Bertrand Marchand peut jubiler. Mieux encore, il peut bomber le torse. Ne vient-il pas de réussir là où plusieurs avant lui ont échoué ? Le technicien français n'a jamais plié devant la provocation et, fidèle à la réputation des Bretons, il n'a jamais cédé devant la pression. Au Club Africain, comme à l'Etoile, ses détracteurs furent nombreux. Avec les « Rouge et Blanc », il a réussi à qualifier son ex-équipe à la prochaine édition de la Champion's League sans que ses employeurs ne lui reconnaissent aucun mérite... Et pourtant, il s'agit de la meilleure performance du Club Africain de ces dix dernières années. Son divorce avec le club de Bab Jedid ne s'est pas fait à l'amiable et un litige l'oppose aux dirigeants clubistes qui lui réclament des sous. En fait, ces derniers lui reprochent d'avoir perdu le titre de champion de Tunisie au profit de l'Etoile et d'avoir rallié les rangs de cette dernière alors qu'il était encore sous contrat avec eux... Autre version connue de tous, l'intention avouée des dirigeants clubistes de se séparer de leur entraîneur plusieurs journées avant la fin du championnat écoulé... A Sousse, marchand a atterri dans une équipe auréolée d'un titre de champion qui la fuyait depuis des années et succédait en même temps à un certain Faouzi Benzarti que l'on croyait inamovible après ce sacre. Autant dire que sa mission ne s'annonçait pas de tout repos. Pourtant, il a encore une fois su être à la hauteur en réussissant un pari fou, celui d'être le premier entraîneur en Tunisie à remporter le plus prestigieux titre africain au niveau des clubs dans sa nouvelle version. La tête sur les épaules Durant presque toute la campagne africaine, il a fait preuve de lucidité et, les rares fois où les choses ne sont pas allées comme il le souhaitait, il a toujours su rectifier le tir. Marchand n'a jamais perdu le Nord, dans la défaite comme dans la victoire, il ne s'est jamais dérobé devant les médias. Toujours disponible, l'entraîneur étoilé n'a jamais cherché à s'approprier un bon résultat et, sous sa houlette, les joueurs étoilés se sont sentis valorisés... Après le nul concédé au match aller face à Al Ahly et la défaite essuyée devant le Stade Tunisien à Sousse, on avait craint le pire pour l'Etoile, d'autant qu'elle s'apprêtait à disputer le match retour au Caire sans deux piliers de sa défense, à savoir Ghezel et Mériah. Une fois encore, Marchand a su corriger beaucoup de choses et aligner un ensemble homogène et complémentaire. Le résultat, nous le connaissons tous, un titre de champion d'Afrique remporté de haute lutte dans l'antre d'un géant du continent. La première chose à faire pour tous ceux qui ont douté des compétences du Breton, c'est de se faire oublier pendant un certain temps et surtout de ne pas chercher à s'approprier un quelconque mérite dans ce sacre... La vie continue pour l'Etoile qui rencontrera jeudi prochain le Club Africain. Le hasard du calendrier a voulu que Marchand retrouve sur son chemin un club qui ne l'a pas soutenu. Pis encore, sans aller jusqu'à mettre en doute ses compétences, un club où on disait de lui qu'il était un formateur et non pas un compétiteur... Jeudi prochain, il sera aux commandes de l'Etoile avec dans son escarcelle une médaille convoitée par tout entraîneur ambitieux, celle d'un Champion d'Afrique...