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Tunisie : La relance économique … Défis, challenges et enjeux
Publié dans L'expert le 09 - 02 - 2017

L'indice 2017 de la Compétitivité et Talents (GTCI) est publié par le "Business School for the World, l' «ADECCO Group" et le" Human capital leadership institute" vers la fin du mois de janvier 2017.
Selon l'Indice de Compétitivité des Talents, la Tunisie a occupé le 77ème rang sur 118 pays dans le monde. Elle est également première dans l'espace nord-africain, suivie de l'Egypte (88), du Maroc (96) et de l'Algérie (107).
Avec un score de 40.09, la Tunisie se trouve cette année à la 77ème place, soit le premier pays maghrébin du classement et 15ème au niveau régional (MENA),
Sur le plan arabe, plusieurs pays se sont distingués à l'instar des Emirats Arabes Unis qui figurent à la 19ème place, le Qatar à la 21ème place et, plus loin, l'Arabie Saoudite à la 42ème place. Selon le rapport, la Tunisie a obtenu de bons résultats notamment en ce qui concerne la préservation des talents, la création de climat propice au travail et à la formation professionnelle et le développement des connaissances et des ressources humaines. Toutefois, le pays a toujours besoin de faire des efforts en rapport avec l'amélioration des compétences et l'attraction des experts.
Le même rapport attire l'attention sur la mobilité permanente des talents, qui sont davantage attirés par certaines villes plutôt que d'autres. En tête de liste de ces villes nous trouvons Copenhague, suivie de Zurich, Helsinki, San Francisco, Göteborg, Madrid, Paris et Los Angeles.
L'indicateur de « Transparency International »
Par ailleurs, la lutte contre la corruption est une condition primordiale pour promouvoir les compétitivités, confirmer leurs talents, le processus de leur développent...
« Transparency International » vient de publier son rapport annuel qui classe ainsi la Tunisie au 7ème rang arabe et 75ème mondial sur 176 pays couverts par l'étude.
Selon les résultats du rapport 2016, les pays arabes sont de plus en plus corrompus. «Malgré les changements politiques qui ont secoué la région arabe il y a six ans, l'espoir pour les pays arabes de lutter contre la corruption et de mettre fin à l'impunité n'a pas encore progressé. Au contraire, la majorité des pays arabes n'ont pas répondu à la volonté du peuple de construire des systèmes démocratiques permettant une plus grande transparence et responsabilité», souligne le rapport.
«La Tunisie est l'un des très rares pays qui ont légèrement amélioré l'indice. Le pays a pris des mesures anti-corruption importantes l'an dernier, comme l'adoption de la loi sur l'accès à l'information, l'une des lois les plus progressistes de la région, et l'adoption d'une stratégie nationale de lutte contre la corruption. Le Parlement a également adopté une loi sur la Cour des comptes, qui permet au tribunal d'enquêter sur les affaires de Grande Corruption», ajoute la même source.
Pourtant, la Tunisie a encore un long chemin à parcourir dans sa lutte contre la corruption. Les lois sur la protection des dénonciateurs et l'enrichissement illicite restent manquantes. Le système judiciaire tunisien devrait également progresser dans les affaires de corruption en cours, en particulier celles qui gangrènent dans les casiers depuis 6 ans, rappelle l'analyste de Transparency international pour la région MENA.
L'échec de la lutte contre la corruption explique la forte baisse de la plupart des pays arabes dans l'indice de perception de la corruption 2016. En effet, 90% des pays arabes ont marqué des scores en dessous de 50, ce qui dénote l'incapacité de ces pays à résorber l'évolution galopante de ce phénomène.
La création d'un nouvel organisme d'économie numérique
Le gouvernement a annoncé récemment la création d'un nouvel organisme chargé de l'économie numérique « Tunisie digitale 2020 ».Dotée de l'autonomie financière et administrative et de souplesse en matière de gestion, la nouvelle structure sera chargée de mettre en exécution les projets structurants à vocation nationaldans le domaine numérique et à aplanir les difficultés auxquelles ils se heurtent.
C'est une disposition en faveur de l'économie digitale et un diagnostic approfondi des problèmes ayant empêché l'exécution de la stratégie nationale Tunisie numérique et les projets décidés par le passé..
La nouvelle instance se substituera au Fonds des TIC et se chargera de la mise en œuvre des projets de la stratégie nationale numérique. Notons que le Fonds des TIC devait recevoir 200 millions de dinars (MD) dont 100 MD consacrés au développement du secteur.
