La militante vénézuélienne María Corina Machado a remporté, jeudi, le prix Nobel de la paix 2025, une distinction aussi inattendue que controversée. Connue pour son opposition farouche au président Nicolás Maduro et sa proximité avec les milieux conservateurs américains et israéliens, elle a été saluée par le Comité Nobel norvégien pour « son engagement courageux en faveur des droits démocratiques et d'une transition pacifique vers la démocratie au Venezuela ». « Je suis sous le choc... Je n'arrive pas à y croire », a réagi Machado à l'annonce de son prix, selon des médias vénézuéliens. Une opposante de longue date au régime de Maduro Née à Caracas le 7 octobre 1967, María Corina Machado est diplômée en ingénierie industrielle et titulaire d'un master en finance. Elle a débuté sa carrière politique en 2002, en cofondant le groupe de surveillance électorale Súmate, avant de devenir députée à l'Assemblée nationale entre 2011 et 2014. Candidate à la présidentielle de 2012, puis figure de proue des manifestations de 2014, elle a été interdite de candidature pendant 15 ans par le contrôleur général du Venezuela, une sanction confirmée par la Cour suprême en 2024. Depuis, la plupart de ses conseillers ont été arrêtés ou contraints à l'exil, tandis qu'elle-même a déclaré vivre dans la clandestinité « par crainte pour sa vie ». Le soutien américain et le sceau de Washington Machado bénéficie depuis plusieurs années du soutien politique et financier de Washington. Sous la présidence de Donald Trump, les Etats-Unis avaient offert une récompense de 50 millions de dollars pour toute information menant à l'arrestation de Maduro, accusé de trafic de drogue. En 2024, Trump avait réaffirmé son appui à Machado et au chef de l'opposition Edmundo González, reconnu par Washington comme président légitime du Venezuela après le scrutin contesté de juillet. « Les défenseurs de la liberté comme María Corina Machado ne doivent pas être menacés », avait écrit Trump sur ses réseaux sociaux. Plusieurs élus républicains, notamment de Floride, ont également soutenu sa candidature au Nobel, louant sa « détermination et son leadership démocratique ». Des liens étroits avec Israël et la droite internationale Le parcours de María Corina Machado dépasse la scène vénézuélienne. Son parti Vente Venezuela a signé en 2020 un accord de coopération politique avec le Likoud de Benyamin Netanyahou, visant à renforcer les relations entre Caracas et Tel-Aviv, rompues depuis 2009 sous Hugo Chávez. Machado a décrit Israël comme un allié stratégique contre les "forces qui menacent la liberté mondiale", citant explicitement l'Iran parmi ces menaces. Cette orientation pro-israélienne et ses affinités avec les partis populistes de droite européens ont toutefois soulevé des critiques, certains observateurs dénonçant un glissement idéologique vers l'extrême droite et des discours empreints d'islamophobie. Une vision libérale de l'économie Sur le plan économique, la lauréate du Nobel plaide pour une refonte libérale du modèle vénézuélien : privatisation des entreprises publiques, ouverture au marché mondial et programmes sociaux ciblés pour les plus démunis. Elle affirme vouloir « reconstruire le Venezuela sur la liberté économique et la responsabilité individuelle ». Un Nobel entre admiration et controverse L'attribution du prix Nobel de la paix à María Corina Machado a provoqué une vague de réactions contrastées. Ses partisans saluent le courage d'une femme ayant défié la répression d'un régime autoritaire, tandis que ses détracteurs dénoncent un choix politique, aligné sur les intérêts occidentaux et américains. Fait notable : la non-sélection de Donald Trump, pressenti un temps pour le prix, a alimenté un débat animé sur les réseaux sociaux, éclipsant partiellement la nouvelle de la victoire de Machado. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!