Jamais l'Artisanat en Tunisie, n'a connu un intérêt aussi important et aussi constant. Les mesures présidentielles, ainsi que les programmes de promotion au secteur ne cessent d'être lancées. L'Etat investit énormément dans ce secteur, qui revêt une dimension culturelle, sociale, et aussi une dimension purement économique. Cette dernière dimension est en train de se confirmer de jour en jour, avec un secteur qui s'impose avec force comme un secteur productif et aussi exportateur. Loin du volet créatif, modernisation, formation et attachement culturel, l'artisanat est avant tout de l'économie, donc de l'argent. Un poids économique important, et des exportations à promouvoir Le secteur de l'artisanat représente plus de 4% du PIB national, ce qui est très important en comparaison avec d'autres secteurs tel que l'agriculture qui bénéficient d'investissements énormes et pourtant leur part dans le PIB reste limitée. Le secteur crée chaque année plus de 10 milles postes d'emplois, et emploie jusqu'à la fin 2009 plus de 325.000 personnes, ce qui représente 11.5% de la population active. L'artisanat génère un chiffre d'affaires en devises de 444 millions de dinars, dont 400 millions de dinars sont sous forme de ventes directes aux touristes. De ce fait la part du secteur dans les exportations globales, n'a représenté que 2.32% en 2008. Une part qui reste en dé ça des attentes des pouvoirs publics et des artisans eux-mêmes. En 2008, ces exportations ont enregistré une baisse de -1.7% en comparaison avec les chiffres de 2007. Le nombre des entreprises exportatrices a dépassé les 400 entreprises, celles qui ont bénéficié des interventions du FOPRODEX sont au nombre de 76 et celles ayant bénéficié des interventions du FAMEX sont de l'ordre de 59 entreprises. Un autre signe positif du développement des exportations dans le secteur, est celui des entreprises totalement exportatrices qui est passé de 5 en 2006 à 18 en 2009. Le secteur artisanal regorge d'opportunités d'investissement. Il offre aussi un grand potentiel d'emploi pour les diplômés du supérieur, surtout que le secteur se base de plus en plus sur la création et les nouvelles technologies. L'artisanat enregistre annuellement des investissements de l'ordre de 20 millions de dinars, ce qui est considérable.
Un soutien présidentiel confirmé encore une fois Le 5 Mai dernier un conseil ministériel, s'est tenu, sous la présidence du Président Zine El Abidine Ben Ali, pour l'examen du Plan de promotion du secteur de l'artisanat. Un nouveau train de mesures qui est venu s'ajouter à d'autres dont le secteur a pu bénéficier au cours des dernières années. Déjà le programme présidentiel, «ensemble relevons les défis» a apporté un plan très ambitieux pour le développement du secteur. Le Programme présidentiel pour le prochain quinquennat propose surtout la consolidation des espaces de l'artisanat, la mise à niveau des entreprises, le développement des ressources humaines et la promotion des secteurs du tapis et de l'orfèvrerie. Au cours du récent Conseil Ministériels, le Président Ben Ali a ordonné, la généralisation du programme des villages de l'artisanat à tous les gouvernorats du pays et la création d'un espace pour tout produit d'artisanat d'une région ou d'une localité. Il a également ordonné les mesures suivantes: Investissement et mise à niveau des entreprises : - Faire bénéficier les entreprises d'artisanat des incitations et encouragements prévus par le Programme de mise à niveau industriel et mise à niveau de 200 entreprises d'artisanat. - Etablir un contrat programme avec l'Office national de l'artisanat pour une opération pilote au bénéfice de 30 entreprises. Encadrement technique et soutien de l'action promotionnelle: - Mise en place de six unités techniques spécialisées dans le cadre des centres techniques industriels dans le but de soutenir les efforts de mise à niveau de l'entreprise d'artisanat. - Consacrer le label de l'Office national de l'artisanat en tant que label national. - Exploiter les espaces de l'ONA pour l'exposition et la vente des produits de l'artisanat. - Mettre à contribution les technologies nouvelles au service de la promotion du secteur notamment auprès des touristes et développer