Objectif : renforcer le rôle transverse en matière de gouvernance et assurer l'autonomie financière des projets numériques nationaux. Les ressources financières de la nouvelle instance proviendront de la redevance Telecom (5%), de dons et de prêts. Pour contourner les lenteurs administratives et assurer la fluidité dans l'exécution des projets, la nouvelle instance devrait bénéficier également de son autonomie de gestion.
Dans ce contexte, l'organisation Silatech, qui appuie l'employabilité des jeunes Arabes, a accordé à la Tunisie un don de 2.3 millions de dinars répartis en tranches jusqu'à 2020. Ce don servira à aider la Tunisie à la création d'emplois dans le cadre du programme Smart Tunisia. Pour éviter les problématiques liées à la bureaucratie, le ministère a demandé à Silatech comme solution provisoire, de de ne débloquer ce don que par tranches, et ce, selon les besoins du ministère (organisations d'événements, participation aux salons internationaux spécialisés...).
-La révolution technologique engendrera t-elle des compétences ?
Dans les pays dits « développés », la mondialisation a d'abord été synonyme de désindustrialisation et, dès lors, de la disparition massive d'emplois ouvriers non qualifiés ou peu qualifiés. Grâce au développement d'Internet et d'autres technologies numériques, de nouvelles formes d'emplois et d'activités sont apparues. Elles se construisent autour de l'échange, du partage ou de la vente entre particuliers de biens, de capitaux ou de services.
La mutation du travail est une problématique récurrente et centrale pour toutes les entreprises, quel que soit leur taille ou leur type. Vigilance donc au moindre changement, à la moindre nouveauté qui pourrait faire pencher la balance du bon ou du mauvais côté.
L'avenir du travail, c'est sans aucun doute le numérique et l'automatisation. Le véritable enjeu est d'envisager les différentes mutations possibles pour chaque poste et d'en noter les conséquences.
Les prévisions restent bonnes dans l'ensemble,même s'il est évident que certains postes vont avoir du mal à passer de la version traditionnelle à la version moderne. Il est clair également que l'arrivée de l'ère digitale intègre des changements de mode de vie ainsi que des changements dans le mode d'organisation. La mutation concerne également les formations en informatique qui deviennent plus sélectives et plus spécialisées pour répondre aux besoins des recruteurs.
Certaines notions vont également évoluer sans nul doute comme le concept de salariat ou encore la notion d'emploi. Les termes juridiques devront inclure désormais des procédures standardisées, l'intelligence collective ou encore les plateformes.
Le numérique et l'impact sur le travail :
Les nouvelles technologies devraient avoir un impact positif sur le travail ; cela étant, elles restent lucides par rapport à l'automatisation d'une partie de leurs activités.
Les études attirent l'attention sur le fait que face à une évolution rapide de l'environnement numérique, elles doivent former leurs collaborateurs pour qu'ils puissent s'approprier pleinement les outils et modes de fonctionnement de l'ère digitale, acquérir de nouvelles compétences et savoir-faire afin de s'adapter au changement et rester pertinents dans le monde du travail à venir.
Les enjeux pour les entreprises, les employés et la société dans son ensemble sont considérables. La valorisation dans les futurs modèles économiques des compétences dites humaines telles que l'esprit critique, la créativité et l'intelligence émotionnelle (notamment l'empathie et la capacité à faire face à l'imprévu) peuvent réduire considérablement la perte d'emplois, liée à l'automatisation et créer denouvelles sources de création de valeur.
Les tics une menace et une opportunité ?…
Les nouvelles technologies sont une menace mais aussi une opportunité..Ce problème n'est pas propre à ces domaines d'activités mais à tous ceux des activités humaines. Pourtant, l'économie de l'intelligence est une opportunité à saisir pour la jeunesse de notre pays. Cette jeunesse souvent diplômée peut être orientée vers les secteurs de cette nouvelle économie où des milliers d'emplois peuvent être créés.
Cette économie de l'intelligence ou de l'innovation fait également peser une menace sur l'emploi. En effet, la science a inventé (et elle continue à le faire) des outils qui remplacent les hommes et les femmes dans certaines de leurs tâches, ce qui est une bonne chose parce que personne ne peut nier, là encore, la pénibilité de certains travaux.
Car, pour nous, le développement de la science et la révolution technologique ne doivent pas être synonymes de chômage accru et généralisé. Bien au contraire, ils doivent être mis au service de l'être humain pour son épanouissement, en un mot, pour son bonheur.
