« Bribes d'histoires » est une rubrique hebdomadaire qui traite chaque mois d'un thème unique sous différents angles. Pour cette deuxième série d'articles et à l'occasion de l'été, saison des aventures par excellence, le choix s'est porté sur les globe-trotters tunisiens. En avion, par bateau, en voiture ou à bicyclette, ces passionnés de voyages partent chaque année à la découverte de nouvelles contrées parfois proches, souvent lointaines mais toujours insolites. Aventuriers infatigables, ils parcourent les distances, visitent les sites, découvrent de nouvelles cultures, se lient d'amitié avec des inconnus, abreuvent leurs âmes d'éternels souvenirs et sourient à la vie. Ne dit-on pas que rester, c'est exister et voyager c'est vivre ? Partir, encore et toujours. Déployer ses ailes, découvrir, apprendre, repousser ses limites et collecter les souvenirs, voici ce qui fait vibrer Adam Yassine et donne un sens à sa vie. Pour cet ingénieur de 31 ans, les voyages sont synonymes d'un grand plongeon dans le vide. Il n'aime pas les programmes organisés, les chemins classiques, les sentiers battus. Son grand dada, c'est l'aventure au sens propre. Un peu à la façon d'Indiana Jones, il s'aventure là où on l'attend le moins, visite des sites inattendus, s'éloigne le plus possible des grandes villes et savoure chaque surprise que lui réserve son voyage, bonne soit-elle ou mauvaise. Adam Yassine a la bougeotte et a déjà visité l'Inde, le Sri Lanka, la Thaïlande, la Malaisie, le Cambodge, les Philippines, la Birmanie, le Laos, la Turquie, l'Algérie, Oman, l'Egypte, l'Espagne, la France, les Pays-Bas et la Serbie. Mais avant de dépasser les frontières de son pays, il a tenu à sillonner la Tunisie du nord au sud et en a visité les 24 gouvernorats. C'est au cours de ces petites escapades qu'il a attrapé le virus du voyage et a décidé d'aller plus loin découvrir le monde. Il raconte à ce propos : « Je rêvais toujours de partir voir ce qui se passait ailleurs dans le monde car j'avais toujours un sentiment que la vie était bien plus qu'un cycle infini incluant boulot, dodo, métro. J'ai visité la Tunisie de long en large mais je me sentais toujours limité et je voulais passer à un autre niveau de découverte. Donc, à 24 ans, j'ai entrepris mon premier voyage. » Depuis, il n'arrête pas, enchaînant les destinations et les aventures. Une passion dévorante qui lui permet sans cesse de dépasser ses limites, surmonter ses peurs, oser l'inimaginable et gérer l'imprévu. Il déclare à ce propos: « Les voyages sont un tsunami d'événements. Quand tu visites un pays, tu n'as pas forcément connaissance de toutes ses lois et coutumes et donc tu essaies de t'y aventurer et de t'y amuser en faisant attention à ce qui t'entoure. C'est un ascenseur émotif incroyable qui te permet d'explorer les coins cachés de ta personnalité et de connaître tes vraies limites. Les voyages te permettent aussi de prendre conscience que ni toi, ni ton pays n'êtes au centre du monde. » Au pays des Pharaons Lundi dernier, Adam Yassine est rentré d'Egypte où il a vécu une expérience incroyable. A court d'argent, il a dû se débrouiller pour se nourrir, se loger et se déplacer. Un voyage qui n'aura pas été de tout repos pour le jeune homme mais dont il gardera un souvenir inébranlable. Au cours de ce périple, il a visité le Caire bien sûr puis s'est aussi rendu à Gizeh, Assiout, Louxor et Assouan. D'aventures en mésaventures, Adam Yassine gardera en mémoire ces précieux moments où il affrontera l'inconnu avec insouciance et intrépidité. Il se remémore encore sa visite à l'imposant temple d'El Karnak, les Pyramides, la momie de Ramsès 2 dont il découvrira le glorieux passé et en sera impressionné mais aussi le plat de foie bien garni coûtant à peine l'équivalent de 3 dinars, sa ballade sur les rives du Nil ou encore sa partie de pêche avec de modestes pêcheurs locaux à Louxor. De retour en Tunisie, il publiera un statut sur sa page de voyage sur les réseaux sociaux dans lequel il écrira que cette aventure, à l'instar de toutes celles qu'il a déjà vécues et malgré toutes les difficultés rencontrées, a une valeur inestimable à ses yeux car elle l'a