Dans le cadre de la mise en application de l'approche participative dans la préparation des plans annuels d'investissements communaux, les citoyens et les organisations de la société civile seront, à partir du budget de 2017, des partenaires à part entière dans cette opération en bénéficiant du pouvoir de s'opposer aux plans annuels d'investissement de leurs municipalités quand ils estiment que ces plans comportent des lacunes flagrantes et de les voter pour les approuver ou les renvoyer en vue de les ajuster. La capitale Tunis a abrité hier un colloque inter-régional sur toutes ces questions à destination des cadres et agents des municipalités des gouvernorats du Nord, dont les travaux ont été ouverts par le ministre des Affaires locales et de l'Environnement, Riadh Mouakher, en présence de quelque 220 participants. Ces réformes radicales de l'action municipale s'inscrivent dans le cadre de la concrétisation des dispositions de la nouvelle Constitution tunisienne relatives à la mise en place de la décentralisation et de la démocratie locale au niveau de l'action municipale et régionale et ce en donnant aux municipalités et aux collectivités locales en général l'indépendance effective dans la gestion des affaires locales et régionales et en leur conférant de très larges prérogatives dans l'administration des services locaux selon le principe de la libre gestion. La participation des citoyens et des organisations de la société civile à l'action municipale et régionale est restée jusqu'à présent symbolique et se bornait à assister aux réunions du conseil municipal et à émettre quelques observations, sans plus. La participation était très faible et n'avait aucun impact sur les décisions municipales et régionales à l'instar de la manière de gérer les affaires publiques en général au niveau de l'Etat, ce qui a grandement affecté la confiance des citoyens dans les rouages de l'Etat et l'administration. Grâce à l'approche participative devant être appliquée dans la préparation des plans annuels d'investissement communaux pour 2017 , soit dès ce mois de septembre 2016 et jusqu'au 31 décembre 2016, les citoyens et les organisations de la société civile vont pouvoir participer de façon directe et effective dans la préparation de ces plans, leur approbation ou leur rejet. Cependant, comme l'ont signalé le ministre des Affaires locales et de l'Environnement et des cadres du ministère ayant animé le colloque, la mise en œuvre de ce nouveau système de l'action municipale y compris le recours à l'approche participative dans l'élaboration des projets et programmes municipaux, ne sera pas aisée, car l'expérience est encore à ses débuts et elle nécessiter un grand effort de sensibilisation à destination des citoyens pour les convaincre. Pour qu'elle soit efficace et à la hauteur des standards, la participation ne doit pas être inférieure à 1,5% de la population municipale, comme par exemple 450 citoyens sur un total de 30 mille habitants. La participation doit aussi être représentative, c'est-à-dire représenter les diverses catégories sociales et les différentes zones de la municipalité. Selon les intervenants, il faut aussi compter qu'à ses débuts, la pratique de la démocratie locale, à l'image de ce qui se produit au niveau national, peut connaître des débordements, voire de l'anarchie et entraver ainsi l'adoption des programmes municipaux, dans les meilleurs délais, et causer des lenteurs dans le bon déroulement de l'action municipale. Aussi outre la sensibilisation des citoyens, le ministre et les autres intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de trouver un équilibre entre la grande marge de manœuvre et de liberté accordée aux municipalités, aux citoyens et aux organisations de la société civile d'une part et les exigences de la bonne gouvernance d'autre part et si un problème ou un différend vient à éclater, il appartient à la justice de le trancher.