Le Temps-Agences- La réussite de l'intégration des étrangers dans les pays occidentaux exige le double engagement de l'Etat d'accueil et de l'immigré, ont plaidé hier à Berlin le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel, avant un conseil des ministres franco-allemand. Venu visiter par un temps gris et froid une école franco-allemande du nord de Berlin comptant de nombreux enfants de l'immigration, M. Sarkozy, rappelant ses propres origines étrangères, a estimé que l'immigration clandestine est "le premier adversaire" de l'immigration légale et de l'intégration. En présence des élèves de l'école Romain Rolland, de son Premier ministre François Fillon et de la chancelière, le président a prévenu: "si on n'a pas le courage de maîtriser les flux migratoires, on ne réussira pas l'intégration car nos systèmes sociaux explosent". "Les bons sentiments, c'est très nécessaire, mais nous, nous avons des responsabilités sur les épaules", a-t-il ajouté. "L'intégration c'est une double volonté, la volonté d'accueillir et la volonté de respecter la culture du pays d'accueil", a insisté le chef de l'Etat. Les étrangers doivent respecter les lois, la langue et la culture de leur pays d'accueil, a observé le président, soulignant que les sociétés occidentales ne pouvaient accepter "les comportements moyenâgeux", comme le fait d'empêcher les femmes retenues à la maison d'apprendre la langue française. Ces sociétés sont fondées sur l'égalité homme-femme et ne peuvent admettre la polygamie et le mariage forcé, a-t-il ajouté. Appelant pour sa part à un "changement de mentalités" favorisant un accueil humain, la chancelière Angela Merkel a souligné que "l'intégration n'est pas une voie à sens unique" et que "les Allemands aussi doivent faire preuve d'ouverture". Il faut que "les jeunes qui arrivent puissent avoir les mêmes chances que ceux qui résident en Allemagne depuis des siècles", a-t-elle dit, citant les Huguenots français, ces protestants chassés de France à la fin du XVIIe siècle, "qui ont beaucoup apporté à Berlin". Elle a aussi rendu hommage à l'immigration polonaise et exhorté son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) à s'ouvrir à la présence de députés d'origine turque. Selon le vœu commun de Paris et de Berlin, les ministres français et allemands avaient choisi hier de plancher sur le thème sensible de l'intégration. Ils se sont rendus sur divers projets pilotes à travers la capitale allemande. C'est ainsi que la ministre française de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie s'est rendue avec son homologue Wolfgang Schäuble dans un gymnase géré par une association qui favorise l'intégration par le sport. De son côté le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a participé avec son collègue Frank-Walter Steinmeier à l'enregistrement d'une chanson composée par de jeunes artistes turcs et vantant les différences dans une société multiculturelle. Une réunion plénière à la chancellerie devait rassembler les deux gouvernements pour la huitième fois depuis 2003. Elle devait être précédée d'un entretien pendant lequel M. Sarkozy et Mme Merkel devaient passer en revue les grands dossiers internationaux comme le Kosovo, le Liban, l'Iran ou le Darfour. Des thèmes qui fâchent comme la politique énergétique et industrielle étaient aussi susceptibles d'être abordés, notamment lors de rencontres bilatérales.