Des indicateurs positifs , selon Le ministère de l'Industrie
D'après le ministère de l'Industrie l'évolution des investissements déclarés dans l'industrie reste un baromètre du climat des affaires en Tunisie et de l'état de santé de l'économie nationale. L'Agence de promotion de l'industrie et de l'innovation vient d'annoncer la couleur en affirmant l'augmentation des investissements industriels déclarés de 45,7% en 2016, et ce ,pour la première fois depuis la Révolution. Est-ce le début de la relance?
Durant l'année 2016, l'investissement déclaré dans le secteur industriel a atteint le montant de 3821.2 MD, contre 2622.8 MD lors de l'année 2015, enregistrant ainsi une hausse de 45.7%. Le nombre de projets déclarés a atteint 3854 au cours de l'année 2016 contre 3330 lors de l'année 2015, soit une augmentation de 15.7%. Ces projets permettront la création de 57.205 postes d'emplois, contre 49.957 postes d'emplois durant l'année 2015, soit une progression de 14.5%. Des chiffres positifs qui dénotent d'un regain de confiance chez les investisseurs qu'ils soient nationaux ou étrangers. Au total 159 projets ont été déclarés en 2016 dont 17 projets d'un coût d'investissement supérieur à 5 MD, soit un portefeuille d'investissement de 929 MD.
Intérêt particulier pour le secteur aéronautique
La hausse des investissements déclarés dans l'industrie revient principalement à la recrudescence des investissements dans le secteur mécanique et électronique et plus précisément dans le secteur aéronautique. Le secteur des industries mécaniques et électriques a enregistré une augmentation de 111.4% durant l'année 2016 avec des investissements déclarés de 693.7 MD contre 328.2 MD durant l'année 2015.
Une évolution positive a été par ailleurs enregistrée dans les secteurs agroalimentaires, les industries des matériaux de construction de la céramique et du verre mais aussi dans l'industrie chimique, enregistrant respectivement des taux de croissance positifs de 71,5%, de 58,4% et de 26,2%.
Côté baisse, une chute des investissements dans le secteur du textile-habillement et le secteur des cuirs et chaussures a été observée avec des baisses respectives de 40,1% et de 62,5%.
Hausse de 77,2% des investissements 100% étrangers
Autres faits marquants de l'année 2016, le bilan de l'Agence de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation (APII) fait état d'une hausse des intentions d'investissements industriels 100% étrangers et mixtes de 36,6%.
Les projets déclarés 100% étrangers affichent un accroissement de 77,2% pour un volume d'investissement de 638.8 MD. «L'approche sectorielle illustre que la hausse enregistrée au niveau des investissements à 100% étrangers et en partenariat est imputable essentiellement au secteur des industries mécaniques dont les investissements mixtes et étrangers ont atteint 325.2 MD contre 123.3 MD durant l'année 2015, suite à la déclaration de l'extension d'une unité de fabrication de pièces mécaniques pour le secteur aéronautique pour un montant de 67.6 MD, à la déclaration de l'extension d'une unité de fabrication de pièces de structure aéronautique pour un montant de 35.6 MD, à la déclaration de création d'une unité de construction navale pour un montant de 15.1 MD et à la déclaration de l'extension d'une unité de fabrication de faisceaux de câbles pour un montant de 13.0 MD.
-Hausse de 64,6% des investissements dans les zones de développement régional :
Au niveau de l'investissement régional, l'année 2016 a été caractérisée par une hausse au niveau de l'investissement déclaré dans les zones de développement régional de 64.6% avec 2093.2 MD contre 1271.7 MD lors de l'année 2015. Par région les investissements déclarés dans les régions ont profité essentiellement à Ben Arous, Sfax et Zaghouan.
« Tunisia 2020 » : le chemin est déblayé pour un retour des investissements
Les monarchies du Golfe et les institutions européennes ont renouvelé leur appui à la fragile Tunisie. Mais le problème des investisseurs est d'identifier des bons projets.
La première étape, celle de la mobilisation internationale, a été franchie. Il reste maintenant à mettre la suite en musique. Pour cela, il faut de la confiance et assez de croissance. Celle-ci a été de 0,2% au troisième trimestre et de 1,3% sur un an. Bien loin des 4% nécessaires pour ne pas fabriquer de chômage. Ce dernier atteint 31,9% parmi la population diplômée
Qatar va consacrer 1,25 milliard de dollars à l'économie tunisienne pendant que le Koweït va débloquer 500 millions de dollars sur cinq ans. Le Premier ministre français, Manuel Valls a de son côté annoncé qu'en plus du plan d'assistance d'un milliard d'ici 2020, promis l'an dernier, la France via l'Agence française de développement (AFD) allait « dans les années à venir investir au moins 250 millions d'euros par an ».
