Le roi Mohammed VI, et ce n'est pas la première fois, a dit son mot le 20 mai 2025 : pas de sacrifice rituel durant l'Aïd el Adha de cette année. Le souverain marocain a pris cette décision lourde pour préserver le cheptel en ces périodes de sécheresse – et donc de rareté accrue du bétail – et pour soulager les bourses des citoyens en ces temps d'inflation. L'appel du roi était censé clore définitivement cette affaire. C'était sans compter sur les petits malins, pour certains l'appel du méchoui a été plus fort… À quelques jours de la plus grande fête musulmane les points de vente de moutons fleurissent dans la région de Salé. Des opérations illégales, bien entendu, en vertu de la décision royale. Pour les circuits parallèles rien n'a changé sous le soleil marocain, "business as usual". Pourtant la mesure est censée s'appliquer sur toute l'étendue du territoire, avec toute la rigueur requise. À Salé on passe outre, les marchés informels fonctionnent, parfois ces activités ont lieu dans des fermes, à l'abri des regards indiscrets. Les clients inventent des événements familiaux – mariages, naissances… – pour contourner l'interdiction. Les autorités locales sont formelles : vendeurs et acheteurs se livrent à des infractions après les décisions prises par l'administration préfectorale pour la fête de l'Aïd. Des commissions de contrôle mixtes, composées de vétérinaires, de policiers et d'agents municipaux, ont été mobilisées pour identifier et casser ces circuits clandestins. Les services vétérinaires interviennent pour s'assurer de la conformité des élevages et bloquer toute transaction illicite durant l'Aïd el Adha. Les forces de l'ordre ont également reçu pour instruction de visiter les points suspects, notamment les faubourgs de Rabat, Salé et Témara… Mais voilà, il n'y aura jamais assez d'unités pour quadriller tous les points de vente parallèles. Les agents doivent donc se focaliser prioritairement sur les axes routiers, les marchés permanents et les endroits aménages pour accueillir la commercialisation du bétail. Là aussi le problème de l'effectif et de la logistique se pose, surtout quand il s'agit de couvrir toutes les zones rurales du pays. Il ne sera pas facile de convaincre les Marocains qui en ont les moyens de faire l'impasse sur le sacrifice rituel du mouton, c'est une affaire religieuse mais aussi éminemment culturelle et sociétale. Il en faudra beaucoup pour s'assurer que tous les sujets de Sa Majesté rentrent dans les rangs. Mais si les autorités parviennent à barrer la route à 80-90% des citoyens ce sera déjà une grande victoire.
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