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Les entreprises publiques : une bombe à retardement
Publié dans L'expert le 03 - 10 - 2013

Il fut un temps ou le secteur public occupait une place importante dans le paysage économique. Mais, depuis des années, et sous l'effet de la privatisation, et dans le respect de la théorie libérale imposant le désengagement de l'Etat des secteurs concurrentiels, la part du secteur public est en nette régression. Toujours considéré comme le signe de la faillite et de la mauvaise gouvernance, le secteur public est aujourd'hui un fardeau sur l'Etat, et qui paie les frais de son soutien aux politiques gouvernementales. Plusieurs entreprises publiques sont en difficultés financières, qui pèsent sur le budget de l'Etat déjà en souffrance. Les pertes s'accumulent et les difficultés empirent, au point de considérer ces entreprises comme des bombes à retardement.
Des pertes colossales
Selon les estimations de la Banque Mondiale, les pertes des entreprises publiques représentent près de 4% du PIB. En chiffres, ces pertes représentent 2000 milliards de nos dinars, soit 80% du prêt qu'aura la Tunisie du FMI. Ces entreprises ont aussi un grand poids dans l'économie nationale, et représentent plus de 11.5% du PIB (chiffres 2010).
Les pertes enregistrées par les entreprises publiques sont en majorité structurelles, et sont cumulées au fil des années. Certaines entreprises publiques n'ont jamais dégagé de bénéfices depuis des années. Sous l'ère Ben Ali, et dans la vague de privatisation qui a connu son apogée en 2000, on a toujours opté pour la restructuration puis la vente de ces entreprises pour ne pas les vendre à un prix bas. Ces restructurations avaient parfois un coût supérieur à leur prix de vente, sans oublier au passage les coûts sociaux, puisque la restructuration passe toujours par des licenciements et des départs anticipés (CAREP). Selon les responsables de l'époque, la privatisation était perçue comme « un outil permettant de répondre, un tant soit peu, aux impératifs comme aux exigences du renouveau de l'économie tunisienne dans un environnement devenu, de plus en plus, hostile aux modalités managériales paternalistes héritées et exigeant des changements systémiques stratégiques touchant le ressort de la dynamique de l'économie où l'Entreprise se retrouve en première ligne, aux lieu et place de l'Etat. Ainsi, la privatisation s'alimente directement du processus de désengagement de l'Etat et contribue au replacement de l'entreprise privée au cœur de la nouvelle régulation de l'économie »
L'Etat tunisien a engrangé 5963 millions de dinars, bilan de 217 opérations de privatisation dans le cadre de son programme de privatisation lancé depuis fin 1987 jusqu'au 30 juin 2009. Parmi les 217 opérations de privatisation et de restructuration réalisées figurent 114 privatisations totales (53 % du total) et 41 opérations de liquidation (19 %). Les opérations de concession ne concernaient que 5 entreprises, soit 2 % du total. Les investissements étrangers représentent la part du lion des recettes de privatisations et restructurations avec un taux de 87 %, soit 5181 MDT.
Le secteur des services domine la recette de la privatisation tunisienne avec 81,6 % du total. Il est suivi par le secteur industriel (surtout les industries des matériaux de construction, des céramiques et du verre) avec 17,7 % générant 1055 MDT. Quant au secteur agricole, il n'a permis d'acquérir que 41 MDT.
Ces privatisations étaient parfois orientées pour le compte de clans ou d'investisseurs préalablement désignés, mais parfois c'est à cause d'entreprises publiques déficitaires et qu'il est préférable de les vendre au lieu de faire supporter leur charge au budget de l'Etat.
Actuellement, plusieurs entreprises publiques accusent des déficits colossaux. On retrouve des entreprises comme l'Office de Commerce de Tunisie qui accuse des pertes de plus de 200 millions de dinars, Tunisair, avec un déficit de 125 millions de dinars, la STB, déficitaire de 124 millions de dinars, la société El Fouledh, déficitaire à 70 millions de dinars. S'ajoutent à cette liste la STEG et la SONEDE qui sont déficitaires à cause d'un coût de production galopant et des difficultés de recouvrement. Rien que pour la STEG, le déficit atteint 500 millions de dinars. Pour la SONEDE, le déficit atteint 80 millions de dinars et les impayés sont de l'ordre de 215 millions de dinars. La SNTRI accuse un déficit de 500 millions de dinars en plus du déficit des sociétés régionales du transport. La SNCFT cumule un déficit de 60 millions de dinars, la STIP, productrice des pneus Amine, a enregistré un déficit de 20 millions de dinars en 2012. Pour la CNRPS, le déficit atteint 114 millions de dinars et risque d'augmenter, et la CNSS est déficitaire de 80 millions de dinars. Les chiffrent risquent d'augmenter au fil des mois. Et la liste est encore longue. Plusieurs entreprises paient le prix de leur caractère public, c'est-à-dire la nécessité d'intervenir pour des raisons sociales ou pour des raisons d'utilité publique.