L'Union européenne double son soutien financier à 300 millions d'euros tandis que la Banque européenne d'investissement (BEI) étend son soutien pour atteindre 2,5 milliards d'euros d'ici 2020.
Tous les engagements étant fixés à un horizon de 2020, c'est bien un accompagnement plutôt qu'une simple assistance qu'ont mis en place les partenaires de la Tunisie. Encore faut-il que cette dernière parvienne à mettre en place un nouveau climat des affaires
Les Etats-Unis s'engagent à continuer leur aide : Ils s'engagent à continuer à aider la Tunisie dans sa transition démocratique afin de relever les défis économiques et sécuritaires auxquels elle fait face, a affirmé, mercredi, l'ambassadeur américain en Tunisie, Daniel Rubinstein.
Parmi ses atouts, la Tunisie se targue d'être « un grand réservoir à talents, ayant reçu une bonne formation », un nouveau code des investissements
Mais la médaille a un revers. car il ne faut pas voir seulement l'ampleur de l'économie informelle dans le PIB dont la part depuis 2011 est passée d'environ 15% à 50%.
Plein d'engagements pour relancer l'investissement..
Lors de la conférence tenue à Tunis « Tunisia 2020 », les investisseurs privés se sont engagés à verser 15 milliards de dollars au pays. Une manne conditionnée à l'aipaisement du climat social et à la protection juridique des investissements.
Faut-il le rappeler, «Tunisia 2020», la grande conférence organisée fin novembre à Tunis pour relancer l'économie par l'investissement privé, résume l'état d'esprit qui règne actuellement dans les sphères du pouvoir tunisien. L'événement, qui vient de se dérouler était certes à tonalité économique, mais s'est révélé avant tout être٫ un véritable exercice politique.
En plaçant de la sorte sous les projecteurs l'Etat convalescent à l'économie fragile, les autorités se sont déjà rassurées : elles qui, quelques mois plus tôt, se disaient déçues du manque de solidarité manifestée par leurs amis, ceux-là-mêmes qui les avaient encouragées dans la transition démocratique, n'ont plus de raisons de se plaindre. Investisseurs et donateurs ont répondu présent en annonçant quelque 15 milliards de dollars d'engagements. Beaucoup d'annonces, peu de décaissements mais, au total, un chiffre énorme. La population, qui a subi les contrecoups de la « révolution de jasmin » s'est sentie, elle aussi, soutenue dans ses efforts. Les 11 millions de Tunisiens ont ainsi assisté, mi-surpris mi-incrédules, à cette cascade d'annonces venues des pays du Golfe et des Européens pour l'essentiel.
La paternité de ce « Tunisiethon » ne revient pas au gouvernement actuel. Soucieuse de faire sortir le pays du sacro-saint tandem tourisme-phosphates, l'ancienne équipe s'était posé la question de la sensibilisation de l'étranger à l'attractivité de l'espace tunisien et à ses atouts. L'essai a finalement été transformé par le gouvernement , qui a su mettre en scène la problématique tunisienne et battre le rappel général des pourvoyeurs d'aides.
En misant sur le développement du privé et en fixant un horizon à 2020, la stratégie a fait mouche. Les autorités donnent un cap et projettent en même temps une image différente de la Tunisie. Depuis six ans, celle-ci est associée au chaos post-« printemps arabe » et à la transition qui a suivi. Une première vraie étape – qui a fait que chacun a commencé à y croire – a été franchie avec l'adoption, en janvier 2014, de la Constitution.
La période post-révolutionnaire, la série d'attentats de 2015, l'effondrement de la Libye voisine et la porosité extrême de la frontière avec la Tunisie ont fait du tort à l'économie. Les trafics se sont multipliés au point que la part de l'informel est passée dans le PIB de 15 % en 2011 à plus de 50 % aujourd'hui. La corruption est, elle aussi, restée omniprésente. L'absence d'investissements de modernisation a aussi miné certains secteurs. Ainsi, beaucoup d'industriels se plaignent de l'activité portuaire.
Ne laissons pas tomber la Tunisie
La Tunisie a besoin de capitaux extérieurs : 20 milliards d'euros étalés sur quatre ans, ce qui, à l'échelle internationale, est une somme ridicule au regard des enjeux économiques et sécuritaires. Une somme susceptible d'enclencher, grâce à un effet de levier, d'autres entrées de capitaux et – enfin ! – un cercle vertueux. Dans le même temps, la communauté internationale attend du nouveau gouvernement tunisien des actes forts dans au moins deux domaines :
1- Le renforcement de la sécurité des personnes et des biens
2-La définition d'une stratégie économique pour les cinq ans à venir, avec des objectifs volontaristes pour la croissance et l'emploi.
