Alors que l'Hexagone demeure incontestablement la première destination étrangère des Tunisiens, la gestion des flux migratoires continue à constituer l'une des affaires bilatérales les plus importantes. Signe d'une concertation de plus en plus poussée sur ce dossier, le ministre français de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, M. Eric Besson, a effectué, les 2 et 3 avril, une visite de travail à Tunis. Cette visite s'inscrit justement dans le cadre du suivi de l'accord tuniso-français portant sur la gestion des flux migratoires. Tandis que la Tunisie a rapidement ratifié l'accord, la procédure n'est pas entièrement achevée du côté français. « La France est un peu retard, je le dis franchement et sincèrement », a souligné le ministre français, lors d'une conférence de presse qu'il a donné, hier, à la Résidence de France à la Marsa. En effet, le Sénat français a déjà voté la ratification et l'Assemblée nationale devrait le faire prochainement. En réponse à une question de « L'Expert » concernant un éventuel ajournement de la procédure de ratification, dans le contexte des vagues de licenciement inhérentes à la crise et qui heurtent actuellement l'opinion publique française, M. Besson a été ferme et catégorique dans sa négation, tout en affirmant que cette ratification ne fait pas l'objet d'un débat politique en France. Une autre précision a été apportée dans le même sens : « La non-ratification n'a pas empêché de mettre en œuvre cet accord par anticipation ». Des grands projets notamment dans le domaine de la formation professionnelle ont été ainsi réalisés. Des projets qui sont d'une grande importance pour la Tunisie, étant « un pays émergent » qui parie sur la compétitivité et sur la productivité. Encore selon le ministre français, un bilan assez exhaustif de cet accord a été dressé conjointement par les deux parties. Un bilan qui leur a donné « pleine satisfaction ». Les chiffres cités par M. Besson prouvent que l'obtention de visas par les ressortissants tunisiens s'avère désormais plus facile. Le taux de refus est ainsi tombé à 10%. Le nombre des visas dits de circulation (de 1 à 5 ans) a connu, à son tour, « une très forte augmentation ». A ce propos, M. Besson a souligné le fait qu'il attache un intérêt particulier à la promotion de l'immigration de circulation dans la région. Une bonne idée, certes, mais qui paraît être très ambitieuse à la lumière de l'absence d'une véritable politique européenne commune en matière d'immigration. Par ailleurs, le ministre français a réitéré la volonté de son pays de « refuser l'immigration illégale », de « lutter contre les réseaux criminels d'exploitation de l'immigration clandestine » et « d'aider les pays d'immigration à créer des activités sur place pour leurs ressortissants en encourageant l'entrepreneuriat »; ce qui résume, en quelque sorte, la logique des politiques dites de développement solidaire.