Le tourisme est l'un des moteurs de l'économie marocaine, alors quand il cale l'angoisse est nationale. Le 24 juillet dernier on vous exposait les états d'âme des Marocains résidant à l'étranger (MRE), qui boudent les vacances au pays pour des raisons objectives, les dernières données sur le secteur sont encore plus inquiétantes. Après un bon démarrage cette année le tourisme marocain patine et montre des signes d'essoufflement. C'est le journal Hespress qui le dit, en reprenant les données officielles. Les chiffres étaient sur une belle lancée, jusqu'à +27% en avril 2025 ; puis c'est la dégringolade, à peine +6% en juillet dernier. Les indicateurs du secteur ont dévissé par rapport à l'embellie de janvier (+27%) et février (+22%) 2025. Il y a péril en la demeure, c'est carrément le modèle touristique du royaume qui est questionné. En mars 2025 on pouvait encore arguer que le ralentissement (+17%) était du à la léthargie du mois saint du Ramadan, mais l'argumentaire n'opère plus vu que la baisse s'accentue depuis avril de cette année. De toute évidence le tourisme marocain, que les pays voisins regardaient avec des yeux de Chimène, montre des signes de fatigue. Une nouvelle stratégie nationale s'impose vu le poids des recettes touristiques dans l'économie du pays. Face à ces problèmes conjoncturels Zoubir Bouhout, expert en tourisme, ne cache pas son inquiétude ; il n'hésite pas à parler de «recul touristique», notamment à Saïdia en juillet dernier, alors que la période est censée être le pic de la saison estivale. L'expert souligne qu'en dépit du débarquement de quelque 1,52 million de MRE depuis le 10 juillet 2025, une hausse de 13% par rapport à 2024, on n'est pas au niveau de la fréquentation escomptée dans les villes côtières telles que Saïdia. Cette déconvenue «soulève de véritables questions sur la performance de la plateforme touristique locale, la promotion, la communication et la manière de traiter les touristes». Une des causes de la désaffection est le tarif exorbitant de l'hébergement, la même explication avancée par les Marocains à l'étranger le mois dernier. Des hôtels 4 étoiles pratiquant des prix prohibitifs ont été dénoncés par les visiteurs. Cette montée des prix que rien ne justifie, pas même de meilleures prestations, pousse les touristes, même ceux qui sont très attachés à leur patrie, à se rabattre sur d'autres destinations moins budgétivores. M. Bouhout met en garde contre les «graves répercussions sur l'emploi et la stabilité économique de la région orientale» si cette situation s'inscrit dans la durée. Il demande aux autorités locales et centrales d'agir de toute urgence. L'expert met les régions face à leurs responsabilités, en vertu des pouvoirs que leur donne la feuille de route nationale du tourisme dans la promotion du secteur… Les présidents de région et les « walis » (gouverneurs) ont toute latitude pour remettre de l'ordre dans les politiques tarifaires et pour obliger les opérateurs à rentrer dans les rangs. L'expert admet toutefois que les vidéos qui enflamment sur les réseaux sociaux ne peuvent pas rendre compte de tous les problèmes, mais elles «révèlent de réelles lacunes qui doivent être écoutées». Il invite l'Office National Marocain du Tourisme (ONMT) et le ministère du Tourisme à diligenter des investigations et à jauger le rendement de leurs responsables installés dans la région. C'est la seule voie pour cerner les causes de l'inquiétante glissade d'un secteur vital pour l'économie nationale en plus d'être la vitrine du royaume. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!