La Tunisie attend de la France bien d'autres choses, à un coût budgétaire quasi nul pour notre pays. Plusieurs priorités : le financement des PME, en particulier en fonds propres ; l'accueil des étudiants tunisiens au sein de formations professionnalisantes ; le développement de l'arrière-pays, longtemps délaissé, au travers de partenariats avec les régions françaises ; la restructuration de l'industrie du tourisme, qui nécessite au moins autant de formation que d'investissement. Dans tous ces domaines, le gouvernement français s'honorerait en donnant une véritable impulsion au partenariat franco-tunisien, au-delà des incantations tant de fois entendues et restées sans suite. Il contribuerait aussi à donner de l'espoir à la jeunesse tunisienne, principal ferment de la croissance à venir mais aussi, si rien n'est fait, vecteur des pires frustrations et donc des pires colères. Ne rien faire, c'est se rendre complice de ceux qui, à l'intérieur ou à l'extérieur de ce pays, voient un intérêt à sa déstabilisation.
La Tunisie, qui compte 11 millions d'habitants, a accueilli et accueille plus d'un million de réfugiés en provenance de Libye, dont tous n'ont peut-être pas les meilleures intentions. Le tourisme, un des poumons de l'économie tunisienne, pays qui ne dispose, hors du phosphate, d'aucune matière première, s'est effondré : de 900.000, le flux annuel de touristes est tombé à 200.000… La croissance est trop faible, loin de son potentiel. L'objectif prioritaire de la nouvelle équipe doit être de sortir d'un tel piège en combinant les conditions d'une reprise durable. La croissance ne pourra pas redémarrer sans reprise de l'investissement, aussi bien étranger que domestique, donc sans retour préalable de la confiance. Le taux de chômage des jeunes atteint le seuil insupportable de 35 %, avec des chiffres encore plus désastreux dans certaines régions de l'intérieur.
La Tunisie est pourtant le seul pays du monde arabe à avoir connu un vrai « printemps ». Malgré les menaces qui pèsent sur lui, c'est le seul pays encore complètement démocratique. Mais les institutions européennes, de plus en plus obsédées par la crise des migrants et influencées par l'Allemagne obnubilée par ses frontières à l'est, se désintéressent de plus en plus de l'aide économique apportée aux pays du sud de la Méditerranée. De ce fait, la France a une place historique à assumer vis-à-vis de la Tunisie, ne serait-ce qu'au titre de l'importance de la communauté tunisienne dans son pays.
La Tunisie doit maintenant retrousser ses manches.
Il faut à présent donner un coup de pioche dans le système et laisser le privé agir . Tout en se choisissant un nouveau modèle économique, la Tunisie doit soigner ses maux. La troïka, le gouvernement de coalition qui a repris en main le pays juste après la révolution, a doublé le nombre de fonctionnaires. Aujourd'hui, non seulement le secteur public est essoufflé mais il est en guerre avec les syndicats de l'UGTT (Union générale tunisienne du travail), principale centrale syndicale qui brandissent la menace d'une grève générale. D'un côté, la Tunisie est tributaire des réformes voulues par le FMI et, en même temps, elle est aux prises avec les revendications de l'UGTT. Une mission impossible pour le gouvernement que de concilier les deux
« Il faut donner de la satisfaction sociale », Un échec sur ce terrain, une incapacité des autorités à contrôler le pays et les atouts que la Tunisie met en avant, notamment son réservoir de talents, seront vite balayés par la dégradation du climat social. Les rêves de se muer en hub industriel, en pôle régional, en maillon entre l'Europe et l'Afrique seront remis à plus tard. Et les investisseurs qui mettent toujours dans la balance la Tunisie face au Maroc seront peut-être tentés d'aller voir ce qu'il se passe au royaume chérifien.
Sans doute aussi, pour gommer les aspérités d'un environnement social rugueux, les dirigeants tunisiens doivent-ils se forcer à communiquer davantage et montrer la progression dans la réalisation de leurs projets. Le nouveau Code des investissements, qui entre en vigueur le 1er janvier, suscite bien des interrogations. Beaucoup, parmi les personnes présentes à la conférence de Tunis, regrettaient de ne rien savoir sur les secteurs, leur degré d'ouverture aux capitaux étrangers. Il faudra attendre la promulgation des décrets d'application tout juste examinés en Conseil des ministres. Autant d'éléments que les autorités doivent faire largement savoir sous peine de ne pas réussir à susciter la confiance dont la Tunisie a besoin et sans laquelle elle ne redémarrera pas.


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