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Interview avec M. Alaya Becheikh, directeur des analyses au ministère du Développement et de la Coopération Internationale : « Améliorer les indicateurs des finances publiques et lutter contre l'évasion fiscale »
« l'Expert » a eu l'occasion de rencontrer M. Alaya Becheikh, directeur des analyses au ministère du Développement et de la Coopération Internationale et de parler des contraintes et des solutions préconisées par les pays Africains dont la Tunisie. Quelles sont les contraintes auxquelles le continent africain doit faire face ? Dans le cadre de la présentation du rapport sur les perspectives économiques en Afrique 2010, j'ai axé mes propos sur les contraintes auxquelles le continent africain en général doit faire face au présent et dans les années à venir et la Tunisie en particulier. La Tunisie, malgré, son niveau de développement avancé dans le continent, est contrainte par un certain nombre de mutations structurelles à l'échelle mondiale qui ont trait surtout aux contraintes de mobilisation des ressources de financement extérieur. J'ai évoqué la question des nouvelles tendances des investissements directs étrangers vers les nouvelles puissances économiques mondiales en l'occurrence l'Asie et puis l'Amérique Latine. D'autre part on observe également une nouvelle tendance de l'émigration des investissements directs étrangers d'origine européenne vers le camp de l'Est. Ce qui fait que la Tunisie devrait se focaliser davantage sur l'amélioration du climat d'attractivité des IDE pour être capable de drainer davantage des flux directs étrangers et concurrencer comme je l'avais bien mentionné. Quelles sont les solutions préconisées pour la Tunisie? Il y a un seul chemin, une seule voie qui consiste à moderniser, améliorer, relever le niveau de compétition « du climat des affaires ».Ce choix n'est pas un choix nouveau ça remonte bien évidemment à deux décennies, notamment après l'orientation vers l'intégration à l'économie mondiale en particulier après la conclusion de l'accord de partenariat avec l'Union Européenne. En fait, les actions sont connues par tout le monde, ça consiste à moderniser l'infrastructure, développer davantage la recherche de développement, développer la compétence des ressources humaines, moderniser l'administration, simplifier les procédures de création d'entreprises, alléger la fiscalité, renforcer la qualité des prestations financières, etc…Pas mal d'actions qui sont connues par tout le monde et l'essentiel est de continuer toujours ce travail de longue haleine sans aucun répit afin de consacrer un vrai climat d'affaires susceptible de traiter avec les nouveaux pays émergents en matière d'attirer des IDE. Les IDE sont orientés de plus en plus vers les pays asiatiques. Quelle est la position de la Tunisie dans tout cela ? Au vu de ces mutations structurelles, la Tunisie qui a choisi, également, depuis des années d'axer davantage son action de développement par le financement sur les ressources domestiques pour maîtriser davantage les risques liés à la dette extérieure et tous risques de dérapage et d'impact de tous genres de crise, qui peut donc se produire un peu partout dans le monde. Mais avec le contexte de la crise on devrait mobiliser davantage les ressources financières domestiques nécessaires au financement du développement en l'occurrence l'épargne. Mais, vous savez bien que l'épargne se subdivise en deux composantes : il y a l'épargne privée qui est captée par le système financier privé, par les marchés de capitaux la (bourse), les banques etc. Il y a aussi l'épargne publique c'est-à-dire qu'il faut faire d'effort pour maîtriser les dépenses courantes afin de libérer des fonds de ressources pour le financement des dépenses de développement, pour le financement de recherche de développement , la modernisation de l'administration …et qui sont des conditions nécessaires pour comme je l'avais déjà dit, améliorer le climat des affaires. Mais lorsqu'on parle d'effort de maîtrise de dépenses publiques dans la réalité ce ‘est plus une tâche facile. En 2007-2008 on a payé une facture trop lourde en matière de subvention des produits pétroliers avec, également, la crise alimentaire de 2008, on a aussi payé une autre facture importante en matière d'importation de produits alimentaires. Cela, en plus du coût de la main-d'œuvre qui pèse dans une certaine mesure sur le budget de l'Etat, les intérêts de la dette. D'un autre côté c'est vers ce plan qu'il faut axer l'action des réformes politiques, de dépenses publiques dans l'avenir afin de libérer des fonds pour financer les actions qui incombent à l'Etat de par son rôle dans la stratégie de développement du pays en premier lien et de consacrer l'efficacité de la politique budgétaire en tant qu'instrument contracyclique de réponse à tout retournement éventuel de conjoncture et de crise. D'ailleurs, le fait de consacrer plus de 700 millions de dinars de fonds publics qui ont été injectés dans l'économie 2009 traduit bien l'importance de la politique budgétaire qui peut donc soutenir l'activité économique dans une situation de crise. Et pour faire cela il faut épargner en quelque sorte. Il faut avoir des réserves de côté. Il faut aussi créer une épargne qui nous rassure si jamais une crise se produit pour que le pays soit capable donc de faire fonctionner son budget comme il faut.