Avec 14,1 % du PIB, la masse salariale grève de budget de l'Etat et est à l'origine du déséquilibre, jusque-là immaitrisable, des finances publiques. Le gouvernement s'est engagé à la ramener à 12 % du produit intérieur brut en 2020, sur injonction pressante du FMI. Les salaires des fonctionnaires représentent 38.4% de la masse salariale de l'économie, indique une note de l'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives. « La part de l'emploi dans l'administration par rapport à l'emploi salarié total a connu une phase ascendante entre 2010 et 2013, passant de 25,1% à 26,3%, pour fléchir par la suite et atteindre 25,4% en 2017″, ajoute l'ITCEQ dans cette note parue sur son site en ce mois d'août 2017. Les nouveaux recrutements intervenus dans la fonction et secteur publics dans les années post-révolution a été à l'origine d'une pléthore jamais connue, ayant paralysé l'administration, ralenti sa prestation et rendu toute réforme difficile. Sans compter les conséquences de la budgétisation de ces nouveaux emplois sur les caisses de l'Etat. Les pouvoirs publics s'attèlent d'ores et déjà à alléger l'effectif des fonctionnaires, et à comprimer la masse salariale, en encourageant notamment la retraite anticipée. Celle-ci est destinée, en vertu du décret du 28 juillet 2017 portant sur les dispositions exceptionnelles pour le départ à la retraite, aux agents de la fonction publique qui atteindront l'âge de la retraite entre le 1er janvier 2018 et le 1er janvier 2021, et qui souhaitent partir à la retraite avant l'âge légal. Ces derniers ont jusqu'au 02 octobre 2017 pour déposer leur demande. Le gouvernement a également arrêté les recrutements dans la fonction publique à compter de cette année 2017 ; une mesure qui sera reconduite en 2018. Comme il a suspendu tout remplacement des départs à la retraite, tout en prônant un redéploiement des effectifs existants, selon les besoins réels de l'administration. Ces mesures de rigueur budgétaire seront renforcées la prochaine année, qui s'annonce encore plus difficile, comme l'affirment et le réitèrent décideurs et experts, prédisant des pressions grandissantes sur les finances publiques. Pressés de remettre dépenses et ressources de l'Etat à l'équilibre, le gouvernement pourrait carrément recourir à l'austérité, synonyme de licenciements et de plans sociaux, notamment dans les entreprises publiques plongées dans un profond déficit. Les choses seront appelés à se clarifier avec l'avènement du tout prochain gouvernement, et aussitôt la réflexion engagée sur les orientations du projet de budget de 2018 débouchera sur des résultats clairs. Entretemps, c'est le flou artistique qui règne même pour ceux qui sont aux commandes, face à la difficulté de financer le prochain budget.