La Tunisie vit au rythme d'un véritable ballet diplomatique ponctué par des contacts avec les responsables occidentaux et européens notamment dans une conjoncture marquée par l'instabilité politique et la détérioration de la situation socio-économique auxquelles est venu s'ajouter le phénomène d'immigration clandestine.
La nouvelle Tunisie vit sa première crise diplomatique Le gouvernement de transition reste sous forte pression sociale et politique. La Tunisie libérée de la « dictature » de Ben Ali ferait fuir des milliers de Tunisiens vers l'Italie d'abord puis sans doute vers l'Europe.. En cinq jours, environ 5000 immigrants, pour la plupart Tunisiens, ont débarqué sur la petite île italienne de Lampedusa. La politique plus sévère de contrôle de l'immigration et les accords de réadmission conclus avec la Libye et la Tunisie ont porté leurs fruits ces dernières années. L'île de Lampedusa, qui avait vu arriver 20.655 clandestins il y a trois ans, n'en a plus reçu que 403 en 2010. L'incertitude économique et politique a poussé des milliers de Tunisiens à rejoindre les côtes européennes ces derniers jours. Alors que ce peuple a réussi courageusement à se défaire d'un dictateur, ce peuple doit se rendre compte que c'est avec un courage encore plus grand qu'il doit se sortir de la misère économique en travaillant en Tunisie, pas en allant concurrencer les travailleurs européens déjà en grande difficulté.
Polémique acerbe sur fond de vagues d'immigration sans précédent
Outre les réformes et la transition démocratique, après la chute du régime, les autorités tunisiennes doivent faire face au phénomène d'immigration clandestine avec le débarquement de milliers de Tunisiens sur l'île italienne de Lampedusa. Une série de concertations ont eu lieu entre de hauts responsables occidentaux et leurs homologues tunisiens portant sur les efforts à même de booster le processus des réformes politiques et économiques.
L'UE a ainsi examiné le phénomène actuel en vue de gérer une situation découlant de l'exode de près de 5000 émigrants tunisiens sur cette île. L'UE compte, selon des sources diplomatiques, agir sur deux fronts à travers le renforcement des moyens de l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures (Frontex) et la relance des conventions conclues avec la Tunisie.
Selon les observateurs, Rome compte opérer un déploiement militaire pour patrouiller au large de la Tunisie. Une idée qui a été jugée « inacceptable » par l'UE et « catégoriquement » rejetée par les autorités tunisiennes. Le ministre italien a cité « une aide logistique en termes d'équipement des forces de police, la mise à disposition de moyens importants, tant navals que terrestres pour le contrôle de la côte tunisienne ».
L'Union européenne accorde actuellement à la Tunisie entre 80 et 90 millions d'euros par an en aides non remboursables. La Banque européenne d'investissement (BEI) a octroyé en 2010 un prêt de 500 millions d'euros pour les infrastructures, rappelle-t-on. Aussi, l'UE, qui a déjà proposé une aide pratique pour l'organisation des élections présidentielle et législatives prévues dans six mois, envisage d'augmenter l'aide programmée en faveur de la Tunisie pour les trois années à venir dans le domaine économique.
Pour sa part, la France a exprimé son soutien aux réformes politiques et économiques en Tunisie et annoncé de ce fait son intention de participer à la conférence internationale sur ces réformes. A cet effet, le gouvernement français a décidé de dépêcher la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, en Tunisie pour proposer l'aide de la France pour l'organisation de cette conférence internationale et examiner les modalités du renforcement du partenariat économique. La France est le premier partenaire commercial, le premier investisseur (1.250 entreprises et 110.000 emplois), et le premier bailleur de fonds de la Tunisie.