Avec plus d'un Tunisien sur dix connecté à Facebook, le réseau social américain connaît un succès sans équivalent sur le continent. Le site, qui tire parti des spécificités de la Toile tunisienne, a créé un espace de liberté plébiscité par la jeunesse. Une petite révolution semble en marche sur le web tunisien. Son nom : Facebook. Ce réseau social en ligne rassemble 1,4 million d'adeptes, soit 14 % des Tunisiens. Et ils sont plus d'une centaine de milliers de nouveaux utilisateurs à le rejoindre chaque mois. Ces statistiques publiées par Facebook permettent, malgré leurs lacunes, de prendre la mesure de cet engouement. La Tunisie est certes encore loin des taux de pénétration des pays du Nord comme la France (28 %) et les Etats-Unis (39 %), mais elle devance très largement l'Afrique du Sud (5 %) ou encore l'Egypte (3,7 %). Au Maroc, où le développement d'internet est pourtant comparable (33 % d'internautes, contre 28 % en Tunisie), un petit 5 % de la population a ouvert un compte Facebook, et le taux de croissance y reste plus faible. Voir ci-dessous les statistiques complètes
L'avance technologique tunisienne ne suffit pas à expliquer cette ferveur. Le réseau social américain semble bénéficier de la faible concurrence qu'offre le web local. Selon l'Agence tunisienne d'Internet (ATI), on trouve à peine plus de 10 000 sites internet « .tn » Cet espace interactif est en effet particulièrement utile pour garder le contact avec sa famille et ses « amis », plus ou moins proches. Mais il permet aussi de faire des rencontres, notamment amoureuses, flirtant parfois avec des sites de rencontres comme Meetic…
Facebook, qui permet également d'héberger des vidéos et de les partager, a donc servi de plate-forme de substitution. La page « Tunisia Sport HD », qui diffuse notamment des résumés de matchs de football en vidéo, rencontre ainsi un franc succès : 20 000 s'en disent « fans » et ils sont probablement beaucoup plus nombreux à la consulter régulièrement. Dans ce contexte, le réseau social s'est imposé comme un formidable espace de liberté, en particulier pour la jeunesse.
Les différents partis politiques n'ont pas tardé à comprendre l'intérêt d'un site qui permet aussi de surmonter en partie le filtrage d'internet. les utilisateurs tunisiens n'étaient que trente mille. Ils sont aujourd'hui presque cinquante fois plus nombreux.