Les relations entre Paris et Alger connaissent un nouvel épisode de crispation diplomatique. Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a une nouvelle fois mis l'Algérie dans son viseur, accusant ouvertement le consulat algérien de Toulouse de délivrer « des centaines de passeports à des clandestins ». Des propos tenus dans un entretien publié vendredi 18 juillet 2025 dans Le Figaro. Retailleau, qui n'en est pas à sa première sortie médiatique sur le sujet, menace désormais de ne plus reconnaître ces documents dans le cadre de l'attribution de titres de séjour. Il s'agit selon lui d'une violation directe des accords bilatéraux encadrant l'expulsion des ressortissants en situation irrégulière. Des accusations lourdes contre le consulat d'Algérie Selon le ministre, les pratiques du consulat de Toulouse enfreignent les principes de réciprocité entre les deux Etats. Il affirme que ces passeports auraient été délivrés sans vérification rigoureuse, facilitant ainsi la régularisation de personnes en situation illégale sur le sol français. Face à cela, Retailleau annonce qu'il donnera « des instructions pour ne pas reconnaître ces documents » dans les procédures administratives. Cette déclaration intervient dans un climat déjà tendu, marqué par le faible taux d'exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) concernant les ressortissants algériens. Une réponse musclée envisagée contre la « nomenklatura » algérienne Au-delà du volet consulaire, Bruno Retailleau entend aussi viser directement ce qu'il qualifie de « nomenclature algérienne » qu'il accuse de profiter du territoire français tout en « dénigrant la France ». Il évoque des mesures restrictives pour bloquer leur entrée, leur installation ou leur circulation, y compris via une action coordonnée à l'échelle européenne. Il propose en urgence de geler la négociation actuelle sur l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie, en affirmant que cet accord serait davantage profitable à Alger, notamment en matière de tarifs douaniers. Vers une remise en cause des accords de 1968 ? Retailleau a aussi réitéré sa volonté de rompre avec les accords franco-algériens de 1968, qui selon lui, octroient des avantages excessifs aux ressortissants algériens en matière de séjour et de travail en France. Il qualifie ces textes d'« obsolètes » et contraires aux nouvelles réalités géopolitiques et migratoires. Le ministre souhaite que la France « mette fin à ces accords avant la fin du quinquennat », sans exclure un report de cette sortie après la prochaine présidentielle, si les tensions ne s'apaisent pas. Un contexte diplomatique sous tension Ces déclarations ne manqueront pas de raviver les tensions avec Alger, qui considère ces accusations comme infondées et rappelle que ses représentations consulaires suivent des procédures strictes de vérification avant toute délivrance de documents. En 2024 déjà, plusieurs désaccords avaient éclaté sur les sujets migratoires et sécuritaires entre les deux capitales. En attendant une réaction officielle de la diplomatie algérienne, cette nouvelle sortie de Bruno Retailleau augure d'une possible dégradation durable des relations bilatérales, alors que les enjeux migratoires et géostratégiques restent plus que jamais d'actualité. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!