Nous avons évoqué dans un précédent éditorial la solitude du président de l'Autorité Palestinienne, pris en étau entre un ennemi impitoyable dont la brutalité restera inscrite en lettres de sang et de déshonneur sur les tablettes de l'Histoire et un monde arabe étrangement passif. Dès la réunion du comité du suivi de la Ligue Arabe auquel Mahmoud Abbas vient de soumettre le compte-rendu des pourparlers directs engagés avec l'Etat hébreu, le ton a été donné. L'Organisation laisse à Abbas la liberté de décider devant le refus de Tel-Aviv de prolonger de 30 jours le moratoire de dix mois sur de nouveaux logements pour Juifs en Cisjordanie. On serait tenté de mettre dans la bouche de certains dirigeants arabes, la répartie de Ponce Pilate concernant le procès de Jésusi le fameux «Je m'en lave les mains». Le leader palestinien est donc quasiment abandonné à son sort face à l'impitoyable et féroce prédateur sioniste. Et le peuple martyr n'a plus que ses larmes pour se consoler. Que faire en cas de poursuite du blocage des négociations, blocage que l'intéressé est en train de brandir à tout bout de champ. Comme s'il voulait, ce faisant, conjurer le sort ou bien avoir Netanyahu à l'usure? Il semble s'acheminer vers une idée, présentée en marge du sommet de Syrte en Libye: demander à Washington de reconnaître un Etat palestinien. Ce qui pourrait faire espérer le prolongement du moratoire réclamé, le gel des activités de peuplement étant indispensable à la poursuite des négociations de paix. L'idée n'était pas pour déplaire aux membres de la Ligue Arabe. Mais l'on hésite. On verra cela dans une nouvelle réunion qui sera organisée le mois prochain, lui a-t-on signifié. En fait, il faut regarder les choses en face. A supposer qu'Obama soit favorable à l'idée, le camp républicain lui opposera un cinglant veto. Et même des personnalités de sa propre sphère n'y consentiraient pas. Sans parler de la frilosité des Européens qui ne manqueront pas de recommander aux Américains de temporiser. N'oublions pas que l'établissement à Washington d'un bureau de l'OLP pose problème. On le voit clairement: rayon conflit israélo-palestinien, on n'est pas encore sorti de l'auberge. Et le «génie» israélien de dresser des obstacles et de retarder toute éventualité de paix est loin d'être tari. Tel-Aviv, qui ne se sent lié par aucun accord ou même pré-accord, a encore toute latitude de phagocyter ce qui reste de la Palestine.