Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a réagi de manière ferme aux attaques menées en France contre l'accord franco-algérien de décembre 1968. Cet accord, qui régit l'immigration algérienne en France, est devenu le centre d'une vive polémique ces derniers mois. Dans un entretien accordé à des médias algériens, Tebboune a qualifié cet accord d'« épouvantail » utilisé par l'extrême droite française. Un « épouvantail » pour l'extrême droite Selon le président algérien, l'accord de 1968 sert d'« étendard » à « l'armée des extrémistes ». Depuis plus d'un an, cet accord est devenu la cible des critiques de la droite et de l'extrême droite en France. La campagne pour son abrogation a été lancée par Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie. Plusieurs voix à droite, dont des personnalités politiques du parti Les Républicains, ont appelé le président français Emmanuel Macron à abroger cet accord, même si cela doit provoquer un incident diplomatique ou une rupture des relations avec l'Algérie. Vers une renégociation de l'accord ? Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur français issu du parti Les Républicains, s'est montré favorable à l'abrogation de l'accord, qu'il considère « trop favorable à l'Algérie et très défavorable à la France ». Il a également exprimé la volonté du gouvernement français de renégocier cet accord afin de le réadapter aux réalités actuelles. Outre la question de l'accord de 1968, la France souhaite également revoir les modalités de délivrance des laissez-passer consulaires pour le rapatriement des ressortissants algériens faisant l'objet d'une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Le gouvernement français estime que l'Algérie ne délivre pas suffisamment de ces laissez-passer et a envisagé une réduction drastique des visas accordés aux citoyens algériens pour exercer une pression. Explication de l'origine des tensions autour des laissez-passer Le "laissez-passer consulaire" est un document délivré par les autorités consulaires d'un pays à un ressortissant de ce pays pour faciliter son retour. Dans le contexte de l'immigration, il sert de preuve de nationalité lorsqu'une personne doit être expulsée ou rapatriée vers son pays d'origine, en l'absence d'autres documents d'identité valides (comme un passeport). Dans le contexte actuel, il est question de la demande de la France à l'Algérie de délivrer ces "laissez-passer consulaires" pour les ressortissants algériens en situation irrégulière ou sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Cependant, l'Algérie est accusée par la France de ne pas délivrer suffisamment de ces documents, ce qui bloque le processus de rapatriement des personnes concernées. La délivrance de ces laissez-passer est donc un point de tension entre les deux pays, la France souhaitant obtenir la coopération de l'Algérie pour les expulsions, et l'Algérie ayant ses propres considérations et politiques en matière de rapatriement. Vers une nouvelle crise des visas ? Les tensions actuelles rappellent la crise des visas de septembre 2021, lorsque la France avait décidé de réduire drastiquement le nombre de visas accordés aux ressortissants maghrébins pour les mêmes raisons liées au rapatriement des migrants clandestins. Bien que cette crise se soit officiellement achevée en décembre 2022, l'obtention d'un visa pour la France reste difficile pour les citoyens des pays du Maghreb. Le refus de l'Algérie C'est la deuxième fois que le président Tebboune s'exprime publiquement sur l'accord de 1968. Déjà en décembre 2022, lors d'un entretien avec Le Figaro, il avait fait part du refus de l'Algérie de l'abroger. Cette nouvelle prise de position s'inscrit dans un contexte de relations tendues entre la France et l'Algérie, alimentées par des désaccords sur la question migratoire. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!