Le groupement de la fonction publique relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a décidé de tenir une réunion extraordinaire durant le week-end prochain pour prendre les mesures adéquates suite au refus du gouvernement d'adopter un décret relatif au reclassement des fonctionnaires selon leurs diplômes. Ce reclassement avait fait l'objet d'un accord conclu en mars dernier entre le gouvernement et l'UGTT après d'âpres négociations. «Le gouvernement a clairement fait machine arrière en ce qui concerne le reclassement des fonctionnaires dont les grades ne correspondent pas aux diplômes qu'ils détiennent, portant ainsi préjudice à la crédibilité du dialogue social», déplore Hfaëidh Hfaïedh secrétaire général adjoint de la centrale syndicale chargé de la fonction publique. «Nous envisageons de programmer une série d'activités revendicatives et de mouvement de protestations qui seront couronnées, en cas e nécessité, par une grève générale pour protester contre ce revirement inacceptable du gouvernement», a-t-il ajouté. Le reclassement des agents de la fonction publique selon leurs diplômes concerne quelque 42.000 fonctionnaires exerçant dans les divers ministères, les collectivités locales et les établissements publics à caractère administratif. Il s'agit notamment des fonctionnaires titulaires de diplômes sanctionnant trois années de formation universitaire, ce qui correspond à la licence dans le système Licence-Master-Doctorat (LMD). Ces derniers devraient passer conformément à l'accord initial de la catégorie «A3» à celle «A2». Les agents et les cadres titulaires de diplômes obtenus lors de sessions de formation continue ou de diplômes délivrés par l'Ecole nationale d'administration (ENA) devraient aussi être reclassés suite à l'examen de leur dossiers par une commission technique ad hoc regroupant des représentants du gouverne mènent et des syndicats. Cette commission technique pourrait inviter les candidats à passer des concours internes ou des tests d'évaluation. Les centres sectoriels de la formation professionnelle seront chargés de l'organisation de ces tests et concours externes. Selon des sources officielles, le gouvernement a refusé le décret relatif au reclassement des fonctionnaires selon leurs diplômes en raison de ses importantes répercussions financières. Le gouvernement a en effet évalué l'impact financier de cette mesure à 11 millions de dinars par mois, un montant qui risque de grever davantage le budget de l'Etat en ces temps de marasme économique. Selon les données du Fonds monétaire international (FMI) la masse salariale de la fonction publique est passée de 10,7% en 2010 à plus 13% du PIB en 2015, soit l'équivalent de 35% du budget de l'Etat et l'un des niveaux les plus élevés au monde. Cela s'explique essentiellement par la montée en flèche du nombre de fonctionnaires, lequel a atteint 591.173 en 2014 contre 435.487 en 2010, soit un surplus de 155.686 agents en l'espace de quatre ans seulement !