Bilan: trois soldats libanais et un haut gradé de Tsahal tués. Selon Beyrouth, les affrontements ont eu lieu après que des soldats israéliens eurent tenté d'arracher un arbre planté du côté libanais. On peut accorder un crédit à cette assertion pour deux raisons: c'est que probablement l'arbre qui a été déraciné depuis faisait écran devant les caméras de l'ennemi qui voulaient filmer le secteur libanais, et ensuite, il est de notoriété publique que l'Etat hébreu cherche à créer le «casus belli» lui permettant d'effacer les affronts essuyés de ses échecs récurrents sur le plan militaire. Il n'y a là rien de nouveau, nous dira-t-on, sauf que ce dernier incident est le plus sanglant enregistré depuis le cessez-le-feu de 2006, sauf que aussi – et c'est la donnée la plus significative – l'armée israélienne a eu affaire cette fois-ci, non à des résistants du Hezbollah mais à des éléments de l'armée libanaise, lesquels ont opposé une vive résistance, chose qui a décontenancé l'ennemi. On le sent, l'armée libanaise n'entend n'être plus qu'un élément du décor et qu'elle se veut, autant que le Hezbollah, le bouclier du pays du Cèdre. En quelques années, les choses ont évolué dans ce pays meurtri par une longue histoire ensanglantée par l'expansionnisme israélien, et le climat politique s'est quelque peu assaini. Cette évolution n'est d'ailleurs pas pour plaire à Tel Aviv: elle le pousse à chercher noise de plus belle à son voisin arabe. Ici une question vient à l'esprit: l'armée libanaise est-elle en train de ravir la vedette au Hezbollah? Y a-t-il une redistribution des rôles en matière de défense et de sécurité? Hassen Nasrallah s'est dépêché de répondre par la négative. Sa formation, a-t-il déclaré, est décidée à aller à la rescousse de l'armée nationale et à «couper la main» à Tsahal dans le cas où, par aventure, cette dernière serait tentée de récidiver. On se pose la question avec inquiétude dans les rangs arabes. On espère qu'une concertation entre les deux forces du pays ait eu lieu, ce qui ferait réfléchir à deux fois Israël avant qu'il n'entreprenne un autre début d'escalade. Ce que les observateurs écartent pour l'instant, vu l'équilibre des forces en présence.