Une alliance de djihadistes et de rebelles islamistes a renversé la situation hier à Alep où elle était en passe de briser l'encerclement des quartiers insurgés par le régime. Plus au nord, à Manbij, c'est Daech qui a essuyé une défaite, chassé de la ville par les forces coalisées. La lutte continue en Syrie, sur tous les fronts. A Alep, «l'Armée de la Conquête», composée de djihadistes et de rebelles islamistes, continue son offensive dans le but de briser l'encerclement des quartiers insurgés par le régime. En une semaine, plus de 500 combattants du régime syrien et de ses adversaires ont péri, affirme hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Quelque 130 civils ont aussi trouvé la mort dans les affrontements. «La majorité des morts sont des insurgés en raison des bombardements aériens», a indiqué le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. Autre lieu, autre rapport de forces. A Manbij, ce sont les forces coalisées kurdo-arabes, soutenues par l'Occident, qui ont chassé de la ville un autre ennemi, Daech. La reprise de Manbij couronne un peu plus de deux mois de combat dans ce fief des djihadistes du groupe Etat islamique. Le régime «en position difficile» à Alep La «conquête» d'Alep arrivera-t-elle à changer le visage de cette ville meurtrie, divisée depuis 2012 entre les quartiers est, contrôlés par les rebelles, et les secteurs Ouest pro-régime? Les rebelles entendent mettre fin au siège qu'impose le régime aux quartiers rebelles depuis le 17 juillet. Le 31 juillet, les rebelles aidés du groupe jihadiste Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda) ont lancé au sud d'Alep une contre-offensive. Après près d'une semaine d'assaut contre les forces gouvernementales, «l'Armée de la Conquête a pris hier le contrôle de l'académie d'armement, où se trouvent d'importantes munitions, et de la majeure partie de l'académie d'artillerie», au sud de la ville, a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les rebelles islamistes d'Ahrar al-Sham ont diffusé des photos montrant l'intérieur de l'académie d'artillerie d'Alep. L'offensive «est sur le point de couper, par le feu, la route d'approvisionnement menant aux quartiers gouvernementaux» d'Alep, a précisé le directeur de l'OSDH. «Les forces du régime sont dans une position très difficile malgré l'appui aérien russe», a ajouté Rami Abdel Rahmane. Selon lui, si les rebelles s'emparent du quartier gouvernemental de Ramoussa, tout proche des académies, ils pourront faire la jonction avec le secteur rebelle de Cheikh Saïd, et ainsi briser le siège imposé par le régime. Le régime lance une contre-attaque Pour mener à bien leur opération, les djihadistes ont lancé plusieurs voitures piégées et des kamikazes contre le mur d'enceinte des écoles militaires et ont pu pénétrer dans le site à travers les ouvertures obtenues, selon le site pro-régime Almasdar news. Le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), qui fait partie de l'Armée de la Conquête, a annoncé hier la prise de contrôle des deux académies et d'une troisième position militaire dans le même secteur. Selon l'OSDH et la télévision officielle syrienne, les forces du régime ont lancé une contre-attaque pour reprendre le terrain perdu. L'annonce de la prise des académies a, en tous les cas, redonné le moral aux habitants des quartiers rebelles. L'approvisionnement de Daech brisé En regagnant Manbij, les forces démocratiques syriennes ont repris hier aux terroristes de Daech l'un de leurs principaux carrefours d'approvisionnement de la frontière turque vers Raqqa, capitale de facto du groupe djihadiste en Syrie. Ces combattants kurdo-arabes soutenus par l'Occident avaient lancé depuis deux mois leur offensive sur cette localité du nord de la Syrie. «Les forces démocratiques syriennes (FDS) contrôlent depuis hier Manbij et ratissent le centre-ville à la recherche des derniers djihadistes encore présents dans la ville» a affirmé l'OSDH. Avec l'appui aérien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, les FDS avaient repris dans un premier temps plusieurs localités et villages autour de Manbij puis étaient entrées le 23 juin dans cette ville de la province d'Alep. Depuis, ils y avaient cependant progressé lentement en raison des contre-attaques des djihadistes.