le commerce électronique des produits de l'artisanat. Secteur du tapis et du textile: - Oeuvrer à accroître le revenu des artisans, à travers des programmes pilotes visant à améliorer la productivité de la main-d'œuvre et à assurer la mise à niveau de l'entreprise d'artisanat. - Intégrer le contrôle de la qualité, en tant qu'un des critères d'octroi du poinçon. Secteur de l'Orfèvrerie: - S'orienter vers la libéralisation du secteur et le renoncement au poinçon de conformité ainsi que la libéralisation de l'utilisation des machines de coulée sous-pressions, tout en continuant à opter pour l'apposition du poinçon de maître et du titrage sur les produits. - Délivrer au consommateur une attestation de garantie comportant les spécifications nécessaires garantissant la qualité des produits fabriqués en métaux précieux. Le Chef de l'Etat a recommandé d'assurer le suivi de la mise en oeuvre de ces mesures, afin de donner une nouvelle impulsion à ce secteur, de manière à renforcer la compétitivité, préserver les métiers d'artisanat et améliorer le revenu des artisans. Il a, également, réaffirmé toute l'importance qu'il attache à la qualité, à l'incitation à la créativité et à l'innovation tout en préservant les spécificités de l'artisanat national.
Que du chemin à parcourir Ce soutien présidentiel constant pour le secteur artisanal, part d'une constante importante: le secteur revêt un aspect social, culturel et aussi économique et de développement régional. C'est cette multiplicité des facettes du secteur qui témoigne de son importance. Le secteur de l'artisanat a parcouru un long chemin pour être ce qu'il est aujourd'hui, mais autant de chemin reste à parcourir. Le développement d'un secteur passe nécessairement par la qualité des informations disponibles sur ce secteur. Or les informations statistiques font défaut à ce niveau. On compte toujours sur les prévisions établies par l'étude stratégique sur l'artisanat en 2016, qui ne dépassent pas le cadre d'être des prévisions. Les quelques informations qui existent ici et là, ne permettent pas de réaliser une analyse de fonds sur le secteur, surtout sur le volet économique: rentabilité des artisans, les prix des matières premières, le volume des importations des importations premières intrants, les salaires dans le secteur artisanal, la part de l'artisanat industriel,… Autant d'indicateurs qu'il est important d'établir dans un véritable système d'information sur les secteurs. N'oublions pas à ce niveau de rappeler la nécessité de fixer la nomenclature adéquate au niveau des activités et des produits, et qui permettrait d'unifier le langage. L'Office Nationale de l'Artisanat est appelé à être intégré dans la stratégie nationale de développement des exportations et ne pas faire cavalier seul. Le rôle du Centre de Promotion des Exportations est à cet ordre d'idée très important, surtout que la nouvelle directrice générale de l'office a occupé le poste de directrice générale de la coopération au sein du Ministère du Commerce et de l'Artisanat. Un atout en plus pour orienter les efforts de l'office vers un créneau porteur et très important. L'artisanat tunisien doit se détacher de sa vocation purement décoratrice et artistique pour intégrer une vocation commerciale. C'est d'ailleurs la philosophie du rattachement de l'artisanat au secteur du commerce. Un autre dossier qui nécessite un grand effort, est celui de l'adéquation entre les formations et la demande du marché du travail. En effet, il existe plusieurs spécialités demandées par les artisans mais qui ne sont pas disponibles, à l'instar de designer. Le secteur de l'Orfèvrerie, dont le président de la république vient de lui adresser certaines mesures, appelant à sa libéralisation progressive, continue de souffrir d'une réglementation rigide et une taxation lourde. La situation actuelle, basée sur le poinçonnage, et la délivrance de quantités limités aux artisans, réduit nettement la compétitivité du secteur, ce qui a crée un marché parallèle vers un pays voisin. L'exemple Turque au niveau du secteur est à méditer. L'artisanat doit s'ouvrir sur son volet économique, qui est important au moment ou l'économie nationale a besoin de toutes ses potentialités.
