L'année 2020était très dure pour les banques tunisiennes qui avaient subi la baisse de la croissance économiques qui sera selon toutes les perspectives aux alentours de -9%.Durant 2020, les banques étaient surtout appelées à contribuer à « l'effort de guerre » contre la pandémie. Outre les mesures communes imposées par la Banque Centrale, plusieurs banques ont mis en place des plans de soutien pour les entreprises. On s'attendait à une année catastrophique pour les banques de la place, mais les premiers bilans qui viennent d'être publiées confirment une autre réalité. Les banques continuent à camper dans leur zone de confort à savoir le financement de l'Etat à travers les BTA. Des résultats moins catastrophiques que prévu : L'année 2019 était très bonne pour les banques avec un PNB qui a augmenté de plus de 13.3%, et des concours à l'économie de 87642 MD. Sur un autre plan les banques ont contribué aux recettes fiscales du pays pour 594 Millions de dinars. Pour 2020 on s'attendait déjà à une année catastrophique, à la lumière de l'activité économique, mais les premières prémices des résultats des banques laissent prévoir une année fructueuse, et les banques semblent éviter le pire. Nous vous présentons pour ce qui suit les premiers bilans des principales banques tunisiennes : La Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT) a enregistré un Produit Net Bancaire de 936,7 millions de dinars, contre 956,9 millions une année auparavant, soit un repli de 2%, quant au produit d'exploitation il a baissé de 4.4%. Le PNB de la Société Tunisienne de Banque (STB) s'est amélioré de 1% comparativement à fin décembre 2019 pour se situer à 606,6 millions de dinars. Cette situation résulte principalement de la hausse des produits d'exploitation de 2,4%, De son côté Attijari Bank a réalisé à fin décembre 2020 des produits d'exploitation bancaire de l'ordre de 810,9 millions de dinars, contre 828,5 millions à la même date en 2019, enregistrant ainsi une légère régression de 2%. Quant au PNB il a enregistré une hausse de 0,83% par rapport à Décembre 2019. La Banque Nationale Agricole (BNA Bank) a annoncé avoir réalisé en 2020 un produit net bancaire (PNB) de l'ordre de 684 millions de dinars, contre 654 millions en 2019, enregistrant ainsi une augmentation de 4,5%. Les produits d'exploitation bancaire ont atteint 1,4 milliard de dinars, contre 1,32 milliard au 31 décembre 2019, enregistrant une hausse de 57 millions de dinars, soit un taux de progression de 4,3%. Amen Bank a réalisé des produits d'exploitation bancaire de l'ordre de 855 millions de dinars, contre 908,1 millions une année auparavant, soit une baisse de 5,8%. Par conséquent, le Produit Net Bancaire (PNB) a atteint 399 millions de dinars en 2020, contre 404,7 millions pour en 2019, soit une baisse de 1,4%. La BH Bank a réalisé un produit net bancaire (PNB) de l'ordre de 508,4 millions de dinars, contre 493 millions une année auparavant, soit une croissance de 3,1%. La WIFAK Bank a enregistré une hausse de 40,9% de son produit net bancaire (PNB) par rapport à l'année précédente pour s'élever à 31,5 millions de dinars. Elle enregistre ainsi la meilleure performance dans le secteur. L'Union Bancaire pour le Commerce et l'Industrie (UBCI) a enregistré, en 2020, des produits d'exploitation de l'ordre de 342,2 millions de dinars, en baisse de 10% par rapport à 2019. Par conséquent, le produit net bancaire (PNB) a baissé de 5,3% pour s'établir à 241,4 millions de dinars, contre 255 millions en 2019. L'Arab Tunisian Bank (ATB) a clôturé l'année 2020 avec des produits d'exploitation bancaire qui ont progressé de 10,4% pour atteindre 634,1 millions de dinars, contre 574,4 millions en 2019. Le Produit Net Bancaire a, de son côté, enregistré une augmentation de 16,3% pour s'établir à 278,4 millions de dinars, contre 239,4 millions au 31 décembre 2019. La Banque de Tunisie a réalisé en 2020 un Produit Net Bancaire de 373 millions de dinars, contre 361,1 millions en 2019, soit une progression de 3,3%. La Banque de Tunisie et des Emirats (BTE) a enregistré une diminution de 2% des produits d'exploitation bancaire par rapport à l'année 2019, pour s'établir à 108,4 millions de dinars. Par conséquent, le Produit net bancaire (PNB) a enregistré à fin décembre 2020 une diminution de 5,6% (-3 millions de dinars) par rapport à 2019. Ce sont les principaux résultats obtenus jusqu'à présent, en attendant le reste des banques de la place. A l'exception de quelques banques qui ont enregistré des résultats négatifs, la majorité a enregistré des bilans positifs. La palme d'or revient à la Wifak Bank qui est sur une courbe ascendante depuis 3ans. Les banques sont dans leur zone de confort : Depuis des années les banques tunisiennes se trouvent dans leur zone de confort profitant des problèmes de financement de l'Etat. Une grande partie du PNB des banques provient principalement des bonds de trésor qui sont financés par la Banque Centrale pour donner des facilités de financement pour l'Etat. En effet, les concours bancaires pour l'Etat détiennent une grande partie des financements bancaires, contre une baisse importante des financements pour le secteur privé. Le trésor a levé au mois d'Octobre 2020, plus de 190 millions de dinars pour un taux de 9.4%. Pour boucler le budget 2020, le trésor a déjà lancé une adjudication de 1 milliard de dinars, avec un taux d'intérêt à 8%. Selon le rapport de la Banque Centrale les émissions de bons du Trésor ont plus que doublé, d'un trimestre à l'autre, pour atteindre 2.296 MDT au titre du troisième trimestre 2020 dont 1.919 MDT ou 84% sous forme de bons du Trésor à court terme (BTCT) qui ont notamment été alimentés par une émission à hauteur de 1.000 MDT réalisée au cours du mois de septembre pour faire face à une tombée de 800 MDT intervenant à la fin de ce mois. Le volume cumulé des émissions des bons du Trésor enregistré durant les neuf premiers mois de 2020 a, ainsi, atteint 5.018 MDT (dont 3.776 MDT ou 75,2% sous forme de Bons de Trésor à court terme (BTCT)) en net dépassement du volume prévisionnel annuel des émissions Les banques tunisiennes privilégient les BTA qui permettent une bonne marge d'intérêt, et des garanties solides de la Banque Centrale. Cette situation pénalise énormément le soutien à l'investissement et les entreprises privées, qui se trouvent concurrencées par l'Etat. Cette situation si elle perdure, elle va pénaliser la croissance économique, et enfoncera l'économie dans un cercle infernal plus grave. A.B.H