Le jeune homme n'avait apparemment aucun lien avec l'organisation Etat islamique (EI), a déclaré hier la police bavaroise. Cet adolescent germano-iranien de 18 ans, né à Munich où il a également grandi, semble avoir agi seul, sans le soutien du groupe djihadiste qui a revendiqué l'attentat de Nice du 14 juillet et une attaque dans un train allemand lundi, a précisé le chef de la police de Munich, Hubertus Andrä. "D'après nos investigations, rien n'indique qu'il y ait un lien avec l'Etat islamique" ou la question des réfugiés, a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Les enquêteurs sont arrivés à cette conclusion à l'issue d'une perquisition menée hier à l'aube au domicile du tireur, qui faisait par ailleurs l'objet d'un suivi psychiatrique et n'était pas connu des services de police. Armé d'un pistolet, il a été trouvé mort après s'être apparemment suicidé d'une balle dans la tête. La police a dit avoir trouvé 300 balles dans le sac à dos qu'il portait. Dans la matinée, les autorités allemandes avaient jugé prématuré de qualifier l'acte de "terroriste". La chancelière allemande, Angela Merkel, a réuni ses principaux conseillers en matière de sécurité nationale et devait s'exprimer samedi à 12h30 GMT. La police avait dans un premier temps dit rechercher trois suspects en fuite, sur la base de témoignages. Mais les autorités ont ensuite privilégié la piste d'un tireur solitaire, qui a ouvert le feu sur un restaurant de restauration rapide avant de se diriger vers le centre commercial Olympia, dans le nord de Munich. La fusillade a fait 10 morts, en comptant le tireur, et 27 blessés, dont quatre ont été touchés par balles, selon Hubertus Andrä. Trois ressortissants turcs figurent parmi les morts, selon le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, qui s'est exprimé sur la chaîne de télévision NTV. Le chef de la police de Munich a déclaré que les enquêteurs n'avaient pas constaté de similitudes avec l'attaque à la hache commise par un jeune demandeur d'asile de 17 ans lundi dernier en Bavière, qui a fait cinq blessés et a été revendiquée par le groupe extrémiste sunnite Etat islamique. La police a dit examiner une vidéo dans laquelle apparaît le tireur et où l'on entend des échanges d'insultes racistes avec un autre homme. "Nous essayons de déterminer qui a dit quoi", a déclaré un porte-parole. Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré que le mobile n'était pas clair. "Les motifs de cet acte abominable n'ont pas encore été complètement clarifiés, nous disposons encore d'indices contradictoires", a dit le ministre des Affaires étrangères. Sur les réseaux sociaux, des partisans de l'EI se sont réjouis de l'attaque, qui n'a pas été revendiquée. L'Elysée a qualifié dans la nuit l'attaque de "terroriste" et François Hollande devait s'entretenir hier matin avec Angela Merkel, à laquelle il a envoyé un "message personnel" dès le début des événements, précise l'Elysée. Vendredi, des centaines de personnes étaient dans les rues de Munich, réunies dans le cadre d'une fête de la bière. Elena Hakes, habillée d'une robe traditionnelle, était sur l'Odeonsplatz avec un ami. "Nous avons entendu ce qui était arrivé et nous avons décidé de partir, ça ne paraissait plus approprié de continuer à faire la fête", a-t-elle dit. La journée de vendredi correspondait aussi au cinquième anniversaire du massacre de 77 personnes perpétré en Norvège par Anders Behring Breivik, devenu depuis lors un héros pour certaines franges d'extrême droite en Europe et en Amérique. Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Borge Brende, a dit sur Twitter: "Horrible tuerie à Munich. Qui a lieu le jour même où nous sommes en deuil et nous souvenons de la terreur consternante qui a frappé la Norvège il y a cinq ans." Le centre commercial visé vendredi se trouve à proximité du stade olympique de Munich, où le groupe palestinien Septembre noir avait pris en otages 11 athlètes israéliens avant de les abattre, lors des Jeux olympiques d'été 1972. Essebsi dénonce un "crime odieux" Le président de la République, Béji Caïd Essebsi a adressé, hier, un message de condoléances à son homologue allemand Joachim Gauck et à la chancelière Angela Merkel, à la suite de la fusillade survenue, avant-hier soir dans un centre commercial de Munich causant la mort de plusieurs civils. Le chef de l'Etat a condamné, avec la plus grande fermeté, "un acte criminel et odieux" qui a visé des citoyens innocents, réaffirmant la solidarité entière de la Tunisie avec l'Allemagne en cette circonstance douloureuse, lit-on dans un communiqué de la présidence de la République. Dans ce message, Caïd Essebsi a exprimé au nom du peuple tunisien, sa profonde sympathie et ses sincères condoléances aux familles des victimes, souhaitant prompt rétablissement aux blessés.