack Obama, et le secrétaire d'Etat, John Kerry, considèrent "que toutes les parties en Turquie doivent soutenir le gouvernement démocratiquement élu, faire preuve de retenue, éviter la violence et les effusions de sang", dit la Maison blanche dans un communiqué.
Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, est souvent taxé d'autoritarisme en Turquie et sa politique étrangère lui a valu de nombreuses crises diplomatiques, notamment avec Israël, l'Iran, la Russie et l'Union européenne.
Ankara reste toutefois un allié essentiel des Etats-Unis, qui utilisent la base turque d'Incirlik dans le cadre de la lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI) et la cite souvent en exemple dans le monde musulman, malgré des atteintes à la liberté d'expression.
Washington a toutefois reproché ces dernières années à la Turquie de ne pas faire le nécessaire pour combattre l'EI en Syrie. Erdogan s'est quant à lui indigné du soutien des Etats-Unis aux rebelles kurdes syriens proches des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Hillary Clinton, candidate démocrate à l'élection présidentielle du 8 novembre, a elle aussi exprimé son soutien au gouvernement turc et a dit suivre les événements "avec une grande inquiétude".
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a pour sa part décrit la Turquie comme "un allié estimé au sein de l'Otan".
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a également condamné le coup de force en Turquie et salué la "grande maturité" et le "courage" de la population turque qui s'est engagée "pour le respect de ses institutions".
La France espère en outre "que la démocratie turque sortira renforcée de cette épreuve et que les libertés fondamentales seront pleinement respectées", dit également le chef de la diplomatie française dans une déclaration écrite.
Son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, s'est dit "profondément préoccupé par les récents développements en Turquie".
Donald Tusk, président du Conseil européen, et Federica Mogherini, porte-parole de la diplomatie européenne, qui se trouvaient en Mongolie pour un sommet du dialogue Europe-Asie, ont réclamé le respect de l'ordre constitutionnel.
"La Turquie est un partenaire clé pour l'Union européenne. L'UE soutient pleinement le gouvernement élu, les institutions du pays et l'état de droit", a déclaré Donald Tusk.
"La stabilité, la démocratie et la sécurité sont des priorités pour le peuple turc", a dit quant à lui Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, sur Twitter.
La Chine a souhaité le rétablissement de l'ordre et de la stabilité au plus vite, par la voix de son ministère des Affaires étrangères.
L'Arabie saoudite a elle aussi salué l'échec du coup de force. Citant un responsable du ministère des Affaires étrangères, l'agence de presse SPA écrit que le "royaume se réjouit du retour à la normale sous la direction (...) du président Tayyip Erdogan et de son gouvernement élu, conformément à la légitimité constitutionnelle et aux voeux du peuple turc".
Rival de la Turquie au Moyen-Orient, l'Iran a également exprimé son soutien au gouvernement turc par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
Moscou et Tokyo ont exprimé leur inquiétude par les voix de Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, et du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, qui a dit "espérer que la situation se normalisera rapidement et que la paix et l'ordre seront restaurés".
Boris Johnson, nouveau chef de la diplomatie britannique, s'est lui aussi dit "très inquiet" pour la Turquie, où des milliers de Britanniques et d'autres Européens passent leurs vacances.
En Syrie, en revanche, des centaines de partisans de Bachar al Assad, dont Erdogan est l'un des plus virulents détracteurs, sont descendus dans les rues pour célébrer la tentative de coup d'Etat et des tirs de joie ont retenti à Damas.
Huit militaires turcs arrêtés en Grèce
Le ministère grec de l'Intérieur a annoncé hier l'arrestation de huit militaires turcs arrivés en Grèce à bord d'un hélicoptère de l'armée turque.
Leur appareil, un Black Hawk, a atterri en milieu de journée à Alexandroupolis, une ville du nord-est de la Grèce située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière turque.
Les huit hommes ont aussitôt demandé l'asile politique, a précisé le ministère de l'Intérieur. Deux sources gouvernementales grecques ont indiqué que leurs requêtes seraient examinées par les autorités. Ils doivent comparaître dimanche devant un magistrat.
Le ministre turc des Affaires étrangères a fait savoir via Twitter qu'il avait demandé à Athènes de les remettre aux autorités turques. Selon la chaîne de télévision publique grecque ERT, les hommes arrêtés ont pris part à la tentative de coup d'Etat qui a ébranlé le pouvoir turc dans la nuit de vendredi à samedi.
L'hélicoptère à bord duquel les huit hommes ont pris la fuite va être restitué à la Turquie, ont dit les sources.
Les putschistes, un groupe kémaliste ?
Les auteurs du coup d'Etat manqué du 15 juillet ne sont pas encore identifiés. Mais la terminologie de leur communiqué indique qu'il s'agit probablement d'un groupe kémaliste, qui s'oppose aux dérives islamistes et liberticides du Président Erdogan. Le communiqué publié par les putschistes montre qu'un groupe de généraux et d'officiers désirait renverser le gouvernement, au nom «de la démocratie, de la liberté d'expression et de l'état de droit». Il critiquait nommément le Président de la République et le Premier ministre, «qui ont violé la Constitution et les valeurs universelles du droit». Auto-proclamé «Conseil de la Paix dans le Pays», le groupe de putschistes cite dans son communiqué Mustapha Kemal Ataturk, premier président de la république turque: «Paix dans le monde, paix dans le pays».
Recep Tayyip Erdogan et Binali Yildirim, respectivement Président de la République et Premier ministre, comme tous les porte-paroles du pouvoir, ont répété que les putschistes appartenaient tous à la secte islamiste de Fetullah Gülen. «Le Haut Conseil Militaire devait se réunir dans deux semaines pour les nouvelles nominations et les licenciements au sein de l'armée. Les partisans de Gülen avaient compris qu'ils seraient écartés de l'armée, c'est pourquoi ils ont fait un pas pour survivre», analyse Abdulkadir Selvi, chroniqueur très proche du gouvernement.
D'abord alliée d'Erdogan, la confrérie Gülen, qualifiée «d'organisation terroriste» par le pouvoir, est devenue l'ennemie numéro un du pouvoir turc, convaincu depuis 2013 que ses adeptes cherchent à le renverser. Son prédicateur, Fethullah Gülen, vit depuis 1999 en exil aux Etats-Unis.
Les milieux kémalistes évoquaient depuis au moins un an la possibilité d'un coup d'Etat, à cause du «mécontentement populaire» et de la «violation des règles fondamentales de la République et du kémalisme».


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