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La société civile voit rouge !
Publié dans Le Temps le 18 - 10 - 2016

L'émission « Andi ma nkolek » diffusée le vendredi 14 octobre au soir, n'a pas manqué de susciter l'indignation et l'ire d'une bonne partie des téléspectateurs mais aussi de très nombreux militants de la société civile.
Des propos jugés scandaleux et une attitude humiliante face à une victime de viol de la part de l'animateur Alâa Chebbi sont à l'origine de ce mouvement de colère.
Une plainte sera très prochainement déposée contre lui.
L'une des invitées de la dernière émission « Andi ma nkollek » est une jeune fille âgée de 18 ans, prénommée Hajer, venue raconter son calvaire qui a duré près de 4 ans.
L'âme en peine et le visage flouté, elle a expliqué avoir été maltraitée durant de très longues années par sa belle-mère et avoir été violée dès l'âge de 14 ans par trois de ses proches, tous mariés. Accompagnée de son frère, elle est venue quémander l'indulgence et le pardon de son père qui l'a rejetée et renvoyée de la maison en apprenant qu'elle était enceinte d'un enfant qui n'est pourtant pas le fruit d'amours défendues mais celui d'un viol.
Orpheline à l'âge de 2 ans, ayant abandonné assez tôt ses études, Hajer travaillait dans les champs. C'est là-bas qu'elle a été violée à maintes reprises par le frère et le cousin de sa belle-mère et le cousin de son père.
Menacée par ses tortionnaires et réduite au silence, elle était terrorisée à l'idée que les hommes de sa famille apprennent qu'elle n'était plus vierge. Présent sur le plateau télévisé, son père semble être très attaché aux mœurs et à l'honneur de la famille et dont la rudesse n'a d'égal que l'étroitesse d'esprit. Hajer est aujourd'hui logée par son frère. Elle a accouché depuis de son enfant et vit dans des conditions difficiles. Elle a déposé plainte contre ses bourreaux mais aucune suite n'a été donnée jusqu'ici.
Une victime au banc des accusés
Indépendamment du choix contestable de la jeune fille de dévoiler sa vie privée devant des millions de téléspectateurs dans le cadre d'une émission populaire et populiste, elle n'en demeure pas moins une victime d'agressions sexuelles répétées ainsi que d'un odieux chantage pour garantir son silence.
Alâa Chebbi l'a-t-il traitée comme telle? Aucunement! Sur le plateau et alors qu'elle était en pleurs et totalement effondrée, elle a eu droit à des remontrances et à une longue leçon de morale de la part de l'animateur qui l'a même poussée à avouer qu'elle était en partie fautive et responsable de ce qui lui arrivait.
L'animateur lui a demandé de demander pardon à son père car elle était tombée enceinte sans être mariée. Brisée par son malheur, fragilisée par sa grossesse et intimidée par la présence de son père, Hajer a fini par adhérer aux accusations de Chebbi et s'est accusée, en bafouillant, d'être en partie responsable de son calvaire. L'animateur lui a même proposé d'épouser son violeur pour laver l'affront, sauver l'honneur de sa famille et se faire pardonner son erreur. « Une proposition inadmissible!», se sont insurgés une large frange de Tunisiens.
Tollé général
Suite à la diffusion de cette émission, des militants de la société civile ont lancé une campagne de dénonciation sur la toile et créé une page Facebook intitulée « Epouse ton violeur, dit-il. On se voit au tribunal, lui répondons-nous. ».
Ils ont également adressé des requêtes au délégué général de l'enfance ainsi qu'à ceux à la protection de l'enfance à Kairouan et Sfax et incitent les internautes à en faire de même.
Enfin, ils se préparent à saisir la HAICA et à déposer une plainte contre l'animateur pour banalisation des violences à l'égard des femmes et des victimes de viols.
Dans la lettre adressée aux délégués, on peut lire : « Monsieur, conformément au Code de protection de l'enfance, je vous demande de bien vouloir entamer toutes les procédures et de prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger une enfant en danger. [...] Au cours de l'émission l'animateur s'est permis de la juger, de l'humilier et de lui demander d'épouser son violeur, ce qui, non seulement, ne relève pas de son rôle d'animateur télé, mais constitue de plus une infraction à la loi puisqu'il n'a pas signalé l'affaire à vos services! Ce n'est pas la première fois que cet animateur fait preuve de banalisation des violences envers les femmes et les petites filles, en culpabilisant les victimes rien que pour faire le buzz.
M. Chebbi a mis cette enfant dans une situation de danger encore plus grand, en l'incitant à revenir chez son père qu'elle avait pourtant fui, à cause des violences qu'il lui faisait subir.
Il a également, enfreint la législation de la presse et dépassé ses obligations professionnelles, stipulées dans le cahier des charges de la HAICA, essentiellement dans son annexe relatif aux droits de l'enfance et leur protection dans l'audiovisuel. [...] Monsieur, il est temps que cet animateur et la chaîne pour laquelle il travaille, cessent de banaliser les violences à l'égard des femmes et des petites filles et de diffuser des propos qui attentent à leur dignité et à leurs droits garantis par la Constitution et les lois en vigueur dans notre pays.»
A qui la faute ?
Comme souligné dans la lettre adressée aux délégués, ce n'est pas la première fois que l'animateur banalise les agressions morales et physiques subies par les femmes.
A une femme qui a été giflée par son mari, il a déjà répondu qu'elle devait s'estimer heureuse de n'avoir pas reçu une raclée.
A une femme qui se plaint des infidélités de son mari, il a déjà répondu que ce n'est là qu'une escapade. Jusqu'à quand ces cas sociaux serviront-ils de catalyseurs pour l'audimat des chaînes de télévision? Jusqu'à quand ces citoyens lésés et naïfs serviront-ils de buzz? Jusqu'à quand les malheurs de ces gens contribueront-ils à renflouer les caisses des sociétés de production et à servir d'appât, grâce à un impressionnant taux d'audimat, aux publicitaires.
Qui blâmer en fin de compte? Les victimes désireuses de trouver une solution à tout prix à leurs problèmes, les animateurs en quête de buzz et de célébrité ou encore les businessmen qui, loin de se soucier de la déontologie du journalisme et du ressenti des invités, voient leurs comptes en banques enfler au fur et à mesure des émissions ?


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