A l'occasion de sa visite en Tunisie, la première dans un pays maghrébin en sa qualité de ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, M. Eric Besson a tenu vendredi 3 avril à la Marsa une conférence de presse consacrée à la question devenue par trop délicate par ces temps-ci de l'immigration en France. A la fois bilan, rappel et mise en garde, le point de presse du ministre français a d'abord porté sur le nombre de visas accordés par l'ambassade France en Tunisie l'an dernier et qui s'est élevé à 79 mille, soit 7% de plus qu'en 2007, cependant que le nombre de rejets est tombé à moins 10% que par le passé. Lus autrement, ces chiffres veulent dire qu'en 2008 le nombre de Tunisiens entrés en France a augmenté de 61% par rapport à 2007, et qu'en 2009 ce taux peut encore culminer à plus de 50%. Le rappel a trait à l'accord passé entre la Tunisie et la France en 2008 et portant sur la gestion des flux migratoires, d'une part, et le développement solidaire, de l'autre. Tout en déclarant qu'il est désormais plus facile pour les Tunisiens d'obtenir des visas de long séjour (1 à 5 ans) en ce qui concerne notamment les salariés et les étudiants, le ministre a toutefois souligné fortement les dangers nés de l'immigration clandestine, précisant que derrière ce phénomène il existe des réseaux mafieux très portés sur la drogue et toutes sortes de corruption, ce qui implique l'engagement impératif des parties tunisiennes et françaises à lutter, comme il se doit, contre de tels agissements qui, de surcroît, ne peuvent qu'entraver une immigration en bonne et due forme, sachant que bon an mal an la France accorde des visas de long séjour à quelque 200 mille personnes par an, dont 100 mille acquièrent la nationalité française. Le développement solidaire s'exprime, pour l'essentiel, par la formation professionnelle des jeunes Tunisiens dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, mais aussi les services et les métiers dits innovants. A cet égard, la France a consenti l'an écoulé une enveloppe de 18 millions d'euros destinés à de tels projets de développement solidaire avec la Tunisie, et engagés dans la formation de 600 jeunes/an. Au terme de sa communication, le ministre a fait part de son intention d'organiser en septembre prochain un colloque international sur l'immigration, et auquel seront conviées un bon nombre de personnalités tunisiennes, ajoutant qu'auparavant, au mois de mai prochain, est prévue une rencontre consacrant la réussite de compétences tunisiennes établies en France et opérant dans les domaines des arts, de la culture, de la médecine, tout comme dans les affaires et les sports.