Depuis sa nomination à la tête de l'Instance Vérité et Dignité, Sihem Ben Seddrine n'a cessé de défier, ouvertement et publiquement, les différents verdicts du Tribunal administratif. Une nouvelle affaire vient de voir le jour après que la députée du bloc parlementaire du mouvement de Nidaa Tounes, Meriem Boujbal, ait rendu publique une correspondance adressée par Mustapha Baâzaoui et Lilia Bouguira, deux membres de l'Instance, au bureau de l'Assemblée des représentants du peuple. Dans leur lettre, les deux concernés ont demandé à s'entretenir avec les présidents des blocs parlementaires et ce afin de leur transmettre ce qu'ils endurent au sein de l'IVD au quotidien. Selon le document, Mustapha Baâzaoui et Lilia Bouguira se font régulièrement agresser verbalement par Sihem Ben Seddrine. Ben Seddrine ferait en effet subir des pressions et des violences verbales à ces deux membres après qu'ils aient, tous deux, déposé une plainte auprès du Tribunal administratif concernant la non-légitimité de la nomination d'un second vice-président – Khaled Krichi – à la tête de l'Instance. Estimant que la plainte en question est une violation au devoir de réserve, Ben Sedrine aurait menacé les deux membres de les licencier de l'Instance en se basant sur le vote de la majorité du Conseil de l'IVD. En attendant, Mustapha Baâzaoui et Lilia Bouguira se sont vu exclus de toutes les activités de l'Instance. L'affaire remonte au verdict du Tribunal administratif ayant annulé le renvoi du vice-président de l'Instance, Zouhaier Makhlouf. En dépit de ce verdict, Ben Sedrine a formellement interdit à Makhlouf de reprendre ses activités au sein de l'IVD. Défiant encore plus les lois, elle a organisé des élections internes afin de remplacer Zouhaier Makhlouf. Toutefois, Mustapha Baâzaoui et Lilia Bouguira ont refusé de prendre part à cette action et ont préféré porter plainte. Quelques semaines plus tard, le Tribunal leur a donné raison et a annulé l'élection de Khaled Krichi. Sans aucune surprise, Sihem Ben Sedrine a royalement ignoré ce verdict et a continué à travailler en gardant Krichi en tant que vice-président. Aujourd'hui alors que les agissements de la présidente de l'IVD sont connus de tous, il devient illogique de voir les députés rester sans aucune réaction. Celle qui est supposée garantir le processus de la justice transitionnelle en Tunisie postrévolutionnaire est la même qui est en train de défier l'Etat et sa justice. Bien qu'elle ait fait pire en termes de provocation – quelques semaines avant l'élection présidentielle, en 2014, lorsqu'elle avait tenté de récupérer les archives du palais présidentiel par la force et qu'il avait fallu que la garde présidentielle l'en empêche –, cet entêtement à ignorer les verdicts juridiques risque non seulement de nuire à la Justice tunisienne et au processus de la justice transitionnelle mais aussi, et surtout, cela risque d'amplifier ce sentiment d'impunité qui ravage le pays depuis la révolution. Maintenant que l'affaire est rendue publique, le bureau de l'ARP est aujourd'hui appelé à examiner la requête de Mustapha Baâzaoui et Lilia Bouguira et d'y répondre dans les plus brefs délais.