Le président américain Donald Trump a signé, jeudi 31 juillet 2025, un décret imposant une hausse généralisée des droits de douane pour des dizaines de pays dans le monde. Ces surtaxes, qui entreront en vigueur à partir du 7 août, s'échelonnent entre 10 % et 50 %, selon le degré de coopération commerciale ou politique avec les Etats-Unis. L'administration justifie ce délai d'une semaine par la nécessité de laisser aux douanes le temps de s'organiser. Dans la ligne de mire : des pays tels que la Suisse (39 %), la Serbie (35 %), l'Afrique du Sud (30 %), ou encore la Syrie (41 %). Une taxation de 15 % est imposée à des puissances industrielles comme l'Union européenne, le Japon ou la Corée du Sud, jugées responsables d'un déséquilibre commercial défavorable à Washington. Ces nouvelles mesures s'inscrivent dans une logique de politique économique protectionniste que Donald Trump défend avec constance depuis son premier mandat. Un traitement différencié selon les intérêts géopolitiques Si la plupart des pays subissent une hausse douanière uniforme, le Mexique bénéficie d'un sursis de 90 jours. Les droits de 25 % déjà en place sont simplement prolongés. À l'inverse, le Canada se voit lourdement sanctionné, avec une hausse à 35 % sur certains produits hors accord ACEUM (Accord Canada–Etats-Unis–Mexique). La Maison-Blanche justifie cette mesure par l'« échec canadien à contenir le trafic de fentanyl » et les représailles commerciales d'Ottawa. Le Brésil est frappé par une taxe punitive de 50 %, dans un contexte tendu entre les deux pays. Le décret cite clairement les poursuites judiciaires engagées contre l'ex-président Jair Bolsonaro, proche allié de Trump, comme facteur déclencheur. L'Inde, quant à elle, fait les frais de ses achats de pétrole russe et subira une surtaxe de 25 %, majorée par une « pénalité énergétique ». Les entreprises dans l'incertitude, les économies sous pression Ces mesures provoquent l'inquiétude croissante des entreprises exportant vers les Etats-Unis. « On ne sait pas quelle sera la gravité de l'impact mais il ne sera pas positif, c'est sûr », confie Laubscher Coetzee, éleveur sud-africain d'autruches, dont la production alimente les marques de luxe texanes. Le groupe Apple a déjà chiffré à 1,1 milliard d'euros le surcoût induit par ces droits de douane sur le seul trimestre en cours. Les économistes redoutent une hausse des prix à la consommation, qui pourrait alimenter une inflation déjà observée à 2,6 % en juin, tout en ralentissant la croissance. Ces nouvelles taxes interviennent dans un contexte de fort endettement public américain, que Donald Trump cherche à compenser par des recettes douanières. Une bataille judiciaire à haut risque Parallèlement à ces annonces économiques, une Cour d'appel fédérale à Washington a entamé l'examen d'un recours contestant la légalité de ces décisions. Les plaignants – des PME américaines et une dizaine d'Etats – dénoncent un détournement du pouvoir exécutif, arguant que Trump outrepasse les prérogatives constitutionnelles du Congrès en matière fiscale. L'un des avocats dénonce « un accaparement de pouvoir sans précédent en 200 ans », tandis que la Maison-Blanche a promis de porter l'affaire devant la Cour suprême si la décision s'avère défavorable. Ainsi, à une semaine de l'entrée en vigueur de ces taxes historiques, les tensions commerciales s'intensifient, et l'administration Trump affiche une volonté assumée de remodeler les rapports commerciaux internationaux. Mais entre impératifs électoraux, contentieux diplomatiques et risques économiques, cette nouvelle vague protectionniste risque bien de redessiner l'équilibre global – à commencer par celui des Etats-Unis eux-mêmes. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!