L'Algérie franchit un pas décisif vers la modernisation de son système financier. Dans le cadre d'une réponse adressée à un député, le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzerd, a dévoilé une stratégie nationale en cinq axes visant à réduire l'utilisation de l'argent liquide dans les transactions commerciales et à encourager l'usage généralisé des moyens de paiement électroniques. Cette démarche s'inscrit dans une volonté claire des pouvoirs publics de lutter contre l'économie informelle, renforcer la transparence financière et favoriser l'inclusion économique de tous les citoyens, à travers un arsenal de mesures techniques, législatives et éducatives. Cinq axes stratégiques pour un changement de paradigme Le ministre a précisé que cette feuille de route s'articule autour de cinq grands piliers : * L'adaptation du cadre réglementaire relatif aux paiements électroniques * La modernisation des infrastructures de paiement * Le développement de technologies de paiement innovantes * La numérisation des flux de paiement dans les secteurs public et privé * La promotion d'une culture financière favorable au numérique Réformer la législation pour accompagner la transition Premier chantier : le cadre réglementaire. Selon Abdelkrim Bouzerd, il s'agit d'une « étape indispensable » pour permettre l'intégration de nouvelles technologies et l'ouverture aux prestataires de services de paiement (PSP) et aux banques numériques. La priorité est donnée à la sécurité des transactions et à la protection contre les cybermenaces, en conformité avec les standards internationaux. Infrastructures modernes et cybersécurité au cœur du dispositif Le deuxième axe concerne la modernisation de l'infrastructure de paiement électronique. Trois datacenters sont en cours de mise en place pour garantir la résilience et l'interopérabilité du système. Le ministre insiste sur l'importance d'investir dans la cybersécurité et la formation continue des professionnels, tout en soulignant le rôle clé du Mobile Switch, déjà lancé pour faciliter les transactions via mobile. Innover pour mieux payer Le plan prévoit également le déploiement de technologies innovantes, comme les cartes sans contact, les cartes virtuelles, ou encore les paiements par QR code. Ces outils doivent permettre de contourner la pénurie de terminaux de paiement (TPE) dans certains secteurs et faciliter l'accès du plus grand nombre aux services financiers modernes. L'Etat donne l'exemple : numériser les paiements publics La numérisation des flux de paiement s'appliquera aussi bien au secteur public qu'au secteur privé. Il est désormais obligatoire pour les supermarchés et supérettes d'installer des moyens de paiement électronique. L'Etat, de son côté, devra adopter les paiements électroniques pour les factures, impôts et taxes, dans un souci de transparence et d'efficacité. Des incitations fiscales (réductions de TVA, exonérations) sont également prévues pour les commerçants et les consommateurs afin d'accélérer l'adoption des paiements digitaux. Sensibiliser pour convaincre L'un des volets majeurs du plan est la vulgarisation de la culture financière numérique. Des campagnes de sensibilisation gratuites seront diffusées à la télévision, à la radio et sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, des formations à l'usage des TPE seront organisées à l'intention des commerçants, accompagnées d'enquêtes d'opinion et d'ateliers de retour d'expérience. Déjà 21 mesures mises en œuvre sur 49 Le ministre a révélé que sur les 49 mesures inscrites dans la première feuille de route, 21 ont déjà été mises en œuvre. Une nouvelle version du plan est actuellement en préparation, intégrant les mesures encore en attente et de nouvelles priorités. Un parc bancaire en pleine expansion Les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 20 millions de cartes bancaires sont en circulation en Algérie fin avril 2025, dont 16,2 millions de cartes Dahabia et plus de 4,3 millions de cartes interbancaires CIB. Le pays compte également 4 577 distributeurs automatiques (DAB) et 77 576 terminaux de paiement électronique (TPE). En 2024, plus de 197 millions de transactions ont été effectuées via DAB, pour un montant dépassant les 3 691 milliards de dinars, et près de 5,6 millions de transactions via TPE, pour une valeur totale de 44,5 milliards de dinars. Vers une Algérie sans cash ? Avec cette stratégie ambitieuse, le gouvernement algérien espère réduire fortement la circulation du cash, canaliser les flux financiers informels et placer le pays sur la voie d'un écosystème digital moderne et inclusif. Un pari audacieux, mais nécessaire dans un monde de plus en plus tourné vers la transparence et la technologie. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!