D'après «Les Echos», paru le 1er Mars 2011, «Les défis économiques de la Tunisie, restent énormes». Son envoyée spéciale à Tunis: Marie-Christine CORBIER, s'est intéressée à la situation du pays, recensant les «feed- back», de la nomination de M. Essebsi, Premier ministre, considérant qu'à côté du chantier électoral, de lourds défis économiques et sociaux attendent le gouvernement de Caïd Essebsi. La révolution tunisienne a un nouveau visage. Béji Caïd Essebsi, ancien ministre de Habib Bourguiba, président de la Tunisie de 1957 à 1987 et père de l'indépendance. Le nouveau Premier ministre, qui succède à Mohamed Ghannouchi, saura-t-il répondre aux aspirations de ces jeunes qui ont fait tomber Ben Ali? «Leurs tentes étaient toujours plantées face aux bâtiments du Premier ministre, dans le centre de Tunis». Quant à l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), très influente dans le pays, elle a accueilli avec «surprise» la nomination de Caïd Essebsi. Plus positif, le Parti démocratique progressiste (PDP) a estimé que l'arrivée du nouveau Premier ministre «donnera un second souffle au processus qui doit amener les Tunisiens vers des élections libres et loyales». L'organisation des élections est le grand chantier à venir du nouveau gouvernement…
Multiplication des revendications Avant ces élections, le gouvernement de Caïd Essebsi devra d'abord réformer le Code électoral. D'autres chantiers économiques et sociaux attendent le pays. Les revendications sociales se multiplient dans les entreprises pour des hausses de salaires et des demandes de titularisation après des années de contrats précaires. «Les demandes sont énormes et légitimes pour beaucoup, admet Elyès Jouini, ministre en charge des Réformes économiques et sociales auprès de l'ex-Premier ministre Mohamed Ghannouchi et considéré comme numéro deux du gouvernement. En tant que gouvernement de transition, nous n'avons pas vocation à répondre à toutes les demandes, seulement aux urgences criantes». Des négociations salariales entre patrons et syndicats, branche par branche, doivent démarrer ce mois-ci ou le mois prochain -la date n'est pas fixée. La conférence de Carthage pour la reconstruction du pays se déroulera à la même période. L'économie tunisienne, fragilisée par la chute des recettes touristiques – de 7 à 8% du PIB du pays en temps normal –, se cherche des appuis, d'autant que le coût économique de la révolution est estimé à 4% de PIB, soit 5 milliards de dinars (2,58 milliards d'euros). «Nous avons besoin de nos partenaires économiques pour nous aider à relancer la machine, confiait y a quelques jours le ministre du Tourisme et du Commerce, Mehdi Houas. Les Etats-Unis paient 1 milliard de dollars par jour en Irak pour la démocratie. A titre de comparaison, nous avons besoin d'une semaine de contribution, soit 7 milliards de dollars d'échanges économiques, d'investissements, etc. La conférence de Carthage ne sera pas un Téléthon, mais l'invitation d'investisseurs européens, américains, asiatiques, africains ou latino-américains à construire une nouvelle démocratie en Tunisie».