Plusieurs entreprises publiques sont aujourd'hui en restructuration, et d'autres bénéficieront certainement du concours du budget de l'Etat pour assurer leur survie, ou le simple paiement des salaires. On cite à ce niveau le cas des banques publiques qui bénéficieront d'une recapitalisation de 500 millions de dinars pour absorber les crédits accrochés.
Des nominations orientées
Depuis la révolution, et même avant, les entreprises publiques étaient données comme des cadeaux pour certains cadres proches du régime en place, ou des points d'atterrissage pour certains ministres et secrétaires d'Etats, limogés. Ce sont donc des nominations qui n'étaient pas basées sur la compétence ou la connaissance du secteur. Plusieurs dirigeants et cadres supérieurs étaient aussi parachutés dans ces entreprises. Si cette tendance était compréhensible sous le régime de Ben Ali, on voit mal poursuivre cette politique actuellement. En effet, plusieurs nominations à la tête d'entreprises publiques étaient basées sur l'appartenance politique, et surtout la loyauté envers le parti au pouvoir, à savoir Ennahdha. Les exemples ne manquent pas à ce niveau. Aucune nomination n'a été revue ou révisée malgré les sit-in et grèves du personnel et des syndicats en dénonciation de cette tendance. Ceci a créé des tensions sociales importantes dans plusieurs entreprises, et a démotivé plusieurs cadres.
Dans la majeure partie des cas, on n'a pas opté pour les nominations en interne, mais on opte pour des gens de l'extérieur des entreprises publiques, ce qui limite les performances du nouveau PDG, qui n'a pas connaissance de la boite.
Ces nominations ont porté un lourd préjudice pour les performances des entreprises publiques, et ont contribué d'une manière directe et indirecte dans le creusement du déficit dans certaines entreprises.
Une mauvaise gouvernance
Le secteur public, à l'opposé du secteur privé, était toujours le signe de la mauvaise gouvernance. Or, cette mauvaise gouvernance était surtout dictée par le gouvernement en place. En effet, selon nos confrères d'Africanmanager, la BNA accuse un grand déficit à cause du déficit des entreprises publiques qu'elle finance. Pour seulement quatre entreprises publiques qui sont l'Office des Terres Domaniales (OTD), l'Office National de l'Huile (ONH), l'Office des Céréales et la société El Fouledh et a la fin du mois de mai 2011, les engagements des quatre entreprises nationales se montent à 599,5 MD. Pour tout le secteur bancaire tunisien, ces quatre seules entreprises représentent un fardeau de dettes d'un montant de 1724,7 MD. Une banque privée n'aurait jamais financé ces entreprises. Pire, elle exigera le recouvrement ou la saisie.
Les conseils d'administration, qui sont un outil décisionnel important, ne jouent pas un rôle efficace dans les entreprises publiques. En effet, ces nominations obéissent à la règle du cadeau et non au mérite ou à la compétence. Cette situation limite l'efficacité de cet organe.
Les entreprises publiques obéissent toujours aux dictats de l'autorité de tutelle qui interviennent pour imposer des interventions coûteuses. On cite à ce niveau l'OCT, qui est intervenue à plusieurs reprises dans des dossiers d'approvisionnement, même si l'intervention va lui coûter beaucoup sur le budget. On imagine mal une autorité de tutelle exiger des comptes des entreprises publiques alors qu'elles ne font qu'appliquer leurs décisions « arbitraires et inopportunes ».
Le gouvernement lui-même n'a pas les outils nécessaires pour le contrôle de ces entreprises ni l'évaluation de leur situation. Même l'unité de gestion des entreprises publiques, rattachées à la présidence du gouvernement, n'a pas les données nécessaires sur le patrimoine de ces entreprises, ni leur poids dans l'économie.
Les entreprises publiques, de leur côté, n'ont pas les outils managériaux capables de les mieux gérer. On pense encore et toujours au « rizk bilic » (propriété publique).
La nécessité d'intervenir
Le dossier de la situation financière des entreprises publiques est un vrai tabou actuellement. C'est une vraie bombe à retardement qui risque d'exploser à tout moment. Les entreprises publiques vivent sous perfusion. Le sauvetage de plusieurs de ces entreprises nécessite une intervention courageuse et énergique. On voit mal ce gouvernement ou autre gouvernement ouvrir sérieusement ce dossier vu l'état des finances publiques actuellement. La privatisation est l'une des solutions envisageables et nécessaires pour certaines d'entre elles. Cette solution permettra des revenus pour le budget de l'Etat et surtout l'arrêt d'une hémorragie. Or, la situation sociale actuelle et la sensibilité du dossier de la privatisation, risquent de faire écarter cette éventualité dans la conjoncture actuelle.
Il est nécessaire d'avoir un gouvernement courageux, capable de prendre des décisions parfois douloureuses mais efficaces.


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