Le reportage ELLE : « IL EST HORS DE QUESTION de venir après la bataille pour donner des leçons. Pas d'ingérence. Notre mission est d'écouter. ». Lui : « Vous avez soulevé des montagnes, nous sommes impressionnés, la France est à vos côtés ». Christine Lagarde et Laurent Wauquiez sont venus à Tunis, hier, exprimer leur « amitié », leur « soutien » et leur « admiration » au peuple tunisien et à sa Révolution. Il fallait au moins deux membres du gouvernement, dont un poids lourd, pour faire oublier les bourdes diplomatiques de Michèle Alliot-Marie avant la chute de Ben Ali. Et celle du nouvel ambassadeur de France par la suite. Le Franc-Comtois Boris Boillon, très discret hier, a accueilli la délégation française à l'aéroport de Carthage-Tunis aux côtés d'Elyès Jouini, ministre chargé des réformes économiques et sociales.
Face aux journalistes tunisiens, la ministre de l'Economie et des Finances et le ministre chargé des Affaires européennes auprès de la ministre des Affaires étrangères ont su trouver les mots justes pour espérer relancer les relations entre la France et la nouvelle Tunisie dont la « révolution fera jurisprudence », selon Christine Lagarde.
Mais c'est surtout sur le terrain économique que la reconquête des cœurs sera vraisemblablement menée : « La France maintiendra, augmentera et accélérera les investissements financiers », a déclaré Christine Lagarde à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre Mohamed Ghannouchi à la présidence, au Palais de Carthage. Tout en rappelant au passage que la France, « avec ses 1.250 entreprises implantées en Tunisie, ses 110.000 emplois et ses 1,4 million de touristes », est déjà le premier partenaire du pays. Un partenariat à double sens puisque la Tunisie est le 21e partenaire économique de l'Hexagone devant le Canada !
Plan Marshall pour la Tunisie Laurent Wauquiez a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre un « Plan Marshall ». « La Tunisie doit être la priorité de l'Europe et la France doit être le meilleur avocat de la Tunisie auprès de l'Union européenne ». Le ministre s'est dit « dans l'action et non dans le commentaire », tout en agitant la promesse de faire avancer le « statut avancé » du pays. Le voyage des deux ministres s'est poursuivi par la visite d'une société pharmaceutique (Pierre Fabre Médicament Tunisie) et par une réception en compagnie de la communauté d'affaires française en Tunisie à la Résidence de France de la Marsa.
Prochaine « étape » de la grande opération séduction selon l'agenda dévoilé par Christine Lagarde : la visite de Frédéric Lefebvre, secrétaire d'Etat chargé entre autres du Commerce, de l'Artisanat, des PME et du Tourisme suivie par celle de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Alors que les chancelleries allemande, britannique, turques ainsi que le sous-secrétaire d'Etat américain pour le Moyen-Orient se sont déjà rendus en Tunisie depuis la chute de Ben Ali, MAM était officiellement au Brésil hier. Les absents ont toujours tort.