Dans une nouvelle escalade verbale, Donald Trump a laissé entendre que son administration pourrait envisager de retirer la nationalité américaine à deux personnalités naturalisées : le magnat de la tech Elon Musk et le candidat démocrate à la mairie de New York, Zahran Mamdani. Une déclaration provocatrice qui relance les débats juridiques sur les limites du pouvoir présidentiel en matière de nationalité. Des menaces ciblées, entre politique et symbolisme Lors d'une allocution et sur sa plateforme Truth Social, Trump s'est emporté contre Zahran Mamdani, accusé par l'administration d'être « anti-américain, socialiste, communiste » et proche d'idéologies radicales. Un élu républicain du Tennessee, Andy Ogles, a même adressé une demande formelle à la justice pour examiner un éventuel retrait de nationalité, citant des propos antérieurs de Mamdani jugés favorables à des personnes condamnées pour terrorisme. Dans un autre contexte, Trump a également attaqué Elon Musk, évoquant qu'en l'absence de subventions fédérales, il devrait « retourner en Afrique du Sud ». Une réaction à la perte annoncée des crédits d'impôts sur les véhicules électriques (jusqu'à 7.500 dollars) dans son plan budgétaire récemment approuvé au Sénat. Musk et Mamdani : des parcours de naturalisés * Zahran Mamdani, 33 ans, est né à Kampala (Ouganda) de parents d'origine indienne. Arrivé à New York à l'âge de 7 ans, il est devenu citoyen américain par naturalisation en 2018. * Elon Musk, né en 1971 à Pretoria (Afrique du Sud), a d'abord vécu au Canada avant de s'installer aux Etats-Unis en 1992. Il a acquis la nationalité américaine en 2002, selon la biographie publiée par Walter Isaacson. Musk a dû répondre en 2024 à des allégations selon lesquelles il aurait travaillé illégalement à ses débuts. Il a affirmé sur X (ex-Twitter) avoir utilisé une visa J-1, puis un visa H-1B, réfutant toute irrégularité. Le retrait de nationalité : un outil juridique très encadré La Constitution américaine et la jurisprudence de la Cour suprême limitent drastiquement les conditions dans lesquelles la citoyenneté peut être retirée. Selon le droit fédéral, seuls quelques cas bien précis peuvent aboutir à une dénaturalisation : * Obtention de la nationalité par fraude ou fausse déclaration. * Adhésion à une organisation ennemie ou acte de trahison. * Crimes graves comme le terrorisme ou les crimes de guerre. * Engagement volontaire dans l'armée d'un pays hostile ou exercice d'un mandat dans un gouvernement étranger. Dans les faits, les experts jugent hautement improbable une révocation de la citoyenneté pour Musk ou Mamdani, sauf preuve formelle de mensonge dans leurs dossiers de naturalisation. Précédents historiques : de la guerre froide aux cas emblématiques Le retrait de nationalité n'est pas inédit aux Etats-Unis, mais il reste rarissime. Il a connu son apogée au XXe siècle, notamment pendant les périodes de « panique rouge » (1917–1920 et 1947–1957), où les craintes liées au communisme étaient vives. Parmi les cas célèbres : * Emma Goldman, militante anarchiste, a été déchue de sa nationalité en 1919 et expulsée vers l'Union soviétique. * Paul Knauer, accusé de liens avec une organisation nazie, a perdu sa nationalité en 1946. * En 1967, la Cour suprême a posé une limite majeure en décidant que la nationalité ne pouvait être retirée qu'avec le consentement du citoyen, ou en cas de fraude manifeste. Une stratégie de populisme risquée ? La virulence de Trump à l'encontre de Mamdani et Musk semble s'inscrire dans une tactique populiste. Face aux critiques sur son plan économique, il réactive les thèmes identitaires et migratoires chers à sa base MAGA. Mais cette posture pourrait se heurter à la réalité juridique : sans preuve solide, la menace de retrait de nationalité reste plus politique que légale. Mamdani a d'ailleurs réagi avec fermeté sur X, dénonçant une tentative d'intimidation et rappelant qu'il n'a enfreint aucune loi. Ainsi, si la rhétorique de Donald Trump frappe fort, les fondements juridiques pour retirer la nationalité à Elon Musk ou Zahran Mamdani sont extrêmement fragiles. Ces attaques révèlent surtout les fractures idéologiques croissantes au sein des Etats-Unis, à la veille d'un nouveau cycle électoral tendu. Les prochaines semaines diront si cette stratégie de confrontation trouve un écho... ou se retourne contre son auteur. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!