Le social selling, ou vente sociale, s'impose comme une approche incontournable dans le paysage numérique mondial. En combinant relations humaines, influence digitale et contenus engageants, il transforme la manière de vendre et redéfinit les interactions entre marques et consommateurs. Dans un contexte tunisien marqué par l'essor rapide du commerce informel sur les réseaux sociaux, le social selling devient un levier stratégique que les entreprises formelles du e-commerce ne peuvent plus se permettre d'ignorer. Le social selling : une révolution silencieuse mais puissante Contrairement à la publicité classique ou aux appels à froid, le social selling repose sur la création de relations de confiance via les réseaux sociaux. Il mise sur la publication régulière de contenus utiles, l'écoute active des besoins des clients et l'activation du personal branding des commerciaux. L'objectif n'est pas simplement de vendre, mais de bâtir une présence crédible et influente dans les environnements numériques où les consommateurs passent de plus en plus de temps. Des performances mondiales qui ne laissent plus de place au doute Avec plus de 5,42 milliards d'utilisateurs des réseaux sociaux dans le monde en 2025, soit plus de 62 % de la population mondiale selon DataReportal, le potentiel du social selling est immense. Les entreprises qui y recourent constatent une augmentation de 45 % des opportunités commerciales et 61 % déclarent une hausse directe de leur chiffre d'affaires. Plus révélateur encore, les commerciaux qui maîtrisent cette méthode ont 51 % de chances supplémentaires d'atteindre leurs objectifs de vente, selon une étude de Spotio. La montée en puissance de la vidéo courte sur TikTok, Instagram ou YouTube, l'essor des micro-influenceurs et l'intégration du commerce directement dans les réseaux sociaux (social commerce) accélèrent encore cette mutation des usages. Un engouement massif en Tunisie... au profit du secteur informel La Tunisie n'échappe pas à cette tendance. D'après les données les plus récentes de NapoleonCat (mai 2025), Facebook compte plus de 8,84 millions d'utilisateurs actifs dans le pays, soit près de 71 % de la population. Instagram rassemble plus de 3,45 millions de comptes, Messenger 7,74 millions, et LinkedIn plus de 2,6 millions. Ces plateformes concentrent une grande partie de l'attention des consommateurs tunisiens, en particulier les 18-34 ans, qui constituent une cible privilégiée pour les marques. Mais cette dynamique a également profité aux vendeurs informels. De nombreux commerçants non déclarés opèrent directement sur ces réseaux, souvent sans structure juridique, ni système de facturation, ni garanties post-achat. Résultat : une concurrence déloyale pour les e-commerçants formels, mais aussi une baisse de confiance généralisée chez les consommateurs. Les défis à relever et les solutions concrètes à mettre en place En Tunisie, de nombreuses entreprises, y compris des acteurs du e-commerce formel, peinent encore à intégrer pleinement les leviers du social selling. Le premier frein réside dans une maturité digitale encore faible, notamment au sein des équipes commerciales et marketing. Beaucoup d'entre elles n'ont pas été formées aux fondamentaux du marketing digital relationnel, comme l'inbound marketing, qui consiste à attirer les clients grâce à du contenu utile et engageant, ou le personal branding, qui valorise les profils des commerciaux comme des figures de confiance sur les réseaux. L'analyse des données issues des interactions sociales reste également marginale. Peu d'entreprises tunisiennes exploitent les outils spécialisés tels que LinkedIn Sales Navigator, qui permet de repérer et d'entrer en contact avec des prospects qualifiés, ou les logiciels de CRM social et d'analytics qui permettent de suivre l'engagement et d'optimiser la performance commerciale. En l'absence de ces outils, il devient difficile de mesurer concrètement les retombées des actions menées, ce qui alimente une perception de risque et d'incertitude quant au retour sur investissement. Résultat : les décideurs hésitent à allouer du budget à ces approches pourtant prometteuses. Pour dépasser ces obstacles, un ensemble d'actions structurées s'impose. Il est essentiel de former les équipes commerciales et marketing aux bonnes pratiques du social selling : cela inclut la création de contenu stratégique, la maîtrise des interactions personnalisées, et la compréhension des algorithmes des plateformes sociales. Ces formations peuvent être réalisées en interne ou via des partenaires spécialisés. Il est aussi impératif d'investir dans des outils adaptés. Un CRM social permet, par exemple, de centraliser les échanges avec les clients issus des différents réseaux. Des outils d'automatisation peuvent aider à planifier et publier régulièrement du contenu, tandis que des solutions d'analyse permettent d'identifier les formats qui fonctionnent le mieux et d'ajuster la stratégie. Le contenu lui-même doit être contextualisé. Les clients tunisiens sont plus sensibles à des témoignages locaux, des études de cas proches de leur réalité ou des vidéos qui valorisent des produits, services ou valeurs ancrées dans leur quotidien. En valorisant les réussites tunisiennes, les marques créent une connexion émotionnelle et renforcent leur crédibilité. Enfin, une stratégie de social selling réussie repose aussi sur l'engagement des collaborateurs. En les encourageant à devenir des ambassadeurs de la marque, à publier du contenu, à interagir avec les clients et à partager leur expertise, l'entreprise augmente sa portée organique et humanise sa relation client. Une opportunité stratégique à saisir sans tarder Le social selling n'est plus une option secondaire mais un impératif stratégique pour les entreprises formelles du e-commerce en Tunisie. Il permet non seulement de reconquérir la confiance des consommateurs, mais aussi de construire une marque durable, crédible et différenciante face à la concurrence informelle. Celles qui sauront prendre ce virage dès maintenant seront les mieux positionnées pour capter la croissance digitale des prochaines années. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? 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