enrichie aussi bien en connaissance qu'en confiance en soi et en sa débrouillardise. Il raconte d'ailleurs un épisode qui l'a marqué et dont il se souvient avec émotion: « Une fois, dans un coin reclus des Philippines, des gangsters armés ont voulu me braquer. Il faisait nuit et c'était dans un endroit désertique, loin du village où je logeais. Je me suis alors dirigé vers eux calmement et je leur ai dit que je venais d'un pays très loin et que j'étais en visite dans leur beau pays. Je leur ai ensuite tendu mon petit sac qui contenait mon passeport, mon argent et tout ce que j'avais. Je leur ai dit qu'ils pouvaient le prendre mais que dans ce cas, ils allaient m'empêcher de rentrer chez moi en Tunisie et que je resterai bloqué longtemps ici.Je leur ai enfin demandé si c'était ce qu'ils voulaient et comment ils se sentiraient s'ils étaient à ma place. L'un deux m'a regardé visiblement ému par mes propos. C'est là qu'ils ont changé d'attitude, m'ont escorté jusqu'au village et m'ont même proposé de l'aide aussi. Cet incident m'a appris qu'en chacun de nous il y a un bon côté et qu'il suffit juste de le chercher. J'ai certes pris un grand risque, ce jour-là, mais j'ai aussi appris qu'en affrontant le dragon, on pouvait éteindre ses flammes. » Carnets de voyages Adam est de ceux qui aiment rêver les yeux grands ouverts et ne reculent devant aucun obstacle. Le manque d'argent ne l'a jamais empêché de voyager. Il s'agit d'abord, d'après lui, d'être à l'affût des promotions lancées par les compagnies aériennes. Ensuite, côté logement, il existe désormais sur la toile des sites assurant un service d'hébergement temporaire et gratuit, de personne à personne. Pour la nourriture, Adam recommande de manger dans des endroits populaires. Enfin, il conseille à ceux qui désirent voyager à petits prix, d'être flexibles, de quitter leur zone de confort et de sacrifier leur « luxe » habituel afin de pouvoir découvrir le monde. Interrogé sur le peuple qui l'a le plus impressionné jusqu'ici, il répond sans hésitation: les Philippins ! Il explique son choix: « C'est le peuple le plus heureux au monde, du moins à mon avis. Malgré les problèmes politiques, la crise économique et la pauvreté, ces gens sont magnifiques. Les paysages qui les entourent sont à couper le souffle et ce que j'ai le plus apprécié c'est qu'il n'y a pas de tourisme de masse, contrairement à la Thaïlande, ce qui rend le comportement des gens plus souple vis-à-vis des étrangers et des touristes. Adam Yassine affirme que chaque nouvelle personne qu'il rencontre lors de ses voyages l'enrichit. Ayant le contact facile, il n'hésite pas lors de ses périples à l'étranger à aller vers les locaux, à discuter et à plaisanter avec eux et même à leur demander de l'héberger pour s'imprégner complètement de la culture locale. Il essuie parfois des refus et d'autres fois, il est accueilli les bras grands ouverts. La langue? Pas de souci! Il réussira à se faire comprendre avec de la gestuelle, ce qui n'enlève rien au comique de la situation. Adam Yassine est aussi de ceux qui observent longuement les gens et accordent de l'importance aux détails. Son côté humain et sa curiosité le poussent souvent à aborder des gens dont le regard l'intrigue. Un jeune papa qui élève seul ses enfants, un petit jeune qui travaille dur pour subvenir aux besoins de sa famille, une petite mendiante qui erre dans les rues... Autant d'histoires qu'il apprendra, qui le toucheront et qui nourriront, au fur et à mesure, son empathie et le rendront plus tolérant, accessible, humain. Pour Adam Yassine, le voyage ce n'est pas seulement de visiter de nouvelles villes. C'est aussi et surtout pour lui des moments de partage avec des inconnus qu'il ne reverra probablement jamais et qui laisseront, chacun à sa manière, une trace dans son cœur. Pour Adam Yassine, il faut apprécier chaque instant et en faire une richesse et une source de bonheur et de savoir. Toujours selon lui, le meilleur plan c'est de n'en avoir aucun justement pour savourer l'instant présent et se laisser entraîner aussi loin que possible par l'imprévu et l'aventure afin de nourrir continuellement son âme d'aventurier.